(Los Angeles) Parmi les résignés ou déçus, non concernés par la reprise de la saison, il y a un grand malheureux, Vince Carter, formidable fournisseur de spectacle made-in-NBA sur quatre décennies, qui n’aura pu aller au bout de sa tournée d’adieux pourtant méritée.

Avec la retraite désormais actée de Carter, les Hawks d'Atlanta faisant partie des huit équipes qui n’iront pas finir le championnat le 31 juillet à Disney World, c’est une page de la ligue qui se tourne.  

En l’occurrence celle des années 2000, certes dominées par les Lakers du duo Bryant/O’Neal et par les Spurs du trio Duncan/Parker/Ginobili, mais dont « Vinsanity » fut un des plus flamboyants ambassadeurs, avant de faire montre d’une longévité remarquable.

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Vince Carter, des Hawks d'Atlanta,, cherchant un espace où envoyer le ballon face à Terence Davis, des Raptors de Toronto, le 28 janvier 2020 à Toronto.

Carter n’aura certes jamais gagné sa bague du championnat en 22 saisons, il ne s’en sera même pas approché, que ce soit avec Toronto, New Jersey, Orlando, Phoenix, Dallas, Memphis, Sacramento et Atlanta.

Impact durable au Canada

Mais il laisse derrière lui des dunks fous qui ont contribué à agrandir la popularité de la NBA dans le monde entier, notamment au Canada où il a eu un énorme impact sur la culture basket, plaçant Toronto sur la carte de la NBA grâce à ses exploits aériens aux premières heures des Raptors.

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Vince Carter faisant un dunk lors d'un match éliminatoire entre les Raptors de Toronto et les 76ers de Philadelphie le 18 mai 2001 à Toronto. Carter a eu un énorme impact sur la culture basket au Canada, plaçant Toronto sur la carte de la NBA grâce à ses exploits aériens aux premières heures des Raptors.

Une trace indélébile, qui a d’ailleurs fait l’objet d’un documentaire « The Carter Effect » en 2017, produit par LeBron James, où le phénomène était décortiqué par de nombreuses personnalités, de l’ancienne gloire canadienne Steve Nash à la star du rap Drake.  

« Et si Carter n’avait jamais joué pour les Raptors ? », se demandait même ce dernier en toute fin de film, induisant que leur sort aurait pu être le même que celui des Grizzlies, restés six ans seulement à Vancouver (1995-2001), loin de savoir que son équipe favorite deviendrait championne NBA deux ans plus tard.

S’il n’a évidemment pas participé à cette glorieuse campagne, Carter pourrait néanmoins être le premier à avoir son maillot à Toronto, où les fans l’ont tôt surnommé « Air Canada » pour ses impressionnantes envolées vers le panier.

Son grand soir eu d’ailleurs lieu en février 2000 où il étourdit le monde du basket avec un concours de dunk parfait au match des étoiles, resté dans l’histoire comme un des plus beaux de l’histoire, au même titre que la démonstration faite par Michael Jordan, survolant celui de 1988.

Quelques mois plus tard, son fameux « dunk de la mort » écrasé sur le Français Frédéric Weiss, mesurant pourtant vingt centimètres de plus, en match de groupe des Jeux de Sydney, fit le tour du monde. Désigné nouvelle terreur américaine, il décrochera quelques jours plus tard l’or olympique 

De Jordan à Zion

Ce sera son seul titre notable. Individuellement, en revanche, les distinctions n’ont pas manqué : parmi lesquelles 8 sélections au All-Star Game, trophée de la recrue de l’année, et une 6e place au rang des meilleurs marqueurs à 3 points en carrière, qui prouve à quel point, loin d’être un forçat du dunk, il a su réinventer son jeu.

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Vince Carter.

Enfin, Vince Carter c’est aussi une personnalité qui a été capable de remiser son égo dans ses sneakers, en laissant par exemple à Michael Jordan sa place dans le cinq majeur de la Conférence Est, pour son dernier match des étoiles, malgré le vote des fans.  

A ce titre, il est le celui qui aura donc joué, entre 1998 et 2020, soit sur quatre décennies, fait unique, à la fois contre le meilleur basketteur de tous les temps et contre la future grande star de la ligue Zion Williamson, sans oublier des géants comme Kobe Bryant et LeBron James.  

Ce voyage de 22 ans « représente plus ou moins toute ma vie d’adulte, donc ce n’est pas si facile pour moi de dire que c’est fini, et de partir. J’ai accompli beaucoup de choses, j’ai aimé jouer. Et c’est pour ça que je joue, parce que j’aime ça. Je ne suis pas en quête d’une bague, ce n’est pas une question d’argent, même s’il y en a beaucoup de nos jours. C’est juste pour l’amour du jeu », a-t-il récemment confié.

« C’était bien le basket.  J’ai adoré chaque moment, les bons et les mauvais. »