Maxime Lamarche, directeur général de Baseball Québec, ne sait pas si le brio d’Alex Anthopoulos à la tête des Braves d’Atlanta, qui ont remporté mardi leur première Série mondiale en 26 ans, aura un impact sur le bassin de joueurs de la province à l’été 2022. Mais il est certain d’une chose : il inspirera de nombreux Québécois.

« Peut-être pas des joueurs de baseball, mais parlons des adultes, des dirigeants de sports ou des gens qui rêvent de travailler dans le sport professionnel », a-t-il expliqué au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.

« On parle beaucoup du retour du baseball majeur à Montréal un jour : ça envoie quand même un message fort que de voir un gars de Montréal réussir à se rendre là. Ça veut peut-être dire que des gens d’ici auront la chance de refaire ça, qu’ils n’ont pas besoin de venir de New York, de la Floride ou de St. Louis.

« Dans cette idée de retrouver le baseball majeur à Montréal, peut-être qu’il y aura quelques Québécois, dans la vingtaine, la trentaine, la quarantaine, qui se diront qu’ils auront cette chance. Que cette organisation, ce sera peut-être pour eux. Ça envoie aussi ce message-là : tous ceux qui rêvent de travailler dans le sport professionnel, si tu travailles fort, si tu es prêt à commencer à faire des photocopies comme Alex le faisait avec les Expos, c’est possible. C’est certain qu’Alex est l’un des gars les plus brillants qui soient, mais il reste que c’est faisable. »

Lamarche a d’ailleurs été à même de constater à quel point Anthopoulos pouvait inspirer la nouvelle génération de dirigeants sportifs.

« La première fois que je l’ai rencontré, c’était vers 2011. Paul Beeston [alors président des Blue Jays de Toronto] avait décidé d’avoir un plus grand impact sur le baseball amateur au pays. Alex était venu nous rencontrer à Québec pour faire une grosse annonce. Parler avec lui, c’était tellement enrichissant. Il a toujours laissé une grande impression sur moi. »

Dans l’immédiat, Lamarche estime que c’est de la fierté qu’Anthopoulos a procurée aux Québécois.

« Les gens qui sont dans les hautes sphères du baseball depuis longtemps, les Alex Agostino [vérificateur pour le Nord-Est américain des Phillies de Philadelphie], [l’agent de joueurs] Jethro Supré, ou des commentateurs comme Jacques [Doucet] ou encore Marc Griffin, ont éprouvé un grand sentiment de fierté. On est tous bien fiers que ce soit un Québécois qui ait mené son équipe aux séries et à la Série mondiale. »

Le baseball toujours en croissance

Baseball Québec n’a pas besoin d’attendre la venue des Expos 2.0 pour connaître un grand essor. De nouveau en 2021, malgré la pandémie, la fédération provinciale a connu une hausse marquée de ses membres, permettant à plus de joueurs de participer qu’en 2019, avant la pandémie.

« Le grand défi qu’on a devant nous, c’est que nous avons tellement eu une fin d’histoire affreuse avec les Expos qu’on doit encore convaincre des gens que le baseball n’est pas un sport en perte de vitesse. Tout au contraire. C’est possiblement le seul sport d’équipe dans le sport amateur qui a des augmentations significatives année après année. Le baseball croît. Le baseball est très en santé. »

Cette année, nous avons eu plus de 40 % d’augmentation chez les 4 à 7 ans, qui est l’initiation, le début de nos opérations. L’avenir est très beau, mais il va venir avec son lot de défis : on aura besoin de terrains, d’espaces de qualité.

Maxime Lamarche, directeur général de Baseball Québec

À ce chapitre, il sent une grande ouverture de la part des municipalités.

« Il y a trois semaines, on a participé au Congrès de l’Association québécoise du loisir municipal (AQLM). Nous étions trois ou quatre fédérations présentes : habituellement, ce sont des manufacturiers d’équipements, de planchers de gymnase, etc. qui sont là. La réponse des municipalités a été incroyable. Les représentants s’arrêtaient à notre kiosque et nous disaient à quel point le baseball avait repris chez eux et qu’ils devront revoir leurs infrastructures.

« Les terrains de baseball au Québec ont été construits, dans certains cas, il y a près de 75 ans. Les clôtures sont maganées, les avant-champs sont démolis, les systèmes d’arrosage ne sont plus à jour ou ne fonctionnent carrément plus, les systèmes de drainage sont pleins de terre, les lumières n’ont plus la force qu’elles avaient. Les municipalités le constatent qu’elles sont rendues là. Plusieurs nous appellent pour nous présenter leurs plans directeurs afin qu’on leur dise si elles sont dans la bonne direction. On en a chaque semaine de ces appels. »

À un point tel que la fédération doit parfois se transformer en gestionnaire de projets.

« Il n’y a pas beaucoup de compagnies québécoises qui ont développé cette expertise dans les 30 dernières années, souligne Lamarche. Si on leur demande de construire un aréna, un complexe aquatique ou un terrain de soccer, elles l’ont : il s’en est construit des dizaines, voire des centaines, au cours des dernières années. Il y a quelques années, quatre ou cinq ans, l’AQLM a mis en place, avec notre aide et celle de quelques partenaires, un guide de base sur la façon de rénover ou de construire un terrain de baseball.

« D’un autre côté, on essaie aussi d’aller chercher de l’expertise ailleurs. Des terrains de baseball, il s’en construit probablement une cinquantaine par semaine aux États-Unis. Il y a de nouvelles technologies, de nouvelles façons de fonctionner. On essaie de proposer ça aux municipalités, de les mettre à jour et de les aider là-dedans. »

Décidément, il n’y a pas que les Braves qui connaissent du succès.