L'administration de Valérie Plante affirme être intéressée par le projet du retour du baseball majeur à Montréal, même si la mairesse n'a pas pu assister aux deux rencontres préparatoires des Blue Jays de Toronto au Stade olympique.

Plusieurs observateurs ont reproché à la mairesse de ne pas avoir pu se dégager de ses engagements - une session du conseil municipal lundi soir et l'adoption du budget provincial de mardi - afin de venir accueillir les Jays et les gens d'affaires impliqués dans le projet.

«Il y a déjà eu des rencontres entre des membres de l'exécutif de Mme Plante des représentants du groupe de gens d'affaires, a noté le conseiller municipal Éric Alan Caldwell, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable des transports et de l'urbanisme. La mairesse et Stephen Bronfman se rencontreront d'ailleurs dans deux semaines: s'il y a rencontres, c'est qu'il y a intérêt.»

M. Caldwell précise par le fait même que cela n'aura pas pris cinq mois à la mairesse avant de rencontrer le groupe d'investisseurs, comme il a été rapporté.

«Mme Plante souhaitait d'abord prendre connaissance du dossier. Il fallait également savoir où en étaient les promoteurs et le baseball majeur», souligne-t-il.

Questionné au sujet de l'entretien accordé lundi par M. Bronfman au Réseau des Sports, dans lequel il a indiqué ne pas demander une contribution financière de la ville, mais bien son appui, M. Caldwell a réitéré la ligne de parti.

«Mme Plante a été très claire: il y aura un débat public sur la participation de la Ville de Montréal.»

Il n'a par contre pas pu expliquer pourquoi la mairesse avait laissé entendre pendant la campagne électorale que la contribution de Montréal à la construction d'un nouveau stade aurait pu être de l'ordre de 500 millions.

«Il s'agissait d'une mise à jour du chiffre avancé par l'étude de faisabilité d'EY en 2013, qui parlait alors de 400 millions», explique-t-il. Mais quand on lui fait remarquer que l'étude parlait d'une participation public-privé de l'ordre de 67%-33% et que trois paliers de gouvernement constitueraient la partie publique, il a indiqué que la mairesse «commenterait en temps et lieu».

À titre de conseiller de l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve - où se trouve le Stade olympique -, M. Caldwell ne manque pas de signaler à quel point ce stade est un actif de grande valeur pour Montréal, mais que l'administration Plante écouterait ce que le groupe Bronfman aura à lui proposer.

«Si les promoteurs du dossier croient devoir explorer une autre avenue, nous allons au moins les écouter», a-t-il dit.

Lisée veut le Stade olympique

Venu rencontrer les journalistes sur la galerie de presse lundi soir, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a de son côté été beaucoup plus catégorique: le Stade olympique serait son premier choix, bien qu'il ne semblait pas avoir toutes les données.

«Le [nouveau tracé du] REM a fait en sorte qu'une hypothèse du stade au centre-ville ne soit plus disponible, alors moi je suis en faveur du Stade olympique. [...] Il faudrait qu'on me fasse l'absolue démonstration de la nécessité d'un nouveau stade. Je sais que c'est ce qu'ils [les investisseurs] proposent, mais qu'on essaie de faire revivre le Stade olympique. C'est un centre d'attraction sportif majeur. Mon premier choix, c'est le Stade. Je suis ouvert à d'autres possibilités. Des partisans ailleurs en Amérique font des déplacements importants pour aller dans des stades de baseball, je trouve que le Stade n'est pas si loin de sa clientèle et qu'on devrait lui donner une autre chance.

«Ce que j'avais compris, c'est que c'était sorti de l'équation. Si c'est encore possible, une chose est sûre, c'est que ça rend le montage financier plus compliqué», offre-t-il comme réponse quand on lui a fait remarquer que le nouveau tracé du REM n'empêchait pas la construction éventuelle d'un stade au Bassin Peel.

Il ne bronche pas plus quand on lui souligne que le baseball majeur ne veut plus de dôme et qu'il privilégie le développement de quartiers autour de ses nouveaux stades.

«Je comprends que le MLB ne veut plus de toit fixe. Dans l'appel d'offres lancé par le gouvernement, cette solution fait partie des options. Voyons ce que ça donne. [...]  Est-ce qu'on peut plaider? Je plaiderais. Le Stade olympique, ça coûte moins cher que de construire un nouveau stade.»

Le chef de l'oppostion officielle a également indiqué que s'il remportait les prochaines élections, un gouvernement du Parti québécois participerait au projet du retour des Expos, mais à plusieurs conditions.

«Il faut que ça vienne avec une mobilisation des fans et du privée. Est-ce que l'État québécois doit aider? Oui. Mais il doit ajouter sa pierre à une construction qui est essentiellement privée et appuyée par les fans. Ça ne peut pas être la fondation. S'il en manque un petit bout et que ça fait la différence, un premier ministre du Parti québécois, dans cette situation-là, je serais prêt à faire une contribution pour aider à compléter un montage.»

M. Lisée propose par contre que les partisans de baseball québécois deviennent en majorité actionnaires de l'équipe, une solution qui n'est pas envisagée par le groupe Bronfman pour l'instant.

«C'est un modèle qui existe en Amérique du Nord, mais qui n'est pas très utilisé. J'aimerais que ça fasse partie du 'mix'. On verra ce qui nous sera proposé quand je serai au pouvoir, mais ça me satisferait grandement de savoir que les partisans eux-mêmes ont investi dans le partage financier. Je ne sais pas si c'est une hypothèse qui est envisagée par le groupe [de Stephen Bronfman], mais je les invite à regarder ça. Ça m'inclinerait encore davantage et ça assurerait la stabilité du club: tu es sûr que le club ne partira pas au plus offrant [quand les partisans sont engagés].»