Avec le bruit des trompettes, des tambourins et des spectateurs en liesse, l'atmosphère au Marlins Park sera digne d'un carnaval pendant la Classique mondiale de baseball (CMB), cette semaine. Mais tout ça sonne faux aux oreilles des dirigeants d'équipes des ligues majeures.

Les matchs de la Classique donnent souvent lieu à un effort maximal, et c'est précisément ce qui inquiète les décideurs des grandes ligues.

« Il y a un risque de blessure », a résumé le gérant Dusty Baker, des Nationals de Washington.

« Je pense que la plupart des gérants aimeraient mieux que leurs joueurs n'y participent pas, ajoute celui des Blue Jays de Toronto, John Gibbons. Mais le tournoi a été bénéfique pour le baseball. »

La CMB, qui a commencé lundi en Corée du Sud, attire des foules animées et bruyantes, ce qui enchante les joueurs. Mais elle se déroule peu après le début des camps d'entraînement, et les joueurs n'ont pas tendance à mettre la pédale douce. Tout ça moins d'un mois avant le début de la saison régulière du baseball majeur (dans le cas de la finale, on parle d'une dizaine de jours seulement).

La peur d'une blessure est devenue un incontournable de l'événement, au même titre que les élans patriotiques.

« L'intensité du jeu, du début à la fin, et le dévouement des partisans, même les plus loin de l'action, ce ne sont pas des choses qui nous sont familières à ce temps-ci de l'année », fait valoir le gérant A.J. Hinch, des Astros de Houston.

L'arrêt-court Hanley Ramirez, des Red Sox de Boston, a dû être opéré au pouce après s'être blessé en finale en 2013.

On soupçonne aussi des effets latents, mais c'est plus difficile à cerner. Il reste qu'après le tournoi de 2009, Edinson Volquez, Jake Peavy, Daisuke Matsuzaka et Scot Shields ont figuré parmi une vingtaine de lanceurs éprouvés par des blessures.

Volquez, qui joue avec les Marlins, s'y trouve de nouveau cette année. Le Dominicain admet que la CMB change la façon dont il se prépare pour la saison.

« Ce n'est pas la Ligue des cactus ou des pamplemousses, dit-il. Vous livrez bataille à un autre pays, alors vous y mettez beaucoup d'efforts. »

Certains joueurs, comme Marcus Stroman et Dellin Betances, ont commencé leur entraînement personnel plus tôt durent l'hiver, en sachant qu'ils vont passer moins de temps que d'autres en Floride, avant la saison régulière.

« Vous n'avez pas tant de matchs que ça avant la Classique, a dit Betances. Mais je pense que l'adrénaline va entrer en ligne de compte. Je vais être prêt. »

Les Américains comptent sur 18 joueurs qui ont pris part au match des étoiles, deux qui ont été le joueur le plus utile, et neuf qui ont obtenu un Gant d'or. Les autres clubs ont aussi leur bonne part de joueurs des ligues majeures.

« C'est un honneur pour moi d'être choisi. Nous n'avons pas souvent la chance de représenter notre pays, a dit le Portoricain Roberto Perez, receveur avec les Indians de Cleveland. Il va toujours y avoir des blessures. C'est un risque, mais c'est aussi une occasion unique de jouer pour votre pays. »

Le gérant des Marlins de Miami, Don Mattingly, fait remarquer que le côté intense de la Classique peut avoir un bon côté, comme amener les joueurs à raffiner leurs habiletés.

Hinch mentionne la valeur de ce vécu pour des jeunes tel que son joueur d'avant-champ Alex Bregman, qui en sera cette année à sa première saison complète dans le baseball majeur.

« Je pense qu'il faut séparer l'anxiété du gérant de ce qui peut être vécu, a dit Hinch. Bregman va être comme un petit garçon dans un magasin de bonbons avec tous les joueurs étoiles autour de lui. C'est de l'expérience qui est dure à quantifier. »