(Montréal) Stephen Bronfman a été clair : le développement du secteur Bridge-Wellington offre une occasion de bien penser ce quartier, de construire pour les 100 prochaines années.

Le président exécutif de Claridge et fer-de-lance du Groupe de Montréal a fait une présentation passionnée de son « projet-rêve », sur lequel il travaille depuis plus de sept ans, devant les commissaires de l’Office de consultation publique de Montréal.

« Nous sommes des gens passionnés, des sportifs, des cosmopolitains, a-t-il dit des Montréalais, rappelant que leur histoire d’amour avec le baseball professionnel remonte à l’époque des Royaux de Montréal et de Jackie Robinson. On profite de la vie, on rit et nous sommes des gens fiers. Moi-même, je suis comme ça : je suis passionné, j’adore notre ville, j’adore le sport, j’adore notre vie. »

En compagnie de son bras droit Pierre Boivin, Bronfman a expliqué les grandes lignes de son projet qu’il veut « innovateur, communautaire et écoresponsable ».

« On parle d’un projet vert. On ne veut pas faire un site avec du stationnement. Les nouveaux projets de stades aujourd’hui n’offrent pas beaucoup de places de stationnement. Ça crée des îlots de chaleur et on ne veut pas ça.

“On veut utiliser des technologies innovatrices, a-t-il ajouté. On veut réutiliser toute l’eau de pluie et de la fonte des neiges pour arroser le terrain, les aménagements paysagers et faire fonctionner nos toilettes. Nous n’avons pas besoin d’eau potable pour ça. Nous allons chauffer avec de l’énergie géothermique, nous allons traiter nos déchets, faire du compostage et travailler avec les banques alimentaires pour leur donner la nourriture qui n’aura pas été utilisée. »

Le projet de Bronfman comptera sur les transports en commun, le R. E. M., les vélos et les déplacements à pieds. Quand un commissaire lui a fait remarquer qu’aucune station de métro ne desservait le quartier, Bronfman a rappelé l’association entre les Alouettes et la STM pour mener leurs partisans vers le stade Percival-Molson, lui aussi mal desservi sur ce point.

Bronfman a beaucoup insisté sur sa vision environnementale pour ce projet, non seulement pour le stade, mais également pour le quartier environnant. Il a rappelé que les préoccupations écologiques ne sont pas une lubie et que Montréal avait une occasion unique.

« Avec cette vision verte et communautaire, on veut que ça stimule le développement vert de tout ce secteur. On a l’opportunité à Montréal, ici maintenant, de faire quelque chose de très important. On a un quartier qui s’étend sur 2,3 kilomètres. Si c’est bien fait, ce sera fait pour les prochaines 100 années. […] Je ne suis pas un bâtisseur, mais j’ai une vision. »

Le stade serait également ouvert à la communauté. Bronfman a évoqué pour la première fois la possibilité que les Alouettes y évoluent et a ajouté qu’il aimerait accueillir des matchs de la Coupe du monde de soccer de 2026, une Classique hivernale de la LNH, ou encore des événements de surf des neiges et ski acrobatique. Mais il a également parlé de faire la part belle aux initiatives communautaires, comme d’abriter une glace Bleu-Blanc-Bouge du Canadien, d’accueillir des artisans comme les forgerons des Forges de Montréal, des souffleurs de verre, ainsi que des programmes sports-études, en baseball.

Bronfman a aussi évoqué la possibilité de tenir des concerts dans ce stade « de 32 000 à 34 000 sièges ».

Étape cruciale

Cette audience était très importante pour la suite du projet. Bronfman et Devimco tentent d’acquérir quelque 1 million de pieds carrés dans ce secteur de Griffintown, le dernier quartier à proximité du centre-ville de Montréal toujours à être développé.

Quelques groupes communautaires s’opposent à la venue d’un club de baseball dans le quartier. Ils ont profité de ces audiences pour faire part de leurs inquiétudes, notamment le manque de logements sociaux et l’achalandage accru qu’engendrerait la venue d’une équipe.

Les terrains visés appartiennent à la Société immobilière du Canada, un organisme public. La ville de Montréal dispose d’un droit de préemption sur ceux-ci. Bronfman a aussi souligné que c’est ce terrain que son groupe vise.

« On a regardé les autres sites : l’Hôpital de Montréal pour enfants, c’était trop petit. On a regardé ici et là. Certains parlent du Stade olympique : la MLB ne veut pas du Stade olympique et il n’est pas un stade de baseball. On veut quelque chose d’intime, d’attirant. Comme j’ai dit au commissaire : c’est le temps et ce site est le bon. »

Il s’agit également de la plus récente étape à franchir par Bronfman et son groupe pour l’obtention d’une concession du Baseball majeur. En juin dernier, le propriétaire des Rays de Tampa Bay, Stuart Sternberg, a révélé avoir obtenu la permission de la MLB d’explorer la possibilité de partager la saison entre St. Petersburg et Montréal, un projet inédit qui nécessiterait la construction d’un nouveau stade dans chacune des villes.

Déjà, le maire de St. Petersburg, Rick Kriseman, s’est dit contre le projet. Il a rappelé que le contrat qui lie les Rays à sa municipalité pour l’utilisation du Tropicana Field — jusqu’en 2027 — stipule que la totalité des matchs doit y être jouée.

Trois rencontres entre la direction des Rays et le Bureau du maire de St. Pete ont eu lieu jusqu’ici, sans que rien ne transpire des discussions qui y ont été tenues.

« Stuart Sternberg est persuadé qu’il va obtenir les appuis nécessaires, a indiqué Bronfamn. Mais si ça ne fonctionne pas, on retournera à la table à dessin. Notre attention est tournée à 100 % vers cette idée novatrice. »

Bronfman a rappelé que tant que Sternberg n’obtient pas cette permission de la ville de St. Petersburg, la mise sur pied de cette équipe dans deux villes ne peut pas commencer. L’homme d’affaires ne peut pas avancer un échéancier.