Ozzie Smith se rappelle trop bien ce que signifiait affronter Tim Raines et les Expos de Montréal au début des années 1980.

Avec les Padres de San Diego d'abord puis avec les Cardinals de St. Louis, alors dans la section Est, Smith a souvent livré bataille à la formation montréalaise. Il s'est rappelé à quel point ce n'était pas de tout repos, vendredi.

«Les équipes étaient composées différemment à cette époque, a raconté Smith en marge de la clinique de baseball annuelle qu'il tient lors du week-end d'intronisation du Temple de la renommée du baseball. Les Expos étaient l'un de ces clubs qui misaient énormément sur la vitesse.

«Tim était quant à lui une menace constante au sein de cette équipe, ce qui est toujours le cas quand tu as de la vitesse comme ça. En plus, il ne se faisait pas souvent retirer sur des prises, alors naturellement, ça mettait de la pression sur la défense. Soit il frappait un coup sûr, soit il obtenait un but sur balles. Nous devions alors nous occuper de tout ça, et il n'y avait pas de place à l'erreur.»

Ryne Sandberg, l'ex-deuxième-but vedette des Cubs de Chicago intronisé en 2005, tenait également Raines en haute estime.

«"Rock" était un catalyseur au haut du rôle offensif. (...) À titre de joueur d'avant-champ, quand vous jouiez contre lui, vous tentiez d'abord de l'empêcher d'atteindre les buts, mais il s'y rendait plus souvent qu'autrement! Il nous gardait sur le bout de nos orteils; on ne savait pas ce qui allait se passer avec lui. Vous vous doutiez qu'il allait voler et se placer en position de marquer pour des gars comme Andre Dawson ou Al Oliver, qui le suivaient dans le rôle. Il donnait vraiment le ton à cette attaque, mais il était aussi très bon défensivement. Ce n'est pas sans raison qu'il sera finalement admis ici.»

«J'ai joué avec Vince Coleman, qui était aussi un marchand de vitesse, ajoute Smith, qui a fait son entrée à Cooperstown en 2002. Mais dans le cas de Raines, il pouvait vous battre de plusieurs façon: avec son bâton, son bras. C'était un joueur exceptionnel. D'ailleurs, les Expos étaient reconnus pour avoir d'excellents dépisteurs. Ils ont déniché Dawson, (Ellis) Valentine, (Gary) Carter, (Tim) Wallach, (Vladimir) Guerrero, entre autres. Ils étaient le réseau de filiales du Baseball majeur! Ils avaient d'excellents clubs-école.

«Je suis vraiment content qu'il soit à Cooperstown. J'en suis fier.»

Le baptême du «Big Unit»

Randy Johnson, admis au Temple en 2015, a brièvement joué avec Raines lors de son rappel en 1988, puis de nouveau avant de passer aux Mariners de Seattle en 1989. C'est le voltigeur des Expos qui l'a affublé de son surnom du «Big Unit», qui orne sa plaque à Cooperstown.

«Je venais de me retrouver dans les Majeures et j'étais ébahi par tout ce que j'y voyais, a déclaré Johnson aux abords du terrain de Cooperstown, qui n'est pas sans rappeler celui du film Field of Dreams. Alors qu'il circulait la tête basse près de la cage des frappeurs, Raines m'est entré dedans. En se levant la tête jusqu'au haut de mes six pieds dix, il m'a appelé la "Big Unit". Le surnom est resté!»

Johnson admet candidement ne pas se souvenir tant que ça des présences au bâton de Raines contre lui, quand le voltigeur est passé à la Ligue américaine, d'abord avec les White Sox de Chicago, puis avec les Yankees de New York. Mais il se souvient de la bonne humeur caractéristique de Raines.

«Une chose qui m'a frappé chez "Rock", c'est qu'il avait toujours un grand sourire aux lèvres. Nous étions tout le contraire là-dessus: je tentais toujours de faire peur, d'intimider les gens! Lui, il passait son temps à sourire.

«Comme je connaissais sa personnalité, quand j'ai eu à l'affronter au cours de ma carrière, c'était difficile d'adopter cette attitude renfrognée au monticule. C'était difficile d'être très sérieux contre lui! Nous savons tous ce qu'il a fait comme joueur - c'est pourquoi il est ici - mais comme personne, c'était un gars terre-à-terre, qui aimait s'amuser.

«Je suis vraiment très heureux pour tous les nouveaux intronisés, mais comme j'ai joué avec lui pour une courte période au début de ma carrière, je suis vraiment heureux pour lui, mais aussi pour Montréal: c'est important que la ville soit toujours représentée même si elle n'a plus d'équipe.»