(Los Angeles) « La raison principale pour laquelle on rejoue, c’est l’argent », affirme à l’AFP l’arrière d’Orlando Evan Fournier, à un mois de la reprise de la saison NBA à Disney World. Selon lui le vainqueur sera « moins respecté qu’un champion après une saison complète ».

Quant à la propagation galopante du coronavirus en Floride, le Français de 27 ans la juge « inquiétante », mais estime que « pour que la NBA prenne un tel risque, les mesures de sécurité seront maximales ».

Q : Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’idée de reprendre le championnat ?

R : « Au début on était un certain nombre à dire qu’il fallait arrêter la saison, mais on a pris connaissance des possibles scénarios d’après, potentiel lock-out, changements au niveau du plafond salarial… Il y aurait eu des effets tellement négatifs qu’on a été finalement d’accord pour terminer la saison. Donc la raison principale pour laquelle on rejoue, c’est l’argent. Mais certains ne sont pas rassurés par la situation sanitaire. Et puis, il y a le mouvement Black Lives Matter qui mobilise beaucoup de joueurs. »

Q : Un certain nombre pense que l’heure est à la lutte contre l’injustice raciale, pas au basket…  

R : « Je comprends ceux qui ne se sentent pas de jouer parce que ça serait détourner l’attention par rapport à ce gros problème. Moi je suis plutôt de ceux qui pensent qu’au contraire qu’il faut se servir de la reprise de la saison pour se faire entendre. Le monde entier va nous regarder. Je crois que la majorité des joueurs va venir et on va se servir tous ensemble de cette plateforme qu’est la NBA pour faire passer un gros message. Ça peut être marquant. »

Q : Êtes-vous rassuré par les protocoles sanitaires prévus ?

R : « Pour que la NBA prenne un tel risque en reprenant la saison, c’est que les mesures seront maximales. Ils vont nous faciliter la vie pour pas qu’on n’ait à se poser de questions et qu’on se sente en sécurité tous les jours. Ils ont dit que le personnel de Disney bénéficierait de tests supplémentaires. C’est bien. Honnêtement au début, les mesures envisagées pour eux c’était du n’importe quoi. »

Q : Vous n’aurez que trois semaines d’entraînements collectifs avant de rejouer. Cela paraît court.  

R : « On n’a pas fait d’opposition, de jeu avec contact depuis mars, donc oui, c’est vraiment très court.  L’inconnu c’est ce qu’il restera d’automatismes. Renouer avec les systèmes en si peu de temps, ça va être compliqué. C’est pour ça que les équipes qui ont des talents individuels pouvant faire la différence seront avantagées. Les autres, dont le jeu repose sur l’alchimie et le jeu de passe, auront perdu le bénéfice du travail effectué et seront pénalisées. »

Q : Quel est l’objectif du Magic ?

R : « Les séries éliminatoires, on est bien parti pour les disputer. Ce qu’on vise c’est la 7e place ; ça nous mènerait à affronter Toronto ou Boston. On éviterait Milwaukee. Brooklyn est à un match devant nous, on les affronte d’entrée. Ce sera important dès le début. »

Q : Pourquoi, selon vous, le champion 2020 sera-t-il moins respecté que les autres ?

R : « Une saison NBA c’est 82 matchs, puis des séries éliminatoires avec avantage du terrain. Là, l’équipe qui gagnera sera championne d’un… tournoi, disputé avec peu de préparation, sans avantage de terrain. Des joueurs vont choisir de ne pas y participer. Dans certaines équipes, il y aura des blessés qui vont revenir alors qu’ils n’auraient pas dû rejouer au printemps. Les choses sont un peu faussées. À la limite, pour les futurs champions, ce n’est pas juste. Eux se seront démontés pour gagner et ils seront moins respectés qu’un vrai champion après une saison complète. Alors, bien sûr, cette équipe sera une très bonne équipe, mais elle n’aura pas eu le parcours normal qui mène à un titre NBA. »

Q : La saison suivante est programmée en décembre et pourrait empiéter sur les Jeux de Tokyo (23 juillet-8 août)…

R : « D’abord la coupure sera très courte. Ce sera un gros problème. Ensuite, oui, une de mes grandes craintes c’est de ne pas participer aux JO. Je n’y ai encore jamais joué. On a de belles choses à faire avec les Bleus. Mais je ne pourrai pas partir en pleine saison pour y aller. La NBA sait que beaucoup d’étrangers veulent les disputer, que les États-Unis veulent y envoyer leur meilleure équipe. C’est pour ça qu’elle a proposé de reprendre le 1er décembre. Si c’est le cas, je préfère ça plutôt que de rater les Jeux. »