(Miami) Shohei Ohtani et Mike Trout avaient rêvé de ce moment, comme des millions d’admirateurs à travers le Japon et les États-Unis : les deux plus grandes vedettes de la planète, coéquipiers de longue date, s’affrontant à 60 pieds, six pouces, le titre mondial du baseball en jeu.

Bien sûr, on a eu droit à un compte de trois balles et deux prises.

Et puis Ohtani a fait en sorte que Trout s’élance sous une balle glissante près du coin extérieur, scellant la victoire 3-2 du Japon, mardi soir, et son premier titre à la Classique mondiale de baseball depuis 2009.

« C’est le meilleur moment de ma vie », a déclaré Ohtani par l’intermédiaire d’un traducteur.

Ohtani, cette super-vedette qui domine à la fois à la plaque et au monticule et qui a captivé les amateurs de baseball de deux continents, a été élu le joueur le plus utile de la compétition.

Au marbre, il a complété le tournoi avec une moyenne au bâton de ,435, un circuit, quatre doubles, huit points produits et 10 buts sur balles. Dans le rôle de lanceur, il a affiché un dossier de 2-0, récolté un sauvetage, inscrit une moyenne de points mérités de 1,86 et amassé 11 retraits au bâton en neuf manches et deux tiers.

« Je pense que tous les amateurs de baseball voulaient voir cela. Cela fait un mois et demi que je réponds à des questions à ce sujet », a déclaré Trout, coéquipier d’Ohtani chez les Angels de Los Angeles depuis 2018.

« Pensiez-vous que cela allait se terminer d’une autre manière ? »

En regardant les huitième et neuvième manches se dérouler, le joueur de premier but japonais Kazuma Okamoto était incrédule.

« Je pensais que c’était comme un Manga », a-t-il comparé par l’intermédiaire d’un interprète, en référence à une bande dessinée japonaise.

Mark DeRosa, le gérant de la formation américaine, a savouré le duel — sauf la fin.

« J’aurais seulement aimé voir Mike frapper un circuit à 500 pieds du marbre », a-t-il admis.

Ohtani avait donné un discours d’encouragement avant le match dans le vestiaire du Japon.

« Arrêtons de les admirer », a-t-il déclaré, selon la traduction par le Los Angeles Times de la vidéo mise en ligne sur le site « Samurai Japan ».

« Si vous les admirez, vous ne pouvez pas les surpasser. Nous sommes venus ici pour les surpasser, pour atteindre le sommet. Pendant une journée, oublions notre admiration pour eux et pensons seulement à gagner. »

Une première en 10 ans

Le Japon a rejoint la République dominicaine en 2013 à titre de seul champion invaincu du principal tournoi national de baseball.

La formation japonaise a gagné ses sept matchs et dominé ses rivaux par un score cumulatif de 56-18. Le Japon a atteint la finale pour la première fois depuis ses triomphes lors des deux premières éditions du tournoi, en 2006 et en 2009.

Aucune autre nation n’a remporté le titre plus d’une fois.

Trea Turner avait donné l’avance aux États-Unis en deuxième manche contre Shota Imanaga (1-0) avec son cinquième coup de circuit du tournoi, égalant le record de la compétition établi par le Sud-Coréen Seung Yuop Lee en 2006.

Munetaka Murakami a créé l’égalité sur le premier lancer de la deuxième moitié de la manche contre Merrill Kelly (0-1). Il a expédié une balle rapide dans les gradins du balcon supérieur du champ droit, à 432 pieds du marbre.

Plus tard en deuxième manche, le Japon a rempli les coussins, et Lars Nootbaar, le premier joueur non japonais à porter l’uniforme des « Samurai Warriors », a brisé l’égalité en faisant marquer un point à l’aide d’un roulant à l’avant-champ.

Okamoto a augmenté l’avance des Japonais en quatrième manche à l’aide d’un circuit en solo au champ centre gauche contre Kyle Freeland. Kyle Schwarber a ramené l’écart à un seul point avec un circuit contre Yu Darvish, en huitième.

Ohtani était le frappeur désigné du Japon et il s’est rendu dans l’enclos des releveurs une première fois, en prévision de la sixième manche.

En septième, il a été déclaré sauf au premier coussin sur une balle frappée à l’avant-champ, avant de retourner vers l’enclos pour s’échauffer de nouveau, en prévision de sa troisième sortie du tournoi au monticule, en neuvième manche.

Ohtani a d’abord accordé un but sur balles à Jeff McNeil, le champion frappeur en titre de la Ligue nationale, avant de forcer le joueur vedette Mookie Betts à se commettre dans un double jeu.

C’est là que s’est présenté Trout, le capitaine de l’équipe des États-Unis, 10 fois joueur toute étoile et trois fois élu joueur le plus utile à son équipe dans la Ligue américaine.

« Je l’ai vu prendre une grande inspiration pour essayer de contrôler ses émotions », a relaté DeRosa.

« Je ne peux même pas imaginer être dans ce moment ; les deux meilleurs joueurs de la planète, des coéquipiers, s’affrontant à cet endroit. »

Ohtani a entamé le duel avec une glissante trop bas, puis Trout s’est élancé dans le vide sur une balle rapide de 100 m/h. Une autre balle rapide est restée à l’extérieur et Trout a ensuite manqué un lancer de 99,8 m/h au cœur du marbre.

Ohtani a enchaîné avec un lancer chronométré à 101,6 m/h, son plus rapide de la soirée, qui a raté la cible, bas et à l’extérieur.

Ohtani est descendu du monticule et a soufflé dans sa main droite. Il est revenu avec une glissante que Trout a ratée, pour son 12e retrait au bâton au cours d’un tournoi qu’il a conclu avec une moyenne de .296, un circuit et sept points produits.

Ohtani a levé les deux bras et a lancé son gant, puis sa casquette, alors que ses coéquipiers l’encerclaient.

Il s’agissait de son deuxième sauvetage en carrière, son premier depuis un match des séries éliminatoires de 2016, dans la Ligue du Pacifique.

« Ce qu’il fait dans ce sport, c’est ce que probablement 90 % des gars dans ce vestiaire ont fait au baseball mineur ou dans de tournois pour jeunes, et il est capable de la faire sur les plus grandes scènes », a déclaré DeRosa au sujet d’Ohtani.

« Il est un phénomène rare de ce sport. Je pense que d’autres joueurs vont l’essayer, mais je ne pense pas qu’ils vont le faire à son niveau. »