Il attendait ce moment depuis fort longtemps, au point où les illusions se dissipaient tranquillement avec le passage des saisons.

Mais après 14 étés de labeur et 978 matchs au niveau mineur, Maxime St-Pierre pourra enfin goûter un tant soit peu au glamour du baseball dans les grandes ligues.

Les Tigers de Detroit ont promu hier le receveur québécois de 30 ans, question de donner au gérant Jim Leyland une marge de manoeuvre minimale derrière le marbre.

Au cours des derniers jours, des maux de dos ont incommodé le receveur régulier de l'équipe, Gerald Laird. Toute la charge de travail reposait donc sur les épaules du jeune Alex Avila, une situation inconfortable pour Leyland.

Certes, le troisième-but Brandon Inge peut s'accommoder de quelques présences comme homme masqué en cas d'extrême nécessité, mais Leyland préfère l'affecter exclusivement au coin du losange.

«Je vais prendre ça une journée à la fois», a commenté un St-Pierre fatigué mais ravi, hier, lors d'un court entretien avec La Presse, sans toutefois savoir quand et dans quelles situations Leyland et ses instructeurs prévoient retenir ses services.

«J'avoue que je flotte sur un nuage et que je ne réalise pas encore pleinement ce qui m'arrive. C'est difficile de trouver les mots pour exprimer ce que je ressens», a-t-il ajouté.

À compter du 1er septembre, les équipes du baseball majeur ont la possibilité d'aligner jusqu'à 40 joueurs, contre 25 en temps normal, ce qui explique également la décision du directeur général Dave Dombrowski de se tourner vers St-Pierre.

L'ancien des Diamants de Québec et des Orioles d'Ahuntsic venait de cogner un simple en fin de deuxième manche, mardi soir contre les Bats de Louisville, quand le gérant des Mud Hens de Toledo, Larry Parrish, s'est approché pour lui annoncer la bonne nouvelle.

«Je n'ai pas de contrat pour la prochaine saison, a dit St-Pierre. Je veux profiter de l'occasion qui m'est offerte pour montrer aux autres équipes ce que je suis capable de faire sur le terrain.»

Mais pourquoi s'accrocher pendant plus d'une décennie? Après autant d'embûches et de déceptions, de voyages en autocar et d'incertitude, l'idée de la retraite n'effleure-t-elle pas l'esprit du baseballeur qui semble condamné aux rangs mineurs?

«C'était frustrant parce que je tentais de percer parmi l'élite pendant la fameuse période des stéroïdes, et j'ai vu des joueurs prendre ma place, mon boulot», a déclaré St-Pierre, convaincu.

«Mais aussitôt que les gens du baseball majeur ont décidé de s'occuper du fléau et de soumettre les athlètes aux différents tests antidopage, j'ai su que j'avais peut-être une seconde chance d'accéder aux grandes ligues.»

Ancienneté

Mine de rien, St-Pierre compte plus d'ancienneté que quiconque parmi les joueurs des Tigers. Il est arrivé dans le portrait en 1997, quand l'icône Alan Trammel venait tout juste d'accrocher son gant et ses crampons...

Hormis un bref séjour avec le club-école des Brewers de Milwaukee (les Stars de Huntsville) au niveau AA en 2007, St-Pierre n'a jamais connu d'autre organisation que celle de Detroit.

Les lanceurs des Tigers, par conséquent, il les connaît bien. «Plusieurs sont passés par le niveau AAA pour diverses raisons - rétrogradations, blessures et rééducation - et j'avais la tâche de travailler avec eux. Ils m'aiment beaucoup!» a dit St-Pierre, le sourire dans la voix.

En 39 matchs avec les Mud Hens de Toledo (AAA) cette saison, le sportif originaire de Pintendre, près de Lévis, a totalisé cinq circuits et 22 points produits tout en maintenant une moyenne offensive de ,300. Il avait commencé le calendrier régulier chez les SeaWolves d'Erie (AA).

Frappeur de plus en plus efficace, c'est davantage par ses prouesses défensives derrière le marbre que St-Pierre se démarque. Il s'est d'ailleurs permis de retirer 36%, 47% et 44% des coureurs en tentative de vol, respectivement, au cours des trois dernières saisons à Toledo.

Brandon Inge, arrivé dans l'organisation des Tigers en 1998, avait de bonnes paroles pour le «nouveau» venu, hier.

«Je suis ravi de voir l'équipe récompenser la détermination et la persévérance de Maxime. C'est une belle histoire», a-t-il affirmé au journaliste Jason Beck, de MLB.com.

St-Pierre portait enfin l'uniforme numéro 63, hier, alors que les Tigers affrontaient les Twins du Minnesota au Target Field. C'était le rêve qu'il caressait depuis 1997.