Le commissaire du Baseball majeur, Rob Manfred, semble peu impressionné par les autorités du comté de Hillsborough, qui souhaitent attirer les Rays de Tampa Bay en plein coeur de Tampa, dans le quartier d'Ybor City.

Dans une lettre au ton sans équivoque, le commissaire reproche au Tampa Sports Authority, qui chapeaute le projet d'un stade de quelque 900 millions US, son improvisation.

Manfred a répondu, mardi, à une lettre transmise le 5 décembre dernier au propriétaire des Rays, Stuart Sternberg, et dont il a reçu copie conforme, et dans laquelle l'organisme présentait les grandes lignes de son plan d'action, notamment le financement à hauteur de 50 % du projet, jusqu'à un maximum de 475 millions US.

Manfred, qui dit vouloir aider les Rays à demeurer dans le marché de Tampa-St. Petersburg et qui appuie le projet de stade, soulève plusieurs interrogations sur le projet tel qu'on le lui a présenté dans cette missive.

Dans sa réponse adressée à l'avocat représentant le Tampa Sports Authority, Irwin Raij, le commissaire questionne d'abord les raisons pour lesquelles on sollicite son aide à quelque 20 jours de la date butoir de la période de négociations de trois ans offerte aux Rays.

Il souligne ensuite que les engagements nécessaires à la construction du stade, autant du côté des fonds publics que privés, ne sont tout simplement pas réunis. Il demande également de quelle façon seront épongés les coûts excédentaires pour la portion privée du financement du projet.

Manfred conteste également la viabilité du plan de financement soumis. Pour le commissaire, il n'est « pas suffisamment explicite ni clair, particulièrement en ce qui a trait à l'obtention de toutes les approbations nécessaires ». Le commissaire met également en doute l'échéancier du projet, qui ne peut pas « assurer que tous les obstacles susceptibles de causer d'importants délais de réalisation » ont été surmontés.

Finalement, Manfred reproche au projet de ne pas fournir l'assurance que le Tampa Sports Authority détient le contrôle du site proposé, tout comme l'augmentation des coûts en raison des délais n'a pas été évaluée.

« De nouveau, je rappelle que je suis heureux de me rendre disponible pour ce projet, mais compte tenu de plusieurs détails manquants et du très court délai auquel nous faisons face, je ne sais trop dans quelle mesure je peux apporter mon aide à ce moment-ci », conclut le commissaire.

Sternberg déçu, mais pas découragé

Présent aux Assises d'hiver du Baseball majeur à Las Vegas, Sternberg a ni plus ni moins fait une croix sur le projet d'Ybor City.

« En décembre 2015, nous avons collaboré avec la ville de St. Petersburg afin que l'on puisse étudier différents sites pouvant accueillir un stade de baseball dans la région de Tampa Bay. Cette entente prévoyait une très généreuse fenêtre d'opportunité de trois ans. Il s'agissait d'un pas très important dans notre quête d'un nouveau domicile pour les Rays, ce que nous tentons de faire depuis 10 ans. [...] Malheureusement, cette fenêtre se refermera sans que nous puissions atteindre cet objectif. Bien qu'il y ait un réel progrès, nous ne sommes pas prêts à présenter un plan de match viable.

Comme le commissaire Manfred l'a noté dans sa réponse au comté de Hillsborough, des points fondamentaux demeurent sans réponse, notamment le site, les approbations politiques, les investissements privés, l'échéancier et les coûts rattachés au projet. »

Il lancera une nouvelle recherche de site, mais aucune avancée ne pourra être réalisée au plus tôt avant 2024.

« Nous avons passé des milliers d'heures et dépensé plusieurs millions de dollars afin que notre vision d'un stade de baseball à Ybor City devienne réalité. [...] Ce dénouement n'est certainement pas dû au manque d'engagement des personnes impliquées dans ce dossier.

Bien que je sois grandement déçu de ce résultat, je ne suis pas découragé. [...] Je m'engage fermement à aider les Rays à demeurer et à prospérer à Tampa Bay pour les prochaines décennies. Je demeure enthousiaste à l'idée de trouver une solution pour aller de l'avant. [...] Ce que nous tentons de faire, c'est de créer de la magie avec les Rays, d'obtenir l'appui de la communauté et nous allons continuer à le faire. »

Les Rays jouent au Tropicana Field depuis 1998 et un bail les lie au stade couvert jusqu'à la fin de 2027. Le maire de St. Petersburg, Rick Kriseman, s'est dit prêt à reprendre les négociations pour l'avenir du club.

« L'entente ratifiée avec les Rays a rempli son mandat, a-t-il écrit sur Twitter. L'équipe a disposé de trois ans pour trouver un nouveau site dans notre région. Je suis prêt, si on me le demande, à poursuivre la discussion au sujet de l'avenir du club à St. Pete. »

« Nous allons continuer de regarder dans la région de Tampa Bay, a ajouté Sternberg. D'une façon ou d'une autre, nous devons regarder où jouera l'équipe en 2028, sinon plus tôt. Idéalement, ce serait plus tôt, mais assurément en 2028. »

Statu quo pour Montréal

Tandis que le temps file à Tampa, le groupe montréalais désirant ramener le Baseball majeur attend toujours de connaître le dénouement de ce dossier avant de pouvoir pousser davantage le sien.

Manfred ne cesse de répéter qu'avant de songer à doter son circuit de deux équipes supplémentaires - ce qu'il dit souhaiter depuis qu'il a été nommé commissaire, il y a trois ans -, les situations d'Oakland et de Tampa Bay doivent être régularisées.

À Oakland, les A's progressent rondement : le site a été identifié et le projet récemment présenté aux partisans. Plus important encore : la ville d'Oakland est derrière ce projet, qui ne nécessitera aucun fonds public, ce qu'a aussi promis Stephen Bronfman, fer-de-lance du projet montréalais, au moment de rencontrer la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le printemps dernier.

Le groupe montréalais a préféré ne pas commenter ce dernier rebondissement dans le dossier Tampa Bay.

En plus de Montréal, Portland, en Oregon, chercher à obtenir une franchise. Le groupe derrière ce projet a récemment dévoilé son plan de stade, qui serait situé en bordure de la rivière Willamette.

- Avec Associated Press