Ellis Valentine était un extraordinaire joueur de baseball. On vantait son bras canon. Le voltigeur a gagné le Gant d'or dans l'uniforme des Expos en 1978. Il a laissé une marque indélébile dans le coeur des partisans montréalais entre 1975et 1981.

Pourtant, Ellis Valentine était un joueur troublé. Tout au long de sa carrière, il a combattu une dépendance à l'alcool et aux drogues.

«J'étais un enfant [il a commencé sa carrière à 20 ans seulement]. Comme enfant, tu fais parfois de mauvais choix. Comment savoir ce qui est bon ou ce qui est mauvais? Je n'avais pas un problème de drogue, j'avais un problème d'Ellis. Ellis ne savait pas quoi faire.»

Valentine a mis le pied bien malgré lui dans l'engrenage. À l'époque, explique-t-il, il a fait comme tout le monde. Il a traversé les années 60 et 70, quand «le sexe, la drogue et le rock'n'roll dirigeaient le monde. Ça faisait partie de la société».

Puis, un jour, c'est le déclic.

«J'ai calmé plusieurs de mes malaises avec ces remèdes. Je cherchais une solution. Quand j'ai découvert que les remèdes ne changeaient rien à mes malaises, pourquoi est-ce que j'aurais continué à les prendre? Je savais qu'il y avait des choses dans ma vie que je devais arrêter de faire.»

Valentine a choisi de se guérir lui-même dès le moment où il a remisé son gant en 1986. Il a suivi des thérapies quand il a compris, finalement, qu'il était prêt à recevoir de l'aide. Il savait qu'il devait changer de vie. Il a ensuite pris la décision de changer la vie des autres.

«Je suis allé chercher mon accréditation comme thérapeute et j'ai commencé à travailler à guérir les autres. J'ai pu aider des gens qui devaient passer par la même guérison que moi. J'ai fait ça durant 28 ans.»

Retraité... mais pas inactif

Après 13 ans comme thérapeute, il a lancé son propre organisme sans but lucratif pour aider les familles et la jeunesse dans la région de Lancaster, près de Los Angeles. C'est ce qu'il a fait durant les 10 années suivantes, avant de déménager à Dallas.

Il y vit aujourd'hui et il est retraité, mais certainement pas inactif. Toujours en grande forme à 63 ans, Valentine a mis sur pied un organisme pour tondre les pelouses des personnes âgées ayant un handicap.

«Plusieurs d'entre elles ne reçoivent que quelques centaines de dollars par mois avec leur aide du gouvernement. Je tonds des pelouses deux ou trois fois par semaine, je fournis ma part d'effort pour les aider. Je m'assure que le gazon ne dépasse pas la hauteur permise par la Ville pour ne pas qu'ils ne reçoivent de contraventions.»

Valentine est maintenant propre depuis plus de 30 ans. Il ne croit pas que sa dépendance ait gâché son talent, mais qu'elle a probablement réduit la durée de sa carrière. Surtout, il refuse de croire que ses démons étaient liés à son statut d'athlète.

«Tous les gens, quel que soit leur métier, ont des problèmes. Ce qui est différent est qu'on entre tous les jours dans les salons des gens par leur téléviseur, leur téléphone intelligent. Ils ont l'impression qu'on fait partie de leur vie. Ils sentent qu'ils peuvent avoir une opinion sur notre vie. C'est notre défi: les gens pensent qu'ils nous connaissent, mais c'est faux.»