Joe Torre n'entend plus de questions au sujet de son patron, et il n'est plus mêlé au tumulte de la ville de New York. Un élément demeure, cependant: des matchs de baseball en octobre.

Le voici de nouveau dans un abri, celui des Dodgers de Los Angeles qui s'apprêtent à affronter les Cubs de Chicago, dont l'objectif est d'effacer une disette de 100 ans sans remporter la Série mondiale.Pendant que ses anciens Yankees sont rentrés à la maison, Torre a découvert qu'il pouvait encore avoir du plaisir à diriger une équipe.

«Les deux dernières saisons à New York n'ont pas été très agréables», a-t-il admis mardi.

Mais celle en cours n'a certes pas été sa plus facile.

Les Dodgers (84-78) se sont qualifiés même s'ils accusaient un déficit de quatre matchs et demi, le 29 août. Le 3 septembre, ils affichaient encore un dossier déficitaire.

Mais ils sont venus de l'arrière et arraché un quatrième championnat de la section Ouest de la Ligue nationale en cinq saisons, grâce à une poussée qui leur a permis de gagner 18 de leurs 23 derniers matchs. Manny Ramirez a multiplié les coups sûrs importants et Torre a manié les pièces de son échiquier avec beaucoup de doigté et d'expérience.

«Lorsque vous vous présentez dans un nouvel environnement, surtout après avoir passé 12 ans au même endroit, vous ne savez jamais de quelle façon vous serez accueilli, a confié Torre.

«Je sais que j'ai connu du succès, mais ça ne signifie pas que les joueurs doivent croire tout ce que vous leur dites, parce que vous n'avez pas prouvé que vous allez réussir avec votre nouvelle équipe», a ajouté Torre.

Visiblement détendu, Torre adore sa nouvelle vie le long de la côte du Pacifique. Toutes ces journées sous le règne de George Steinbrenner, où il était menacé de congédiement sur une base presque quotidienne en première page des tabloïds, ne sont plus que de vieux souvenirs presque oubliés.

Il faut dire que vers la fin de son séjour à New York, Torre passait plus souvent pour un perdant que pour un gérant qui a permis aux Yankees de gagner la Série mondiale en quatre occasions entre 1996 et 2000.

«Joe n'est pas du genre à lancer des phrases du genre 'Je vous l'avais dit', précise Larry Bowa, l'instructeur au troisième but des Dodgers. Mais je suis sûr que dans le fin fond de lui, il est très heureux d'avoir accompli ce qu'on le disait incapable de réaliser.»

Les Yankees n'ont jamais raté les séries pendant les 12 saisons de Torre à la barre de l'équipe, mais après trois éliminations successives dès le premier tour éliminatoire, l'équipe lui a offert un contrat d'un an d'une valeur de 5 millions $ - une diminution de salaire de 2,5 millions $.

Insulté par les bonis qui lui étaient offerts en fonction du rendement de l'équipe en séries éliminatoires, Torre, qui a vu le jour à Brooklyn, a rejeté l'offre même si elle faisait encore de lui le gérant le mieux payé du baseball.

«Je croyais que le temps était venu pour moi de quitter, et je pense qu'ils avaient les mêmes sentiments», souligne Torre, qui a terminé sa carrière avec les Yankees avec une fiche de 1173-767, le deuxième plus haut total de victoires pour un gérant de la glorieuse franchise, derrière Joe McCarthy (1460).