Aaron Judge n'aime pas les feux de la rampe. Il tente jour après jour de détourner l'attention, étant plus confortable pour discuter des exploits de ses coéquipiers que des siens. Mais quand on l'a informé des propos qu'a tenus Derek Jeter à son endroit, Judge a semblé touché.

«C'est incroyable, surtout venant d'un gars que j'ai adulé pendant des années, a dit Judge mercredi. De l'entendre dire cela, c'est spécial. Ça rend très humble.»

La sensation new-yorkaise de six pieds, sept pouces a catapulté une balle à 435 pieds du marbre pour son 13e circuit de la saison, un sommet dans les Majeures, mercredi, face aux Blue Jays de Toronto. La recrue a aussi amorcé la remontée des siens à l'aide d'un simple, connaissant le premier match de trois coups sûrs de sa carrière dans le gain de 8-6.

Judge a été nommé la recrue du mois d'avril dans l'Américaine. Avec une moyenne de ,330/,433/,818 et 27 points produits, il s'est révélé le visage des «Bébés Bombardiers».

Il y a un son assourdissant quand la balle rencontre son bâton Chandler de 35 pouces et 33 onces. Souvent, elle franchi de longues distances. Judge court bien pour un athlète de 280 livres. Défensivement, il a capté des balles en plongeant et s'est permis de retirer quelques coureurs jusqu'ici. Joueur au style agressif, ses deux genoux étaient enveloppés dans la glace quand il a rencontré les reporters.

Jeter, le visage de la formation des Yankees de 1995 à 2014 et lors de la conquête de ses cinq dernières Séries mondiales, sera honoré au cours du prochain séjour à domicile. Son numéro 2, le dernier inférieur à 10 techniquement toujours disponible, sera retiré par l'organisation le 14 mai. Une plaque en son honneur sera également dévoilée dans Monument Park, derrière le champ centre.

Judge ne pourrait pas être plus éloigné de Jeter qu'il ne l'est: il porte le no 99, seulement le troisième Yankee, après Charlie Keller en 1952 et Brian Bruney en 2009. Mais il est doté de la même modestie.

«La bonne chose chez lui c'est que vous pouvez déceler, par son attitude et son comportement, qu'il veut s'améliorer. Il veut être meilleur et se comporte de la bonne façon, sur le terrain comme à l'extérieur, a déclaré Jeter sur une entrevue mise en ligne sur le site des Yankees cette semaine. C'est ce qui fait de moi l'un de ses partisans.»

Judge, qui a eu 25 ans la semaine dernière, a pu discuter avec Jeter au complexe d'entraînement des Yankees, en février.

«Il m'a souvent répété de rester calme, que j'allais connaître des séquences de 0 en 20, 0 en 25, ou 0 en 30, s'est rappelé Judge. Puis il m'a dit que j'aurais des mois au cours desquels je verrais la balle grosse comme un melon d'eau. À travers tout cela, le plus important pour lui était de garder la même attitude, les mêmes habitudes de travail. Il m'a rappelé qu'une saison, c'est long et qu'on peut connaître des hauts et des bas. Que l'important, c'était d'aider l'équipe à gagner et que c'est là-dessus que je devais me concentrer.»

Jeter s'est quant à lui rappelé que Judge était tout ouïe

«Je suis heureux de constater qu'il connaît du succès, a dit Jeter. Vous voulez qu'il poursuive dans cette veine. Vous savez aussi que plus il connaîtra du succès, plus les attentes seront élevées.»

Judge a joué son premier match avec les Yankees le 13 août dernier, frappant un circuit à sa première présence au bâton. Il a frappé quatre circuits en 84 présences, mais il a aussi été retiré sur trois prises 42 fois avant qu'il ne subisse une élongation aux obliques, le 13 septembre, mettant fin à sa saison, en plus de préserver son statut de recrue.

Relatif anonymat

Cette saison, la foule du Yankee Stadium s'anime quand il s'avance vers le marbre. Déjà, des partisans l'accueillent en scandant: «M-V-P! M-V-P!».

Malgré tout, Judge dit être encore en mesure de se promener en ville sans contrainte. On lui demande davantage d'égoprotraits que d'autographes, quand on l'arrête.

«Les gens sont occupés. Ils ont des trucs à faire, explique-t-il. Parfois, ils me demandent comment je vais, mais se dépêchent d'ajouter qu'ils doivent se rendre au bureau ou des trucs du genre.»

Il tente toujours de s'adapter à son nouveau chez-soi.

«J'apprends à connaître la ville. Je marche beaucoup, je sors manger, j'essaie plein d'endroits, raconte-t-il. Le meilleur conseil qu'on m'a donné, c'est de choisir une direction, gauche ou droite. Après quelques coins de rue, si je n'ai rien trouvé, on m'a dit de retourner sur mes pas et de partir dans l'autre direction.»