(New York) Trente équipes de baseball de 28 villes, prévoyant disputer 60 matchs chacune, dans le cadre d’une pandémie. Plausible ? Digne d’intérêt ? Déraisonnable ?

Même parmi les experts, ça dépend à qui on parle.

« Ça peut fonctionner, a déclaré le DDavid Hamer, professeur de santé mondiale à la Boston University School of Public Health. Je pense que c’est faisable. »

« Certains sports présentent un risque plus élevé que d’autres, estime le DAmesh Adalja, chercheur principal au Johns Hopkins Center for Health Security. Le baseball est à peu près au milieu. »

« Je suis très nerveux à propos de ce plan, croit le DZach Binney, épidémiologiste à l’Université Emory. Ça pourrait être un désastre. »

La saison des ligues majeures va commencer jeudi.

Il y a de l’optimisme en raison de la nature du baseball, où le jeu est moins risqué que le basketball, le football ou le hockey. Mais les joueurs et leurs familles auront une tâche ardue : rester en sécurité hors des stades, en particulier avec des voyages vers et au retour de zones sévèrement touchées, comme la Floride et le Texas.

Contrairement à la NBA et à la LNH, les équipes du baseball majeur ne seront pas isolées dans des bulles alors qu'elles voyageront à travers l’Amérique.

« Je ne pense pas que vous puissiez complètement quantifier exactement le risque », a dit Adalja.

La MLB a fourni aux équipes un guide de 113 pages détaillant les protocoles de la saison régulière de 60 matchs, écourtée par la pandémie.

Les joueurs seront testés toutes les 48 heures. Les masques et l’éloignement social sont un incontournable à tout moment, sauf sur le terrain. Les réservistes peuvent s’asseoir dans les gradins, au lieu de l’abri. Pas de graines de tournesol. Pas de crachats.

Il existe des protocoles pour les voyages en avion et en autobus, les voitures privées et les hôtels, ainsi que des conseils pour éviter tout contact avec des personnes extérieures au monde du baseball.

Tout cela peut-il assurer la sécurité des joueurs, sans menacer les ressources des villes ? Et que se passe-t-il si les partisans sont admis en septembre et octobre ? Des propriétaires ont laissé entendre cette possibilité.

Selon les données des grandes ligues, seulement 0,4 % des échantillons de joueurs et d’entraîneurs testés depuis le 27 juin ont été déclarés positifs. C’est bien en dessous du taux positif d’environ 9 %, aux États-Unis.

Il y a eu des retards dans les tests, notamment autour du week-end du 4 juillet, et 28 clubs ont eu au moins une personne déclarée positive.

« C’est un bon point de départ », a dit Hamer. Spécialiste des maladies infectieuses au Boston Medical Center, il a conseillé d’autres ligues sportives professionnelles.

Les joueurs et le personnel sur le terrain fournissent des échantillons toutes les 48 heures, et les résultats sont censés prendre un à deux jours à traiter. Cela signifie que les joueurs peuvent passer un test, participer à un ou deux matchs ou entraînements et ne découvrir qu’après coup qu’ils ont la COVID-19.

La nature du sport devrait aider, par contre.

« Ce ne sont pas des contacts éphémères qui ont propagé ce virus, a déclaré Adalja, qui fait également partie du comité consultatif COVID-19 de la NCAA.

« C’est un contact étroit pendant 10 à 15 minutes. Donc quelque chose comme des gens restant dans l’abri est beaucoup plus probable, épidémiologiquement, pour conduire à la propagation du virus. »

Le terrain de jeu devrait être assez sécuritaire, sauf peut-être pour le receveur et l’arbitre au marbre. Selon Adalja, les balles comme telles ne devraient pas être un problème, car la transmission venant de surfaces est moins courante.

PHOTO JOHN BAZEMORE, ASSOCIATED PRESS

L'arbitre Carlos Torres utilise du désinfectant pour es mains lors d'un match intraéquipe des Braves d'Atlanta.

Adalja et Hamer sont optimistes quant aux protocoles de la MLB, notant que l’exposition peut être limitée via la distance sociale dans les vols nolisés, les hôtels et les stades vides.

« Le risque de transmission d’aérosols dans un avion est à peu près limité à la rangée dans laquelle vous vous trouvez et peut-être une rangée devant et une derrière, a dit Hamer.

“Je pense que les protocoles fournissent des avantages substantiels, a mentionné Adalja. Ils réduisent le risque de transmission, mais ce ne sera pas à toute épreuve. »

Binney est plus préoccupé. Il pense que des bulles comme celles de la NBA et la LNH sont un pari valable, mais il craint que les protocoles de la MLB soient inadéquats dans des zones comme la Floride et le Texas.

« Cela peut tous arrêter quelques cas, et peut-être même un nombre modéré de cas, a-t-il déclaré, au sujet des plans du baseball. Mais si vous écopez de cas d’un peu partout dans la communauté, j’ai des inquiétudes quant à la capacité d’y résister. »

Les experts ne craignent pas que les déplacements des clubs puissent mettre en danger les communautés de manière significative. Les groupes seront relativement petits, et comme ils utiliseront des transports privés, il ne devrait pas y avoir beaucoup d’interaction avec des personnes non affiliées à la ligue d’une manière ou d’une autre.

MLB essaie également de s’assurer que ses quelque 10 000 tests hebdomadaires ne menacent pas les ressources publiques en utilisant des installations privées.

Ce qui serait un risque grave pour le public, selon Binney, serait d’ouvrir les portes des stades aux amateurs.

Les propriétaires des Yankees, des Rangers et des Astros ont dit espérer accueillir des foules de façon limitée, avant la fin de la saison. Ce serait « complètement déraisonnable » avant l’arrivée d’un vaccin, a dit Binney.

« Lorsque vous commencez à parler de partisans, vous ajoutez beaucoup de risques, en particulier pour la santé publique, a confié Binney. Et le seul avantage est de l’argent dans la poche des propriétaires et des autorités du stade. »