(Montréal) Une journée de commémoration des Expos au stade des Nationals de Washington a divisé les Montréalais, samedi.

Pendant que certains ont apprécié les uniformes aux couleurs de l’équipe montréalaise, d’autres ont pris ce geste comme une insulte envers les ancêtres des Nationals.

Les Nationals, créés après que les Expos eurent déménagé à Washington pour la saison 2005, avaient annoncé cette semaine qu’ils allaient porter les uniformes bleutés de leurs prédécesseurs ainsi qu’une casquette rétro afin d’honorer la saison inaugurale de l’équipe, il y a 50 ans.

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Juan Soto, Adam Eaton (2) et Victor Robles

Les Nationals ont vaincu les Royals de Kansas City 6-0 lors d’une journée thématique au Nationals Park, dans laquelle les partisans ont pu entendre des chansons populaires des années 60, ils ont pu voir l’ancienne vedette des Expos Vladimir Guerrero effectuer le lancer protocolaire et ils ont pu déguster de la poutine ainsi que de la viande fumée.

Même si le stade comprend un anneau d’honneur qui inclut des légendes des Expos comme Gary Carter et Tim Raines, les racines des Nationals sont souvent passées inaperçues dans le District de Columbia, selon des observateurs.

« C’est très sélectif et c’est très bizarre », a mentionné le journaliste montréalais et animateur de radio Dave Kaufman.

Les hommages aux joueurs vedettes comme Tim Wallach sont pratiquement invisibles au stade.

Kaufman ne fait toutefois pas partie des mécontents.

« Je crois que c’est un clin d’œil à l’histoire de l’équipe, a-t-il affirmé. Je vois ça comme une publicité pour la ville de Montréal qui est faite dans la capitale des États-Unis. »

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Le gérant des Nationals Dave Martinez, à droite, nettoie le visage de l’ancienne vedette des Expos Vladimir Guerrero

Le débat se déroule alors que les émotions et les espoirs de revoir une équipe de baseball dans la métropole québécoise renaissent. Stephen Bronfman, le fils de l’ancien propriétaire des Expos, Charles, tente depuis plusieurs années de ramener l’équipe en ville. À la fin du mois de juin, il avait fait l’éloge d’un plan visant à diviser les matchs des Rays de Tampa Bay entre Montréal et la Floride.

Sylvain Tremblay, qui est cogestionnaire du groupe Encore Baseball Montréal, a indiqué qu’il regardait de l’avant plutôt que de penser aux problèmes du passé.

« Ils ont volé notre équipe. C’est de cette façon que certaines personnes voient les choses à Montréal, a déclaré Tremblay. Pour eux, c’est une insulte. »

Un usager du réseau social Twitter a pour sa part écrit que de voir « les Nationals de Washington porter l’uniforme des Expos de Montréal donne un sentiment de gifle au visage ».

Les Québécois ne sont pas les seuls à être refroidis par cette campagne de marketing.

Le chroniqueur du Washington Times Thom Loverro a qualifié cette campagne de « basse, paresseuse et irréfléchie », ajoutant que d’essayer de trouver un lien entre les deux équipes est aussi « de mauvais goût que la poutine américaine ».

Loverro a renchéri en disant que de voir Guerrero effectuer le lancer protocolaire était comme la « célébration d’un cadavre ». Il a suggéré que la ville de Washington jette plutôt un œil sur son propre passé, par exemple les Senators, qui ont été relocalisés aux Texas au début des années 70.

Malgré tout, les partisans ont applaudi samedi après-midi, lorsque l’ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, a présenté les joueurs des Nationals en faisant référence aux Expos. Pendant les jeux, l’écran géant a montré des moments de l’histoire des Expos. On pouvait y voir Gary Carter en train de célébrer une victoire en séries en 1981, la seule année au cours de laquelle la troupe montréalaise a participé à la classique automnale.

Le deuil commun peut peut-être servir de pont entre les deux villes, qui sont les deux dernières à avoir vu leur équipe de Baseball majeur déménager.

Mais l’espoir est de retour dans l’air montréalais, mélangé à une touche de nostalgie.

« Les Expos ont marqué ma jeunesse. Ils ont été une des grandes joies de ma vie, a insisté Kaufman. Je n’ai pas eu la même passion pour une équipe sportive depuis qu’ils ont quitté la ville. Ça n’avait pas d’importance qu’ils n’avaient pas gagné la Série mondiale ou qu’ils ne jouaient pas pour ,500, c’était mon équipe et je l’aimais. Elle me manque beaucoup. »