Quitter la douceur et les beaux terrains floridiens prématurément afin d'effectuer un crochet par Montréal avant le début de la saison, demain, face aux Tigers de Detroit? Pas franchement un problème pour le gérant des Blue Jays de Toronto, Charlie Montoyo, qui possède déjà sa part de bons souvenirs à Montréal et au Stade olympique.

C'est à cet endroit, le 7 septembre 1993, qu'il a frappé son premier coup sûr dans le baseball majeur, face aux Rockies du Colorado. C'est avec les Expos que le Portoricain a disputé la totalité de sa carrière dans le baseball majeur. Précision d'importance: cette «carrière» ne se chiffre qu'à quatre petits matchs, tous disputés en septembre 1993.

«L'équipe est vraiment heureuse d'être ici et je suis très heureux d'être ici. C'est un endroit formidable et on a connu un premier bon match [lundi] avec 25 000 personnes, a-t-il raconté. [...] Cet endroit m'a permis de vivre de bons moments et de faire de belles choses. Ç'a été une période plaisante et c'est tout aussi plaisant de revenir ici en tant que gérant des ligues majeures. Je n'oublierai jamais que c'est ici que j'ai frappé mon premier coup sûr dans les ligues majeures.»

Cette parenthèse avec les Expos est donc le sommet d'une carrière quasi exclusivement passée dans les ligues mineures et majoritairement dans le AAA. L'homme aux 1032 matchs a été repêché par les Brewers de Milwaukee, en 1987, sans toutefois parvenir à percer l'alignement. Il a ensuite pris le chemin des Expos, en janvier 1993, par le truchement d'une transaction. Et un jour de septembre, son gérant chez les Lynx d'Ottawa, la filiale AAA des Expos, le convoque dans son bureau. En raison de la blessure de Rondell White et des absences de Sean Berry et John VanderWal, il doit immédiatement prendre le chemin de Montréal. Problème, il se perd en route, se gare au bout du monde et n'arrive au Stade olympique que quelques minutes avant le début du match.

«J'ai dit bonjour à Felipe [Alou], enfilé mon uniforme et je me suis assis dans l'abri, a-t-il raconté. En septième manche, il m'a dit que j'irais au bâton si Colorado utilisait un lanceur gaucher. C'est ce qui est arrivé. Je n'ai pas eu de papillons parce que tout s'est passé tellement vite. J'en ai eu davantage lorsqu'il a fallu que je joue en défense parce que je n'avais pas pu attraper des roulants avant. Mais [John] Wetteland a retiré les trois frappeurs et le match s'est fini. J'étais le héros.»

Au fil de ses quatre matchs, Montoyo a obtenu deux coups sûrs en cinq présences avec les Expos. Il a été cédé aux Lynx en octobre 1993.

Plus vite que prévu pour Vlad Jr

Vingt-cinq ans plus tard, Montoyo a donc terminé son tout premier camp préparatoire sur la pelouse synthétique du Stade olympique. Après de longues années dans le réseau des Rays de Tampa Bay, il découvre finalement le baseball majeur comme instructeur. «C'est quelqu'un qui a fait ses preuves dans ce sport, a indiqué l'ancien lanceur des Expos Steve Rogers, impliqué dans l'Association des joueurs. Certains peuvent dire: "Oh, Charlie, il est chanceux." Non, il a travaillé très fort, c'est une bonne personne de baseball et c'est aussi quelqu'un de bien. Il arbore toujours un sourire. Je sais qu'il aura un nouveau groupe de joueurs sur le terrain, mais j'espère qu'il gardera son large sourire toute l'année.»

Le successeur de John Gibbons hérite effectivement d'une équipe qui a raté les séries, en 2018, avec une fiche de 73-89. C'est surtout une équipe qui a entrepris un virage jeunesse après avoir perdu, dans la dernière année, Josh Donaldson, Troy Tulowitzki et le Québécois Russell Martin. «Russell a été très bon, mais le leadership que nous avons avec Clayton Richard, Kendrys Morales, Justin Smoak l'est également. Nous allons être bien servis à ne niveau», croit-il.

Hier, lors de sa rencontre avec les médias avant le match, il a aussi été question de Vladimir Guerrero Jr, le plus bel espoir de l'organisation. Absent à Montréal en raison d'une blessure abdominale, le troisième but a déjà repris le travail. «Il s'élance au moment ou on parle. Il fait très bien et il est même en avance par rapport aux prédictions. La prochaine étape pour lui est de jouer des matchs. Je ne sais pas quand ça arrivera, mais sa blessure n'était pas si sérieuse. Quand il sera prêt, il ira à Buffalo [dans le AAA].»

Et il ne devrait pas arriver 10 minutes seulement avant le premier lancer...