«J'ai toujours pensé que de gagner la Série mondiale était la plus belle sensation qui soit. Jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à ce que je sois ici, parmi ces légendes.»

Livrée dans la dernière portion de son discours, Tim Raines a résumé de cette façon les sentiments qui l'ont habité, dimanche, alors qu'il a officiellement fait son entrée à Cooperstown en compagnie de Jeff Bagwell et Ivan Rodriguez, ainsi que des bâtisseurs John Schuerholz et Bud Selig.

Aux portes du Temple de la renommée du baseball, alors qu'on lui rendait le plus grand hommage qui soit, c'est à Andre Dawson, qui l'a présenté, que Raines a réservé ses remerciements les plus sentis.

«Je ne sais pas ce qui serait advenu de ma carrière si je n'avais pas rencontré Andre Dawson. À un certain moment, j'ai ressenti que j'avais besoin de quelqu'un pour me guider dans la bonne direction. Ce gars a été Andre Dawson.

«Ce n'était pas le genre de gars que vous pouviez simplement aborder pour lancer la conversation. Il a ce regard, cette moue. Vous deviez être préparé, et j'avais un peu peur! Finalement, je me suis décidé. Je me disais que ce gars représentait tout ce que je voulais être. C'est ce que je lui ai dit: je veux être comme toi. Il a fini par accepter et à compter de ce jour, je l'ai suivi. Merci beaucoup Andre Dawson, pour avoir fait de moi le joueur que je suis devenu. (...) Les six ou sept années que nous avons joué ensemble, gagne ou perd, c'était toujours bien. J'étais simplement heureux de t'avoir à mes côtés.»

Tiré à quatre épingles dans un complet foncé à fines rayures, chemise claire rayée et cravate jaune, Raines a remercié plusieurs des coéquipiers qui ont partagé ses 23 années dans le Baseball majeur, que ce soit Frank Thomas à Chicago, Wade Boggs à New York, ou bien Gary Carter, Warren Cromartie, Tim Wallach, Ellis Valentine et Steve Rogers à Montréal.

«Nous avons joué de nombreuses années ensemble, a-t-il dit au sujet de Wallach. Merci d'avoir été un grand coéquipier, mais surtout un grand ami.

«Quant à Gary Carter, a-t-il ajouté avant de prendre une pause. Dieu sait qu'il me regarde présentement et qu'il doit dire: «T'as réussi, le jeune!'. Il m'a montré comment être prêt à chaque jour. Ce gars jouait au baseball de la façon dont ça devait l'être.»

Raines n'a pas manqué de saluer le journaliste d'origine montréalaise Jonah Keri, qui a mené une grande cabale auprès des électeurs afin de leur faire réaliser tout l'impact de Raines, tel que démontré par les statistiques avancées.

L'influent Keri, qui collabore avec plusieurs médias américains, a été très touché - et gêné - par cette marque de reconnaissance.

Émouvant discours

Explosif et exubérant tout au long de sa carrière, Raines a montré une facette de sa personnalité peu connue de ses partisans en livrant un émouvant discours sur la scène du Clarke Sports Center.

«Je viens de passer six merveilleux mois depuis que j'ai reçu l'appel que j'attendais depuis si longtemps, a-t-il dit en retenant ses larmes au sujet de ses 10 années passées à espérer obtenir le nombre suffisant de voix. Ce jour est finalement arrivé.»

Il est devenu particulièrement ému quand est venu le temps de remercier ses parents, ses quatre enfants, ainsi que sa conjointe, Shannon.

«Je m'excuse. J'ai attrapé un rhume. Voyons voir si vous avalerez cela!», a-t-il blagué.

Raines s'est aussi excusé auprès des partisans francophones des Expos.

«J'ai tenté pendant 25 ans de parler votre langue. Ce n'est pas encore à point», a-t-il tout d'abord lancé en anglais, avant de rater ses salutations en français.

«Je viens encore de massacrer tout ça! Pourtant nous l'avions pratiqué toute la soirée», a lancé Raines à l'intention de sa conjointe, tout en faisant semblant de se gifler. Les nombreux partisans des Expos sur place - Expos Nation avait nolisé quatre autobus, sans compter les centaines d'autres qui s'y étaient rendus par leurs propres moyens - ne lui en ont pas tenu rigueur et l'ont chaleureusement applaudi.

Ces partisans ont d'ailleurs été particulièrement bruyants, scandant des «Let's go Expos!» bien sentis après que le commissaire Rob Manfred eut lu sa plaque au nouveau membre.

Même Moises Alou, venu pour assister à l'intronisation de son bon ami Jeff Bagwell, avait choisi une casquette des Expos comme couvre-chef. L'ex-premier-but des Astros n'a pas manqué de le lui faire remarquer au cours de son discours.