(Los Angeles) Il était un des meilleurs entraîneurs de la NBA à n’avoir jamais gagné de titre : Jerry Sloan, qui a mené Utah Jazz a deux finales perdues en 1997 et 1998 face aux Bulls de Michael Jordan, est mort vendredi à 78 ans.

Jerry Sloan, qui fut à la tête de l’équipe évoluant à Salt Lake City pendant 23 ans, est décédé de complications liées à la maladie de Parkinson et à la démence à corps de Lewy qui lui faisait perdre progressivement la mémoire et ses facultés d’analyse.

« Comme John Stockton et Karl Malone en tant que joueurs, Jerry Sloan a incarné le club. Il nous manquera beaucoup. Il sera toujours synonyme du Utah Jazz. Nous présentons nos sincères condoléances à sa femme, Tammy, à toute la famille Sloan et à tous ceux qui l’ont connu et aimé », a indiqué le Jazz.

« Nous sommes tellement reconnaissants pour ce qu’il a accompli ici et pour les décennies de dévouement, de loyauté et de ténacité dont il a fait preuve au sein notre franchise », poursuit le communiqué.

Avec la mort de Sloan, c’est une longue page de l’histoire du Jazz qui se tourne, probablement la plus glorieuse à défaut d’avoir été victorieuse. Car si de l’avis de beaucoup, le collectif impressionnant du Jazz, qu’il avait bâti autour du prolifique duo Karl Malone/John Stockton, aurait pu à l’époque le récompenser d’une bague, les années 1990 étaient bien celles de Jordan et des Bulls.

« Vieille école »

« Jerry était de la vieille école et son style de jeu rétro se traduisait parfaitement dans les années 90. Il était toujours plein de fougue, mettait ses joueurs au défi. Allez au panier ! Cherchez les balles perdues ! Laissez tout sur le parquet ! J’ai tout aimé de lui », a réagi sur Twitter l’ancien Bulls Scottie Pippen, qui joua sous ses ordres quand celui-ci était entraineur-adjoint de la 2e Dream Team aux JO-1996.

Ironie du sort, c’est à Chicago que tout commença dans le basket professionnel, pour le natif de McLeansboro en Illinois.

D’abord en tant que joueur de Bulls tout juste créés en 1966. L’arrière y joue pendant dix ans, se forgeant une réputation de défenseur rugueux — il fut nommé six fois dans le meilleur cinq défensif — qui ne l’empêche pas d’être sélectionné deux fois au All-Star Game.

PHOTO D’ARCHIVES DAVE PICKOFF, AP

Jerry Sloan (4) luttant pour un rebond avec Dick Barnett (12), des Knicks de New York le 16 octobre 1968.

Il y démarre ensuite sa carrière de coach. Une expérience de moins de trois saisons (1979-1982) qui ne l’empêche pas d’avoir son maillot floqué du numéro 4 retiré en 1978, le premier pour la franchise, bien avant Jordan et Pippen.

Record de fautes techniques

« Jerry Sloan était “The Original Bull” (le Premier Bull). Sa défense tenace et son énergie chaque soir sur le parquet représentaient la franchise et incarnaient la ville de Chicago », lui a rendu hommage le propriétaire de la franchise Jerry Reinsdorf.

Sloan a ensuite définitivement posé ses valises à Utah en 1988, prenant la tête d’une équipe qu’il mena vingt fois aux séries éliminatoires dont quinze saisons d’affilée, sans jamais pourtant être récompensé du trophée de meilleur entraîneur de la ligue.

Peut-être paya-t-il là ses 413 fautes techniques, record inégalé en NBA ? Car si le travail et la perfection du collectif obsédaient cet homme à la dureté bien connue, sa propension à vociférer sur les arbitres ne le quitta jamais.

À sa retraite en 2011, deux ans après son intronisation au Hall of Fame, il présentait le quatrième bilan de l’histoire de la NBA avec 1221 victoires derrière Gregg Popovich (1272, toujours en activité avec San Antonio), Lenny Wilkens (1332) et Don Nelson (1335).

« Il était l’un de ces entraîneurs emblématiques qui était un merveilleux exemple de cohérence, de ténacité mentale et physique, exigeant, mais juste », a résumé Gregg Popovich. « Et nous avons fait de notre mieux pour essayer d’imiter tout cela, car c’était assez impressionnant et assez réussi de la part d’un formidable entraîneur et d’un être humain encore meilleur. »