(Washington) Le président Donald Trump a honoré les Red Sox de Boston — du moins, certains d’entre eux — à la Maison-Blanche, jeudi, mais a ignoré la controverse qui a porté ombrage à la visite des champions de la Série mondiale.

Le gérant de l’équipe, Alex Cora, n’a pas participé à la cérémonie, citant sa frustration envers les efforts de l’administration américaine pour aider Porto Rico à se remettre d’un ouragan dévastateur. Une dizaine de joueurs de l’équipe, tous des joueurs de couleur, ont aussi refusé l’invitation du président Trump. Pour leur part, tous les joueurs blancs de l’équipe — ainsi que le voltigeur d’origine cubaine J. D. Martinez — ont assisté à la cérémonie.

Les Red Sox ont nié à maintes reprises que la visite à la Maison-Blanche avait créé un schisme racial au sein de l’équipe, alors que cette tradition est devenue un événement politisé sous Trump. Et il n’y a eu aucun signe de mésentente lors de la cérémonie qui a eu lieu sous la pluie, jeudi.

Un orchestre militaire a joué des versions de Dirty Water et Sweet Caroline, deux hymnes non officiels des Red Sox. Trump a reçu une chemise no 18 de l’équipe.

Et si la Maison-Blanche avait incorrectement nommé l’équipe les « Red Socks » sur son site web en début de journée, Trump a suivi le scénario traditionnel de ce type d’événement, honorant les Red Sox pour leur parcours phénoménal vers le titre du Baseball majeur.

« Honnêment, ils étaient inarrêtables », a dit Trump, qui a noté que l’équipe avait maintenant gagné plus de titres de la Série mondiale que quiconque au cours du 21e siècle. Et il a ri quand Martinez l’a taquiné puisqu’il est un partisan des Yankees de New York.

Le président des Red Sox, Tom Werner, a tenté de calmer la tempête concernant les nombreuses absences, ajoutant que chaque membre de l’équipe pouvait choisir d’assister ou non à la cérémonie.

« Je ne vois pas de division raciale, a-t-il après une visite de la Maison-Blanche. Je crois que dans la mesure du possible, le baseball demeure apolitique. »

L’entraîneur d’une équipe championne rate rarement la visite à la Maison-Blanche, une tradition qui a commencé en 1924 quand le président Calvin Coolidge avait invité de bonne foi les Senators de Washington. Cora avait songé à participer à la cérémonie de jeudi pour attirer l’attention sur les malheurs de ses compatriotes à Porto Rico, qui ont vu l’ouragan Maria faire près de 3000 victimes. Il a finalement décidé de ne pas y aller.

« Malheureusement, nous sommes toujours en difficulté, a dit Cora, dans un communiqué. Certaines personnes n’ont toujours pas accès aux ressources essentielles, d’autres vivent toujours sans électricité, plusieurs maisons et écoles sont toujours en très mauvais état près d’un an et demi après le passage de l’ouragan Maria. J’ai profité de ma position à plusieurs reprises pour que les Portoricains ne soient pas oubliés et mon absence a le même objectif. En raison de ces circonstances, je ne suis pas à l’aise d’aller célébrer à la Maison-Blanche. »

Avant la visite, Trump avait contesté sa position concernant Porto Rico, affirmant incorrectement que le territoire a reçu 91 milliards US en aide, ce qu’il a qualifié de « montant le plus important remis à un état ».

Dans les faits, le Congrès américain a remis seulement une fraction de ce chiffre. La Maison-Blanche a indiqué que les 91 milliards mentionnés par Trump incluaient environ 50 milliards en fonds d’urgence qui pourraient être distribués pendant les prochaines décennies, en plus d’une somme de 41 milliards qui a déjà été approuvée. Les fonds réels remis jusqu’ici aux Portoricains seraient d’environ 11 milliards. À la suite de l’ouragan Katrina en 2005, le gouvernement américain avait remis plus de 120 milliards en fonds d’urgence — la majorité allant au gouvernement de la Louisiane.

Trump a néanmoins affirmé devant les médias que « les gens de Porto Rico devraient vraiment aimer le président Trump ».

Pour ce qui est des joueurs des Red Sox, plusieurs ont insisté pour dire que le choix d’assister ou non à la cérémonie était personnel et non politique.

« L’identité de la personne dans la Maison-Blanche m’importait peu, avait dit le releveur Heath Hembree, mercredi. J’avais l’occasion d’aller à la Maison-Blanche et rencontrer le président. Je n’allais pas rater ça. Personne n’a tenté de me convaincre de ne pas y aller. Chacun a ses raisons pour y aller ou non. »