Philippe Aumont a passé une bonne partie des dernières années à se demander si le baseball représentait encore un choix de carrière valable. Le lanceur québécois a reçu une sorte de confirmation lundi lorsque les Blue Jays de Toronto ont annoncé qu’ils lui avaient accordé un contrat des ligues mineures.

Aumont, un ancien choix de première ronde, a joué pour la dernière fois dans les ligues majeures avec les Phillies de Philadelphie en 2015. Il s’est retiré brièvement la saison suivante avant de passer deux des trois dernières années avec les Champions d’Ottawa, une équipe indépendante dans la Ligue Can-Am.

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Phillippe Aumont dans l’uniforme des Phillies, en 2015

« Il y a eu des hauts et des bas, ça été une corvée », a déclaré Aumont au sujet de son cheminement de carrière depuis 2015.

« Il est arrivé un moment où j’en ai tout simplement eu assez du baseball et je voulais en sortir. Le sport me rendait fou. Et cette pause, elle a fait du bien. Mais en bout de ligne, je savais que je devais y retourner. Je ne voulais pas abandonner. »

Aumont, un droitier de 30 ans, relève deux moments dans sa vie qui ont mené à ce revirement : sa fiancée, Frédérique, qui l’a aidé à voir sa carrière avec une perspective différente, et Gabrielle, sa fillette maintenant âgée de cinq mois.

« Ç’a été difficile de ne pas savoir qui j’étais et ce que je voulais devenir. Ce qui m’a vraiment ramené sur terre, c’est le jour où j’ai appris que (Frédérique) était enceinte », a confié Aumont lors d’une entrevue téléphonique depuis sa résidence de Gatineau.

« Lorsque ma fille est née, je me suis dit “OK, c’est le jour 1 de ma paternité et je dois faire les choses correctement.” Chaque jour, je veux m’assurer que ma fillette a tout ce dont elle a besoin et qu’elle est heureuse. Ça me motive et ça me donne un objectif sur lequel travailler. »

Aumont, un pivot de l’équipe nationale du Canada, dit avoir reçu une étonnante quantité d’attention de la part de ligues étrangères à la suite d’une brillante prestation lors du tournoi Premier 12 le mois dernier en Corée du Sud. Il avait alors blanchi une talentueuse formation du Cuba pendant huit manches lors de la seule victoire du Canada pendant la compétition.

Soudainement, des directeurs généraux en Asie et au Mexique ont commencé à lui envoyer régulièrement des textos et même des messages via les réseaux sociaux.

« J’ai eu du succès dans plusieurs tournois et ça amenait toujours de l’attention, mais cette fois, je me suis dit “wow, OK” », a lancé Aumont, en riant.

Il dit avoir accepté l’offre des Blue Jays, qui inclut une invitation au camp d’entraînement des Ligues majeures, après avoir révisé avec attention, au cours des deux dernières semaines, les détails de l’entente proposée, afin de s’assurer qu’il pourra explorer ces options à l’étranger si les choses ne fonctionnent pas.

Avec ce contrat, Aumont en sera à un deuxième séjour officiel avec les Blue Jays. Il avait signé un contrat avec l’organisation vers la fin de 2015. Il avait effectué cinq sorties avec Buffalo, au niveau AAA, pendant que l’équipe des Ligues majeures se qualifiait pour les éliminatoires pour la première fois en 22 ans.

Aumont, sélectionné au 11e rang par les Mariners de Seattle en 2007, a effectué 18 départs avec les Champions la saison dernière. Il a présenté une fiche de 8-4 avec une moyenne de points mérités de 2,65 et six matchs complets. En 118,2 manches, il a amassé 145 retraits sur des prises.

Il a aussi agi à titre d’instructeur des lanceurs avec Ottawa l’année dernière, une fonction qui, dit-il, l’a aidé à améliorer ses propres performances.

« Si j’enseigne quelque chose à ces gars-là, ça veut dire que je dois les mettre en pratique moi aussi sur le monticule, sinon je serais plutôt hypocrite, a déclaré Aumont. Les aspects dont nous parlions, je devais les appliquer et en plus, je devais être très concentré sur le monticule. »

Aumont et Frédérique ont prévu unir leur destinée à l’automne 2020, mais ces plans pourraient changer selon le tracé que suivra sa carrière l’an prochain. Par ailleurs, il se dit reconnaissant du niveau de compréhension et de soutien de la part de sa fiancée, surtout au moment où il avait de la difficulté à trouver sa place au cours des récentes saisons.

« Elle est ma lumière, elle est toute ma vie, affirme-t-il. Elle m’a aidé à voir (le baseball) d’un angle différent, et maintenant je l’aborde d’une manière différente. J’ai retrouvé du plaisir (avec le baseball). J’ai enfin l’impression d’avoir trouvé mon identité et je me sens bien. »