(Toronto) Les Warriors de Golden State n’avaient pas perdu le premier match d’une série depuis 2016. Et avaient remporté le premier match de chacune des quatre dernières finales.

Ils peuvent maintenant effacer l’ardoise, battus 118-109 devant des Raptors qui n’ont jamais été intimidés.

Les réactions agacées de Stephen Curry et de Klay Thompson en disaient long, au quatrième quart. Quelque chose clochait, l’irrésistible machine offensive de Golden State ne réussissait pas à s’installer comme elle l’aurait voulu.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Même s’il a été le meilleur marqueur des Warriors avec 34 points, Stephen Curry a été embêté une bonne partie de la rencontre par Fred VanFleet.

Avant la rencontre, l’entraîneur des Warriors, Steve Kerr, avait affirmé que ses hommes feraient leur possible pour contrer Kawhi Leonard, mais qu’il s’attendait à ce que l’étoile des Raptors inscrive tout de même 30 points.

Ses hommes ont voulu faire mentir leur entraîneur en s’acharnant sur Leonard, tout particulièrement en début de match, et en le limitant à « seulement » 23 points. Mais ces efforts ont surtout ouvert la porte aux autres Torontois, à commencer par Pascal Siakam. Le Camerounais a conclu le match le plus productif en séries de sa jeune carrière, en inscrivant 32 points et en affichant un taux de réussite stratosphérique de 82 % de succès sur ses lancers.

PHOTO KYLE TERADA, USA TODAY SPORTS

Et voici le deuxième tir bloqué de la soirée de Pascal Siakam. Cette fois, c’est Klay Thompson qui a goûté à la défense tenace du Camerounais. 

Le conte de fées se poursuit pour ce jeune homme de 25 ans, qui n’avait pratiquement jamais joué au basketball avant sa majorité. Il s’impose pourtant déjà comme un pilier chez les Raptors.

« C’est incroyable ce qui lui arrive. » — Nick Nurse, entraîneur des Raptors de Toronto, à propos de Pascal Siakam

« Quand on s’est fait éliminer des séries il y a deux ans [contre Cleveland], Pascal s’est rendu au gymnase dès le lendemain pour travailler ses tirs, a-t-il poursuivi. Il s’est entraîné chaque jour, deux, trois fois par jour, pour s’améliorer. Il s’investit totalement pour faire sa place dans cette ligue et s’améliorer. »

« Siakam a été brillant, il marquait de partout », a même reconnu Kerr.

Le principal concerné n’a pas voulu s’éterniser sur ses exploits, préférant rappeler le calibre de ses adversaires.

« Ils vont s’ajuster dès le prochain match, a-t-il prédit. On connaît l’équipe qu’on affronte, ils sont incroyables. Ils ne sont pas champions pour rien. »

Le vétéran Marc Gasol a lui aussi tiré avantage de cette liberté trouvée. Le géant de 7 pi 1 po avait des ailes en première demie, inscrivant 14 points – il en a marqué 20 au total, un sommet pour lui ce printemps.

Soirée canadienne

Il a été souligné à (très, très) gros traits au cours des derniers jours que le match d’hier soir était la première rencontre d’une finale de la NBA présentée à l’extérieur des États-Unis — au Canada, de surcroît.

L’organisation a donc mis les petits plats dans les grands pour une soirée canadienne bien appuyée, unifolié géant dans la foule et police montée au centre du court, s’il vous plaît.

Les Raptors ont-ils été galvanisés par l’hymne national beuglé à l’unisson par la foule ? Allez savoir, mais ils ont rapidement pris le contrôle de la rencontre, inspirés par Siakam et Gasol, certes, mais semant d’emblée le doute dans l’esprit des Warriors en leur opposant une défense organisée, voire intransigeante.

« On s’est aperçu que c’est une équipe qu’on ne connaissait pas vraiment, a souligné Kerr. De notre côté, notre défensive de transition a été affreuse. »

« Nous avons été victimes de 16 revirements. C’est inacceptable. Ils nous ont déclassés. Nous devons passer au prochain match. » — Steve Kerr, entraîneur des Warriors de Golden State

Puisqu’il faut bien parler de Kawhi Leonard, il a fallu attendre la deuxième demie pour le voir s’exprimer sur la surface avec l’efficacité qu’il avait affichée depuis le début des séries. À défaut de connaître du succès au tableau, il a distribué le ballon à ses coéquipiers et provoqué nombre de fautes à son endroit.

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

La vedette des Raptors Kawhi Leonard (2) a bien fait hier, récoltant 23 points, 8 rebonds et 5 passes décisives. 

De quoi racheter un début de match difficile. Pensons à cette séquence affreuse au deuxième quart au cours de laquelle il a d’abord remis le ballon directement à Stephen Curry, avant d’être facilement bloqué sur le jeu suivant.

Parlant de Curry, il a connu la meilleure production de la soirée, avec 34 points, mais ne s’est jamais montré dominant comme il l’a été par le passé. Il ne pourra même pas blâmer Drake, doux comme un agneau hier.

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

Même si la NBA a demandé à la direction des Raptors de convaincre Drake de limiter ses moments d’exubérance sur la ligne de touche, cela n’a pas empêché le rappeur d’échanger quelques mots avec Draymond Green à la fin de la partie. 

De toute façon, ce n’était pas la soirée de Curry ni celle des visiteurs. La foule en liesse ne s’est jamais assise de la dernière minute de jeu. Elle a explosé quand Kyle Lowry lui a donné un tir de trois points avec quelques secondes au cadran.

Comme un rappel que ce voyage au nord pourrait être plus rigoureux que prévu pour les Warriors.

Pas d’expansion en vue dans la NBA

Malgré la frénésie entourant les succès des Raptors de Toronto, les amateurs canadiens de basketball devront prendre leur mal en patience avant de voir une deuxième franchise de la NBA apparaître au nord de la frontière américaine. En point de presse quelques minutes avant le début du premier match de la série, le commissaire de la ligue, Adam Silver, a dit que, bien qu’il trouve « flatteur » l’intérêt manifesté au Canada pour une concession, ni les propriétaires du circuit ni lui ne sont « en mode expansion ». « Une expansion n’est pas à l’agenda », a par deux fois répété M. Silver. « Je dis la même chose aux États-Unis », a-t-il précisé. La NBA est néanmoins au cœur d’une opération de charme pour développer de nouveaux marchés à l’international, notamment en Europe et en Asie, mais également en Afrique. La NBA chapeautera d’ailleurs une ligue de 12 clubs élites sur ce continent dès mars 2020. « Nous voyons là un énorme potentiel de développement », a dit M. Silver. En ouverture de son allocution, le commissaire a rendu hommage à Toronto et au Canada, pays d’origine de James Naismith, reconnu comme l’inventeur du basketball.