C'est pour cela que Ben Zobrist est revenu à la maison. Et c'est pourquoi le gérant Joe Maddon le voulait tant dans sa formation.

Les Cubs de Chicago avaient besoin d'un vétéran ayant goûté à la victoire afin de partager son expérience à leurs jeunes joueurs étoiles. Quelqu'un qui l'avait déjà vécu, qui ne se souciait guère des disettes et des malédictions. Qui savait ce que Maddon voulait et qui savait comment le mettre en application.

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Alors qu'il venait tout juste de gagner la Série mondiale avec les Royals de Kansas City l'an dernier, Zobrist se cherchait un endroit pour écouler les dernières années d'une carrière jusqu'ici bien remplie. Quel meilleur endroit que Chicago, à deux heures de route de l'endroit où il a grandi?

Tôt jeudi matin, Zobrist s'est retrouvé dans la boîte des frappeurs au début de la 10e manche du septième match de la Série mondiale, deux prises contre lui et deux coureurs sur les sentiers. Le frappeur ambidextre de 35 ans a alors fait quelque chose qui peut servir à résumer tout l'amour que lui porte Maddon.

Zobrist a raccourci son élan. Il a frappé une fausse balle pour demeurer en vie. Le prochain lancer a produit le plus important coup sûr des 108 dernières années des Cubs, un double le long de la ligne du troisième qui a poussé le coureur suppléant Albert Almora fils au marbre et donné les devants 7-6 aux Cubs.

Non seulement les Cubs ont-ils remporté leur première Série mondiale depuis 1908, mais ce coup sûr a valu le titre de joueur par excellence de la série à Zobrist.

«C'est un sport d'équipe et je n'arrive pas à croire que j'aie la chance de tenir ce trophée», a-t-il dit.

Le releveur des Indians Bryan Shaw a accordé un but sur balles intentionnel au frappeur de puissance Anthony Rizzo pour affronter Zobrist, qui pourtant, frappait pour ,391 en Série mondiale avant la rencontre. Il avait toutefois été blanchi en quatre présences au marbre dans ce match ultime. Shaw a rapidement pris les devants 1-2 avant que Zobrist - frappant du côté gauche - ne pousse une balle hors ligne, tout juste hors de portée de Jose Ramirez, qui a plongé vers la la ligne du troisième. Le prochain lancer a donné sensiblement le même résultat. À une importante différence près: la balle était du bon côté de la ligne au troisième.

Dans une situation où plusieurs de ses coéquipiers auraient tenté de frapper la balle dans la stratosphère, Zobrist s'est contenté de faire contact.

Lui qui exprime rarement ses émotions sur le terrain, il a pointé les doigts au ciel après son 10e coup sûr de la série, qui a semé l'hystérie chez les nombreux partisans des Cubs réunis au Progressive Field.

«Je sais qu'il lance une très bonne rapide coupée, a expliqué Zobrist. J'ai tenu bon jusqu'à ce qu'il en lance une suffisamment près du marbre pour que je puisse la pousser le long de la ligne.»

Lorsque Zobrist a récupéré son gant pour aller patrouiller le champ gauche, les Cubs détenaient une avance de deux points. Moins de 10 minutes plus tard, Zobrist s'est précipité vers l'avant-champ afin d'entamer les festivités en compagnie de ses coéquipiers. C'était la deuxième fois en autant d'automnes que Zobrist se retrouvait submergé de cette joie.

«Ben est un gagnant, avait déclaré le vice-président aux opérations baseball des Cubs, Theo Epstein, au moment de lui accorder un contrat de quatre ans et 56 millions de dollars US l'an dernier. Au bâton, en défensive, sur les sentiers: il a été l'un des joueurs les plus utiles des dernières années.»

Il s'est aussi présenté au Wrigley Field sans égo. Maddon s'est amusé avec le joueur qu'il a appris à connaître à Tampa Bay en le faisant jouer partout. Si Zobrist a surtout évolué au deuxième but, il a aussi patrouillé les champs gauche et droit. Toujours sans se plaindre et en ayant en tête le grand objectif de l'équipe.

Après que Rajai Davis eut lui aussi semé l'hystérie parmi les partisans des Indians avec un dramatique circuit de deux points aux dépens du releveur numéro 1 Aroldis Chapman en huitième et la pause de 17 minutes en raison de la pluie au début de la 10e, les Indians ont défié Zobrist de faire la différence.

Comme toutes les fois où les Cubs ont fait appel à ses services cette saison, Zobrist l'a fait.