Apprendre. Apprendre beaucoup. Apprendre vite.

Pas besoin de chercher bien loin pour trouver le mot qui résume le mieux la première apparition médiatique du Montréalais Karim Mané depuis qu’il a signé un contrat avec le Magic d’Orlando, dans la NBA.

Le basketteur de 20 ans l’a en effet prononcé à pas moins de sept reprises, en français comme en anglais, au cours d’un point de presse éclair dicté par son débit essoufflant.

Le fait est que Mané n’a pas beaucoup de temps pour montrer à ses nouveaux patrons ce dont il est capable.

À peine trois semaines se sont écoulées depuis qu’a eu lieu le repêchage de la NBA, au cours duquel il a été ignoré par les 30 équipes du circuit. Ce n’était pas vraiment une surprise pour lui, car il avait déjà une entente verbale avec le Magic.

N’empêche, trois jours plus tard, il faisait ses bagages pour Orlando. Le camp d’entraînement de l’équipe s’est amorcé la semaine dernière. Le premier match présaison aura lieu vendredi. Et la saison s’amorcera pour de bon le 22 décembre.

PHOTO FOURNIE PAR LE MAGIC D’ORLANDO

Karim Mané

« Le plus grand défi, c’est d’apprendre dans la très courte période de temps dont on dispose », a dit Mané aux membres des médias, mercredi après-midi.

« À cause de la COVID-19, il n’y a pas eu de vraie saison morte ni de ligue d’été. Je dois avant tout m’habituer à la vitesse à laquelle la game se joue à ce niveau. Après, ça va être correct. »

« Je veux m’améliorer dans tout ce que je fais », s’est-il fixé comme ambitieux objectif à court terme. Il dresse la liste : son rythme, sa prise de décision, son tir. « Rester agressif, mais efficace », résume-t-il. Tout simplement veut-il « devenir 1 % meilleur chaque jour ».

« Pour qu’à la fin de la saison, je sois un joueur différent, le joueur que je veux être. »

À en croire Steve Clifford, entraîneur du Magic, ce ne sont pas des paroles en l’air.

Accéder à la NBA « est un gros ajustement », a d’abord averti Clifford, avant de décrire Karim Mané comme « un travailleur phénoménal, très brillant, qui amène un haut niveau d’énergie sur le terrain ».

« Les premières semaines sont dures pour tous les jeunes joueurs, mais il fait un très bon travail », a-t-il précisé.

Surprenant parcours

Impossible de parler de Karim Mané sans rappeler son parcours hors du commun.

Arrivé au Québec avec sa famille alors qu’il n’avait que 7 ans, ce Sénégalais d’origine s’est initié au basketball seulement au début du secondaire. Pas même une décennie plus tard, le voici chez les pros, après y avoir fait le saut directement des rangs collégiaux québécois, devenant du coup le premier à réaliser l’exploit.

L’ancien du cégep Vanier se dit d’ailleurs très fier de cet exploit, lui qui a décidé de demeurer dans la métropole plutôt que de déménager aux États-Unis pour y rejoindre une académie de basketball ou une école secondaire où il aurait profité d’une meilleure vitrine auprès des recruteurs de la NBA. Il a également surpris tout le monde en refusant des offres d’universités américaines le printemps dernier.

« Je voulais être le premier à [accéder à la NBA] en restant à Montréal, a-t-il dit. En grandissant, alors que je commençais à prendre le basket au sérieux, je n’ai vu personne y arriver. Je pense que ça peut donner du courage aux jeunes. »

Je voulais donner le ton, montrer qu’on n’a pas besoin de quitter le Québec pour se rendre où on veut. Si tu travailles et que tu mets les efforts, tu peux y arriver.

Karim Mané

Un petit morceau de Montréal l’attendait tout de même à son arrivée à Orlando, puisque son compatriote Khem Birch évolue avec le Magic depuis trois saisons.

Le centre de 28 ans a rapidement pris Mané sous son aile. « Mes parents se sentaient plus [à l’aise] de savoir que quelqu’un de la ville m’attendait, un vétéran sur lequel je pouvais me fier », a-t-il raconté.

« [Birch] a été d’une grande aide : il m’a dit comment l’équipe était, m’a parlé de la ligue, a pris soin de moi, a énuméré le jeune homme. Sinon, je me fie à des gars comme Evan Fournier ou Michael Carter-Williams, qui me parlent beaucoup à l’entraînement, sur le terrain et sur les lignes de côté. Ils me disent à quoi je dois m’attendre quand ce sera de vrais matchs et ce que je dois faire pour devenir un meilleur joueur. »

Même si la logique veut que Mané se rapporte au club-école du Magic à Lakeland, dans la G-League, ses premiers jours avec les meilleurs de sa profession lui ont confirmé qu’il peut « jouer et exceller à ce niveau ».

« J’ai ma place ici », assure-t-il, inspiré par les Montréalais Luguentz Dort et Chris Boucher qui, avant lui, « ont prouvé à bien des gens qu’ils avaient tort » de lever le nez sur des Québécois.

Pour l’heure, « je ne peux rien demander de mieux », avoue-t-il.

En terminant, un collègue lui a demandé s’il s’ennuyait de l’hiver montréalais.

« Pas encore », a-t-il répondu en esquissant un rare sourire.