(TORONTO) Jeudi était la soirée parfaite pour jouer à la balle. Pas un nuage, 23 °C, du temps sec. Le parc Greenwood était radieux. On a vu de pires endroits où s’installer pour travailler.

Ça tombe bien : c’est le premier jeudi où il est permis de jouer au baseball et au softball à Toronto. La phase 2 de la réouverture permettait de s’exercer à 10 personnes maximum, mais la phase 3, amorcée vendredi dernier, permet maintenant des matchs en bonne et due forme.

La frappeuse s’amène au bâton. « De ce côté du marbre. Avance-toi un peu », lui explique le lanceur. Aucun doute, on est dans une ligue amicale. On aurait pu s’en douter aussi en voyant un joueur avec sa bière dans l’abri. Ou l’inter qui lance de la gauche, un véritable sacrilège. Ou le nom de la ligue, NSP (comme dans Not So Pro).

C’est un retour au jeu sous le signe de la COVID-19, évidemment. Principal mot d’ordre entendu dans le caucus d’avant-match des Backdoor Sliders : « Personne ne sue sur les autres ! » C’est suivi du cri d’équipe (« We’re back ! We’re back »), chacun lève un poing en l’air, mais à distance, bien sûr.

Le match commence, on se laisse bercer au son des balles qui se heurtent sur les bâtons de bois (parce que c’est ce que les vrais utilisent pour frapper). Un camion de crème glacée se mêle à la trame sonore. La scène est un véritable cliché.

Darren claque un circuit (forcément à l’intérieur du terrain, parce que le terrain n’est pas clôturé). « High five à distance ! », lui lance son coéquipier au retour à l’abri.

Des fans des Blue Jays parmi vous ? Au moment où on pose la question, on remarque qu’un des joueurs porte justement une casquette des Jays.

L’autre équipe s’appelle d’ailleurs les Brew Jays, et porte des chandails copiés sur ceux des Blue Jays.

Bref, l’amour pour les Jays y est encore, mais l’équipe n’est plus « cool » comme il y a cinq ans, quand étrangement, tout le Canada, même de nombreux Montréalais, s’était mis à encourager une équipe de Toronto. Après avoir atteint les séries en 2015 et en 2016, les Jays ont amorcé une reconstruction et ont été incapables de jouer pour ,500 depuis. L’avenir est toutefois prometteur, avec les Guerrero, Bichette et Biggio deuxième génération.

Jay est presque gêné de s’afficher comme un partisan des Blue Jays. « Bien oui, j’aime les Blue Jays. C’est typiquement torontois d’encourager des équipes qui en arrachent ! »