En retard 2-0 en série de division de la Ligue américaine, le gérant des Blue Jays de Toronto John Gibbons ne semblait pas aussi détendu qu'à l'accoutumée dans son bureau du Globe Life Park.

La toux persistante découlant de sa grippe était indubitablement la cause de son air morose. Mais la situation dans laquelle se trouvaient les Blue Jays n'aidait pas. Une autre contre-performance et leur saison de rêve était terminée.

«Ça s'est produit rapidement, a admis Gibbons. Je crois qu'il y a une semaine aujourd'hui nous étions assis à Tampa pour prendre la photo (de couverture) du magazine Sports Illustrated

Deux matchs plus tard, la série entre les Rangers du Texas et les Blue Jays est égale et les Torontois auront l'opportunité mercredi d'envoyer les Texans en vacances dans leur propre stade. Pour l'occasion, Gibbons enverra Marcus Stroman sur le monticule pour y affronter l'as Cole Hamels. Hamels fut le joueur par excellence de la Série mondiale en 2008, tandis que Stroman effectuera son deuxième départ en séries éliminatoires en carrière.

Pour se retrouver dans cette situation, Gibbons a dû prendre quelques décisions difficiles en cours de route, où trois défaites en séries éliminatoires peuvent rapidement faire oublier une saison régulière de 93 victoires.

Avant le troisième match, on lui a demandé si sa première incursion dans l'après-saison s'était révélée plus difficile que prévu.

«J'ignore si c'est plus difficile que je ne l'imaginais, mais c'est de toute évidence plus intense. Je ne sais pas. Je ne peux répondre à cette question pour le moment. J'ai apprécié chaque minute de cette expérience, mais de toute évidence les émotions sont très différentes de celles qu'on ressent pendant les matchs du calendrier régulier», a-t-il ajouté.

«Mais ça reste du baseball. Tu dois encore exécuter les jeux, et faire ce que tu dois faire.»

À l'approche des séries éliminatoires, Gibbons a pris soin de ses joueurs.

Il les a laissés célébrer le retour de la concession en séries éliminatoires. Il leur a donné du temps pour récupérer. Il a offert la balle au vétéran LaTroy Hawkins lors du match qui a confirmé la conquête du titre de la section est de la Ligue américaine. Et pour témoigner encore un peu plus de son respect, il a offert un départ supplémentaire à Mark Buehrle afin qu'il atteigne le plateau des 200 manches lancées pour une 15e saison consécutive.

Puis, tandis que la survie de l'équipe était en jeu lundi, Gibbons a pris les décisions qui s'imposaient.

Même si ses hommes menaient 7-1, il a retiré R.A. Dickey de la butte après qu'il eut concédé un simple après deux retraits en cinquième manche, empêchant ainsi le spécialiste de la balle papillon d'enregistrer la victoire à son premier départ en carrière en séries éliminatoires.

Il a donné la balle à David Price, le partant du premier match qui devait maintenant oeuvrer en relève.

Les deux joueurs espéraient pouvoir revenir à Toronto pour disputer le match ultime de cette série, et aucun d'entre eux ne semblait trop fâché de la situation. Gibbons a cependant laissé entendre mardi que Price «n'est pas ici pour être exploité», et a précisé qu'il ne comptait pas sur la présence du gaucher étoile pour le cinquième match présenté au Rogers Centre. Les options parmi les gauchers seront donc rares mercredi après-midi pour Gibbons.

Brett Cecil étant blessé et l'autre gaucher Aaron Loup étant absent pour des motifs familiaux, Gibbons disposait de très peu d'options pour affronter les Rangers, dont la formation était composée de cinq frappeurs gauchers.

Lorsqu'il a été chassé du match, Dickey était confronté au coeur de la formation des Rangers. Le gaucher Shin-Soo Choo et Adrian Beltre, qui ont réussi un total de quatre coups sûrs pendant le match, étaient suivis des gauchers Prince Fielder et Mitch Moreland, tout juste devant Josh Hamilton.

«Nous voulions absolument éviter que les gars se retrouvent sur les buts, a dit Gibbons. Choo s'est présenté à la plaque. Et R.A. est reconnu pour allouer de nombreux ballons, donc il aurait pu sortir la barre du terrain. Si ça c'était produit, alors ils auraient pu revenir dans le match.»

Dickey a été interrogé à savoir s'il considérait la décision du gérant de le retirer comme étant un manque de confiance dans ses moyens.

«J'espère que non, a-t-il répondu. Je détesterais croire que c'est le cas. C'est bien de savoir que le gérant a confiance en toi.

«Aujourd'hui, la situation était précaire, vous savez? C'est un match sans lendemain, vous savez. On dispose d'un bazooka (Price) dans l'enclos, donc il faut regarder les deux côtés de la médaille et être le plus diplomate possible.»

«C'est ce qui est bien avec notre équipe, a poursuivi le joueur de premier but Chris Colabello. Nous n'avons pas à nous fier sur un seul gars. Nous n'avons pas à nous fier sur un seul frappeur. Nous n'avons pas à nous fier sur un seul lanceur. Je crois que c'est ce qui fait que notre formation est si spéciale.»

«Une victoire d'équipe, c'est ça que je veux», a conclu Gibbons.

Mission accomplie.