(Montréal) Le Baseball majeur disputera une saison de 60 matchs à compter de jeudi, du jamais-vu dans son histoire. Et qui dit jamais-vu dit statistiques hors de l’ordinaire.

Offensivement, pourrait-on voir un premier frappeur maintenir une moyenne de ,400 depuis Ted Williams et sa moyenne de ,406 en 1941 ? Plus important encore : serait-elle « acceptée » comme valide ?

« Je crois qu’une moyenne de ,400 sur 60 matchs voudrait dire autant qu’une moyenne de ,150 : les deux devraient être écartées de l’équation, a indiqué l’ex-Expo Steve Rodgers à La Presse canadienne. Cela dit, je pense que la majorité des bons joueurs afficheront des statistiques qui se rapprocheront de leur production habituelle, ramenée sur 60 matchs. »

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Steve Rogers lors d’un match contre les Cubs de Chicago le 30 mai 1978.

Le dernier joueur à avoir maintenu une moyenne de plus de ,400 lors des 60 premiers matchs de la saison a été Chipper Jones, des Braves, en 2008. Après 60 matchs, il affichait des moyennes de ,409/,492/,649 (les moyennes au bâton/de présence sur les sentiers/de puissance). Il frappera pour ,400 ou plus jusqu’au 73e match des Braves, avant de remporter son unique championnat des frappeurs avec une moyenne de ,364.

Au cours des 10 dernières années, la meilleure moyenne sur les 60 premiers matchs a été celle de Cody Bellinger des Dodgers : ,376 en 2019. Maintenant, sur n’importe quelle séquence de 60 matchs, Josh Hamilton, avec les Rangers, a été le dernier à maintenir un tel rythme : il a frappé pour ,427/,473/,761 du 4 juin au 14 août 2010.

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Le dernier joueur à avoir maintenu une moyenne de plus de ,400 lors des 60 premiers matchs de la saison a été Chipper Jones, des Braves, en 2008.

Qui sera le champion des coups de circuit ? En 2019, seuls trois joueurs avaient atteint le plateau des 20 après 60 rencontres : Christian Yelich (22), Cody Bellinger (20) et Pete Alonso (20). Frapper 30 circuits en 2020 serait un exploit digne de mention.

En 1998, pendant que Mark McGwire et Sammy Sosa pourchassaient les 61 circuits de Roger Maris, Juan Gonzalez était à la poursuite des 191 points produits de Hack Wilson. Après 60 matchs, il en avait 76 à sa fiche. S’il avait maintenu ce rythme, il aurait terminé avec 205, mais il a dû se contenter de 157, lui qui en comptait 101 au match des étoiles.

Le Cy-Young à 8-2 ?

Le trophée Cy-Young pourrait bien être attribué à un lanceur avec une fiche de 8-2 et 90 retraits sur des prises en 2020. Pourquoi ? Les partants seront limités à 12 ou 13 départs au maximum et les gérants pourraient bien avoir une patience très limitée, en vertu de l’urgence de gagner au cours d’une saison écourtée.

Au cours des dernières années, la meilleure fiche d’un partant après 13 départs a été réalisée par Jose Lima, avec les Astros en 1999 : 11-2, en route vers une saison de 21-10. Meneur des Majeures avec 21 victoires l’an dernier, Justin Verlander des Astros avait une fiche de 9-2 après 13 départs, le 1er juin.

Toujours en 1999, Randy Johnson et Pedro Martinez ont obtenu 143 retraits sur des prises en 14 et 13 départs respectivement. Gerrit Cole, qui a mené tout le baseball avec 326 en 2019, en avait 116 à sa fiche après 13 départs.

Au chapitre de la moyenne de points mérités, c’est Ubaldo Jimenez qui a offert la meilleure à ses 12 premiers départs : 0,93 à saison recrue, en 2010. Lors de la saison 1968, Bob Gibson a établi la marque avec une MPM de 1,12. Après 12 départs, elle était de 1,52.

« Je ne crois pas qu’on devrait tenir compte de la moyenne de points mérités des partants cette saison, tandis que celle des releveurs ne devrait même pas être calculée, estime Rogers. Les statistiques des lanceurs sur un si court échantillonnage sont si volatiles qu’une seule mauvaise sortie aura une grande incidence. Il faudra rejeter cette mauvaise sortie au moment d’évaluer leur saison.

« Dans une saison comme celle-là, un releveur qui maintient 10 avances ou plus pourrait s’avérer aussi utile voire davantage qu’un spécialiste de fin de matchs. »

Puisque Rogers parle de releveurs : la marque après 60 matchs est de 26 sauvetages, réalisée en 2004 par Mariano Rivera des Yankees et Danny Graves des Reds. Les meneurs en 2019, Kirby Yates (41) et Roberto Osuna (38) en comptaient 22 et 16 après 60 matchs.

Combien de victoires pour un titre de section ?

Pour les clubs, le record de victoires en une saison est de 116, établi par les Mariners de Seattle en 2001. Sur 60 matchs, cela donne 43 victoires (42,96 pour être très précis). Une fiche de 43-17 sur 60 rencontres n’est pas impossible, loin de là.

Mais 48-12, soit un taux de ,800 ? Sur 162 rencontres, c’est impossible à maintenir : cela donnerait 130 victoires. Quelques équipes ont toutefois déjà maintenu ce rythme sur une séquence de 60 rencontres : les Mariners et les Athletics en 2001, les Indians en 2017.

La meilleure séquence sur 60 matchs depuis l’an 2000 a toutefois été établie par les Dodgers, qui ont inscrit 51 victoires à leur fiche entre le 9 juin et le 19 août 2017.

L’an dernier, après 60 rencontres, la meilleure fiche de la MLB appartenait aussi aux Dodgers, à 41-19. Les Astros et les Twins suivaient à 40-20. Vainqueurs de la Série mondiale, les Nationals se trouvaient quatrièmes dans l’Est, à 27-33.

Note de la rédaction : les statistiques proviennent des sites MLB.com, Baseballreference.com et ESPN.com.