(Cincinnati) Joe Morgan, le deuxième-but membre du Temple de la renommée du baseball qui a été la bougie d’allumage de la « Big Red Machine » et le prototype parfait du joueur de l’ère du gazon synthétique est décédé. Il était âgé de 77 ans.

Un porte-parole de la famille a confirmé lundi que Morgan est décédé dans son domicile de Danville, en Californie, dimanche. Il souffrait d’une forme de polyneuropathie, un trouble des nerfs périphériques.

La mort de Morgan constitue la plus récente d’une longue liste de légendes des Majeures à avoir perdu la vie en 2020, après Whitey Ford, Bob Gibson, Lou Brock, Tom Seaver et Al Kaline.

« Ce sont tous des champions. C’est ce qui fait le plus mal », a exprimé l’ancien receveur étoile des Reds Johnny Bench.

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Joe Morgan en 1977.

Morgan a été nommé deux fois joueur par excellence de la Nationale, en 1975 et 1976, en plus de participer à 10 matchs des étoiles et de remporter cinq Gants d’Or. Le dynamique joueur de cinq pieds sept pouvait autant voler un but que frapper un circuit. Il pouvait changer le cours d’un match avec son audace.

Plus que tout, il a été le complément de l’édition double championne de la Série mondiale des Reds de Cincinnati dans les années 1970, un club qui comptait sur les services de Pete Rose, Bench et Tony Perez pour ses deux titres consécutifs.

Son simple bon pour un point après deux retraits en neuvième manche du septième match de la classique automnale de 1975 face aux Red Sox de Boston avait donné la victoire aux Reds. L’année suivante, il a été le fer-de-lance d’un balayage en quatre rencontres des Yankees de New York.

Le plus petit joueur des Reds a été leur joueur le plus utile, qui a été élu à Cooperstown à sa première année d’éligibilité.

« Il n’était qu’un bon joueur des Majeures quand le match était sans enjeu, a déjà déclaré l’ex-gérant des Reds et des Tigers de Detroit Sparky Anderson. Mais quand il y avait un enjeu, il était un joueur digne du Panthéon. »

Sa plaque ornant les murs du Temple rend d’ailleurs hommage à sa puissance malgré sa petite stature.

Au cours de sa carrière de 22 saisons conclue en 1984, Morgan a marqué 1659 points, volé 689 buts, frappé 268 circuits et maintenu des moyennes de ,271/,392/,427.

Pour plusieurs, ces statistiques ne rendent toutefois pas adéquatement justice à celui qui a été le meilleur deuxième-but de l’histoire du baseball.

Des soucis de santé l’avaient ralenti au cours des dernières années. Une opération au genou l’avait obligé à se déplacer avec une canne pour être présenté à la foule du Great American Ballpark avant le match des étoiles de 2015. Il avait aussi une greffe de moelle épinière.

Dans ses meilleures années, il a révolutionné le sport avec sa vitesse et son grand talent, surtout quand il est arrivé sur la surface synthétique du Riverfront Stadium.

Morgan a commencé sa carrière à Houston en 1963, avec les Colt ,45 s. Quand l’équipe est devenue les Astros et est passée sur la surface synthétique de l’Astrodome, en 1965, c’est à ce moment qu’il s’est imposé comme un joueur régulier. Il a immédiatement démontré ce que les joueurs talentueux et rapides pourraient accomplir sur ce nouveau terrain de jeu.

Les Reds s’étaient déjà bâti une formidable équipe, mais ils étaient arrivés à court en 1970. Après la saison 1971, ils ont donné le cogneur de puissance Lee May et le deuxième-but étoile Tommy Helms pour obtenir Morgan dans une transaction impliquant huit joueurs.

Morgan s’est avéré exactement ce dont les Reds avaient besoin.

« Joe s’est inséré au groupe comme la pièce manquante d’un casse-tête », a déjà dit Rose de son coéquipier.

Rose était le flamboyant frappeur de simples ; Bench apportait la puissance ; Perez se chargeait des coups sûrs dans les moments clés. Morgan faisait un peu de tout, ajoutant un vol de but par-ci par-là quand la situation le commandait.

« Joe m’impressionnait toujours, a ajouté Rose. Il est de loin le joueur le plus intelligent que j’ai côtoyé. Il déteignait sur chacun de nous. Il était une grosse partie de la’Big Red Machine’. »

Aidé par sa petite zone de prises, Morgan soutirait aussi beaucoup de buts sur balles. Il a d’ailleurs mené la Nationale pour la moyenne de présence sur les sentiers dans quatre de ses cinq premières saisons à Cincinnati.

« C’est à cette époque que le sport reposait davantage sur la vitesse, a souligné Rose. Certains gars en faisaient davantage, mais Joe volait des buts quand tout le monde dans le stade savait qu’il allait les voler. Et ses buts volés étaient toujours importants. Plusieurs ne volent des buts que pour faire grimper leurs statistiques, mais ne peuvent le faire pour gagner un match. Joe le pouvait. »

Une série de blessures a contribué à diminuer sa contribution à la fin des années 1970 et quand les Reds ont décidé de démanteler la « Big Red Machine », Morgan est aussi parti.

Après une autre saison à Houston en 1980, il a joué deux campagnes à San Francisco, avant de retrouver Rose et Perez à Philadelphie.

Ayant grandi à Oakland, Morgan est retourné dans la région de la baie de San Francisco pour une saison avec les Athletics en 1984 avant de prendre sa retraite.

Il a ensuite entamé une carrière chevronnée d’analyste à la télévision, avant de faire son entrée à Cooperstown en 1990. Les Reds l’ont aussi admis à leur Panthéon, en plus de retirer son no 8.

« Il faisait tout, tout le temps, a dit Bench de son coéquipier. J’ai toujours pensé que Joe est le meilleur joueur avec qui j’ai joué. »

Il laisse dans le deuil son épouse des 30 dernières années, Theresa, leurs jumelles Kelly et Ashley, en plus de Lisa et Angela, nées d’une précédente union.

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Par Joe Kay, de l’Associated Press