Vers la fin de sa vie, il n'y avait plus beaucoup de choses qui captaient l'attention d'Helen Weithman. Les souvenirs qu'elle avait récoltés en 98 ans lui glissaient tranquillement entre les doigts. Quand Kathleen Strobel lui parlait, elle devinait par le regard vide de sa mère qu'elle ne comprenait pas vraiment ce qu'elle lui racontait.

Puis est arrivée la Série mondiale.

«Elle s'est éveillée quand ç'a commencé et qu'ils diffusaient les matchs des Cubs, a expliqué Strobel. Quand nous avons commencé à en parler, elle s'est rappelé que l'équipe n'avait pas gagné depuis sa naissance. C'est probablement la dernière chose que nous avons partagé avec elle parce qu'elle est décédée le 29 novembre.»

Strobel ne sait pas si l'espoir de voir ses Cubs remporter la Série mondiale a permis à sa mère de vivre un peu plus longtemps. Les études ont longtemps démontré que personne ne pouvait choisir de vivre plus longtemps pour atteindre un certain évènement comme les anniversaires, le Temps des fêtes, un mariage ou la Série mondiale.

Pourtant, plusieurs familles de certains partisans des Cubs de Chicago sont convaincues que l'être cher a tenu le coup plus longtemps pour voir l'équipe décrocher un premier titre en 108 ans.

Robert Matijevich n'est pas vraiment au courant des études. Il sait seulement ce qu'il a vu à son domicile du nord de Chicago où il habitait avec son père.

«Il était vraiment sur la pente descendante, mais durant la Série mondiale, il mangeait mieux et il dormait plus, a dit Matijevich à propos de son père de 88 ans, John. Quand les Cubs ont gagné, il a dit: "Ils l'ont fait durant ma vie", et il est allé au lit.» Il est mort cette nuit-là.

Est-ce que John a vécu plus longtemps pour voir les Cubs remporter la Série mondiale?

«Je crois vraiment que c'était la raison. Je le crois vraiment», a déclaré son fils.

En 2004, alors que Boston savourait son premier championnat en 86 ans, les biostatisticiens de l'Université Ohio State ont avancé que toutes ces histoires ne pouvaient être reliées au désir d'une personne d'attendre avant de mourir. Leur étude concluait qu'il n'y avait aucune preuve que des patients atteints de cancer ont combattu pour vivre plus longtemps.

«On entendait souvent ça, qu'une infirmière disait qu'un patient avait attendu jusqu'à Noël, et c'est une belle histoire», a avoué l'un des co-auteur de l'étude. Ce qui est plus probable, a-t-il dit, est expliqué dans une autre étude qui démontre que les gens se souviennent davantage des bons moments que des mauvais. Cela signifie que les infirmières sont plus susceptibles de se souvenir des patients qui ont tenu bon que de ceux qui sont décédés avant un évènement en particulier.

Young a toutefois reconnu que certains patient peuvent manger mieux, prendre leurs médicaments et beaucoup de repos dans l'espoir d'atteindre une certaine étape. Et il ne sous-estime pas la valeur des sourires et le soulagement général des partisans des Cubs, la nuit du 2 novembre, lorsque Anthony Rizzo a enregistré le dernier retrait du septième et ultime match contre les Indians de Cleveland.

Il ne faut pas oublier selon lui, qu'au moins pour un petit bout de temps, les Cubs ont égaillé le quotidien de ceux qui n'avaient plus que quelques heures ou quelques journées à vivre.