Larry Walker fera une belle place aux Expos de Montréal lors de son discours d’intronisation au Temple de la renommée du baseball, mercredi.

« Mes années Expos sont celles au cours desquelles j’ai tout appris, a affirmé Walker au cours d’une visioconférence organisée par l’institution de Cooperstown, dans l’État de New York, jeudi. Je suis venu au baseball sans trop de polissage et j’accusais du retard sur les autres. Les Expos m’ont permis d’apprendre les rudiments du sport et de gravir les échelons du baseball un à la fois, un niveau par saison jusqu’aux Majeures. S’il n’y avait pas eu les Expos, peut-être que nous n’aurions pas cette conversation en ce moment. Le baseball n’aurait peut-être pas fait partie de ma vie. »

Walker, qui sera intronisé mercredi prochain en compagnie de Derek Jeter, Ted Simmons, et du regretté Marvin Miller, a disputé ses six premières saisons à Montréal, suffisamment pour que plusieurs observateurs le considèrent comme le meilleur voltigeur de tous les temps de l’organisation. S’en est suivi une brillante carrière de 10 ans au Colorado, ponctuée de trois championnats des frappeurs et d’un titre de joueur par excellence de la Nationale, avant de terminer tout cela par une saison et des poussières à St. Louis.

Ses plus de 2000 coups sûrs, 1300 points produits et comptés et sa moyenne globale de,313 en carrière n’ont pourtant pas été suffisants pour lui ouvrir les portes du Temple avant sa 10e et dernière année d’admissibilité. Rien de surprenant aux yeux de Walker.

« Je trouve que je suis un gars ordinaire dans tout ce que je fais et je le suis dans la vie. Je ne me mets certainement pas sur un piédestal. Je ne me rappelle pas une seule fois dans ma carrière où j’ai pensé que j’avais ma place à Cooperstown.

« Quand on me demande mes plus beaux souvenirs, je parle toujours de mes trois saisons où nous avons atteint les séries, a-t-il poursuivi quand on lui a demandé de parler des plus grands moments de sa carrière. Le champagne brûle dans les yeux, mais c’est une sensation incroyable ! »

Quand on dévoilera officiellement sa plaque — les nouveaux membres ne la voient que quelques instants avant de livrer leur discours —, Walker deviendra officiellement le premier joueur de position canadien et le premier représentant des Rockies du Colorado admis.

« C’est toute une sensation que d’être le premier joueur canadien de position et de rejoindre Ferguson Jenkins comme deuxième Canadien à Cooperstown. Il y en a d’autres qui s’en viennent, comme Joey Votto. C’est incroyable d’avoir la feuille d’érable tatouée sur le bras et de faire mon entrée à Cooperstown.

« Quant au fait d’être le premier Rockie, c’est sensationnel et j’espère que ça ouvrira la voie à d’autres joueurs qui ont joué au Coors Field. Plusieurs voient cela comme un obstacle, qu’on ne le mérite pas suffisamment. La seule fois où j’ai été joueur autonome, j’ai choisi le Colorado et maintenant, je peux mettre le “CR” sur la casquette sur ma plaque à Cooperstown. »

Jeter fier de représenter les Yankees

Contrairement à Walker, l’ex-arrêt-court des Yankees Derek Jeter a été admis dès sa première année d’admissibilité, ce qui est peu surprenant compte tenu de ses 3465 coups sûrs, sixième total en importance de l’histoire de la MLB, et de ses cinq conquêtes de la Série mondiale dans la Grosse Pomme.

Celui qui est maintenant propriétaire minoritaire et chef de la direction des Marlins de Miami a souhaité tout au long de sa carrière que les gens se souviennent de lui comme un membre des Yankees, l’équipe où il a passé ses 20 saisons dans la MLB. Mais surtout, comme d’un gagnant.

« Quand tu croises les anciens Yankees, tout ce dont ils parlent, c'est de leurs victoires. C’est pourquoi la journée des anciens au Yankee Stadium est si spéciale. »

Jeter a été l’un des rares capitaines de l’histoire des Yankees : il n’y en a eu que 15 depuis 1903 et aucun depuis qu’il a pris sa retraite. Cinq d’entre eux ont déjà leur plaque à Cooperstown. C’est un titre qui lui est cher.

« Ça représentait beaucoup : c’est un titre qui n’est pas souvent attribué dans l’organisation des Yankees. Quelque temps avant que le “Boss” (le défunt propriétaire George Steinbrenner) ne me nomme capitaine, il y avait des rumeurs que ça pourrait se produire. Quand il m’a demandé si j’étais à l’aise avec le titre, il m’a dit qu’il ne voulait pas que je change quoi que ce soit dans mon jeu ou dans mon comportement à l’extérieur du terrain. […] C’est un rôle très important chez les Yankees et je ne l’ai jamais pris à la légère. »

Des discours stressants

Plusieurs des joueurs intronisés à Cooperstown admettent avoir eu du mal à rédiger leurs discours. Walker et Jeter ne font pas exception. Jeter n’a même pas encore terminé le sien.

« Le Temple doit être fâché, car on m’avait demandé de le remettre un mois avant la cérémonie ! J’ai tenté de prendre mon temps avec ce discours. J’ai pris beaucoup de notes, mais je ne voulais pas recevoir l’aide de qui que ce soit. Je ne voulais pas que personne le voie avant que je le livre. J’ai quand même livré quelques discours dans ma carrière — quand nous avons fermé le Yankee Stadium, par exemple — mais jamais aussi long : on parle d’une quinzaine de minutes environ. C’est difficile de couvrir toute sa carrière en un si court laps de temps. »

« Je pense qu’il est terminé, a pour sa part indiqué Walker. Je n’arrête pas de le répéter. Je tente de garder ça court et simple, de ne pas trop m’attarder à un seul sujet, une seule personne ou une seule équipe. Je tente seulement de montrer toute la gratitude que j’éprouve de recevoir ce grand honneur sans que les gens s’endorment en plein milieu de mon discours ! »

Et il tient à le souligner : il l’a rédigé lui-même !

« On m’a seulement aidé pour la ponctuation et afin qu’il ait l’air d’être lu par un être humain ! C’est le résultat de plusieurs nuits d’insomnie, où je me réveillais pour noter sur mon téléphone tout ce qui me venait en tête. »

On verra le résultat le 8 septembre, à compter de 13 h 30.