Advenant le retour des Expos, le groupe de Stephen Bronfman a choisi le terrain où il aimerait construire un stade de baseball : le terrain du bassin Peel appartenant au gouvernement fédéral. Et il demande au gouvernement Legault de l'aider à convaincre Ottawa de lui céder le terrain en question, évalué à environ 50 millions de dollars.

Claridge, la firme d'investissement privé de la famille de Stephen Bronfman, vient de s'inscrire au Registre des lobbyistes du Québec afin « d'obtenir l'appui (politique) du gouvernement du Québec (orientation) dans des discussions à venir avec le gouvernement fédéral (plus spécifiquement Société immobilière du Canada) concernant la cession potentielle d'un terrain convoité par le promoteur pour un projet de stade visant à ramener une équipe de baseball professionnelle à Montréal puisque ce terrain appartient à [la Société immobilière du Canada] », selon le mandat déposé par Claridge au Registre des lobbyistes du Québec.

Le mandat de lobbying enregistré à Québec ne précise pas si Claridge demandera à Ottawa de lui céder gratuitement le terrain, ou si Claridge envisage de l'acheter. Le mandat enregistré à Québec parle de « discussions à venir » avec la Société immobilière du Canada. Claridge n'a pas inscrit de mandat de lobbying au registre fédéral.

Selon le mandat de lobbying enregistré à Québec, Claridge ne demande pas d'aide financière au gouvernement du Québec dans le dossier du terrain du bassin Peel.

Le terrain de la Société immobilière du Canada est situé au sud du bassin Peel et fait environ 900 000 pieds carrés (il faut au moins 350 000 pieds carrés pour construire un stade de baseball). Le reste du terrain pourrait ainsi servir à rentabiliser le projet en construisant un quartier résidentiel et des commerces.

La valeur foncière du terrain en question est de 6 millions de dollars, mais sa valeur marchande réelle est beaucoup plus élevée. Dans le cadre d'un article publié la semaine dernière dans La Presse+, un expert estimait qu'un terrain dans ce secteur vaut environ 55 $ le pied carré, ce qui donnerait une valeur marchande d'environ 49,5 millions de dollars pour le terrain convoité par le groupe de M. Bronfman.

Le terrain du bassin Peel sera aussi situé à proximité d'une station du Réseau express métropolitain (REM). « C'est de loin le meilleur emplacement [pour un stade de baseball à Montréal]. Il y a la taille, ça commence avec ça. C'est le plus proche du centre-ville. C'est voisin d'un quartier en effervescence [Griffintown] et c'est aussi sur le chemin du REM », disait Pierre Boivin, président et chef de la direction de Claridge, en entrevue avec La Presse la semaine dernière.

La Ville de Montréal a un droit de préemption sur une partie du terrain en question, ce qui lui donne en quelque sorte un droit de veto sur tout projet sur ce terrain (elle pourrait acheter le terrain si elle n'est pas d'accord avec un projet donné). Actuellement, le terrain est en partie vacant, et certains lots sont loués à une entreprise de transport de céréales jusqu'en 2024.

Le mandat de lobbying de Claridge a commencé le 13 décembre dernier (les entreprises ont ensuite deux mois pour s'inscrire au Registre des lobbyistes du Québec). Ce jour-là, Stephen Bronfman a rencontré le premier ministre du Québec François Legault pour discuter du projet du retour des Expos. Selon le mandat, Stephen Bronfman et Pierre Boivin sont désignés comme lobbyistes pour Claridge. Le mandat de lobbying vise le premier ministre du Québec François Legault et son ministère du Conseil exécutif, le ministre de l'Économie du Québec Pierre Fitzgibbon et son ministère, ainsi que le président du Conseil du trésor Christian Dubé et son ministère.

Le groupe de M. Bronfman n'a pas souhaité faire de commentaires hier sur le dossier du stade de baseball.

- Avec Pierre-André Normandin, La Presse