Pour les amateurs de baseball, la légende de Yogi Berra ne sera jamais finie.

L'ancien receveur-étoile des Yankees de New York, reconnu autant pour ses sympathiques envolées orales - les «Yogismes» - que pour ses 10 conquêtes de la Série mondiale, est décédé mardi. Il était âgé de 90 ans.

Berra, dont le nom a autant servi à remplir le livre des records que le Bartlett's Familiar Quotations est mort de cause naturelle à son domicile du New Jersey, a déclaré Dave Kaplan, directeur du Musée et Centre d'apprentissage Yogi Berra situé à Little Falls, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de New York.

«Nous sommes profondément attristés par la perte de la légende des Yankees et un héros américain», ont écrit les Yankees sur leur compte Twitter.

En plus d'avoir été trois fois joueur par excellence de l'Américaine, Berra a joué plus de matchs en Série mondiale que tout autre joueur de l'histoire du baseball. Mais pour plusieurs, c'est en raison  de ses «Yogismes» qu'ils s'en souviendront.

«Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini», est l'une des huit citations célèbres contenues dans le livre de Bartlett.

«Quand je suis assis à la table avec le reste de la famille pour le souper, une idée me vient en tête et je la dis. Ensuite, ils me disent tous: "Papa, tu viens d'en dire une autre". Mais moi, je n'ai aucune idée de ce que je viens de dire», insistait Berra.

Petit, trapu, à la bouille sympathique, Berra a été un des grands Yankees, aidant l'équipe à atteindre 14 fois la Série mondiale au cours de sa carrière de 18 saisons.

«Bien que nous soyons attristés par le décès de notre père, grand-père et arrière-grand-père, nous savons qu'il a retrouvé maman, a indiqué la famille Berra par communiqué. Nous allons célébrer sa vie remarquable et sommes heureux qu'il ait touché tant de gens. Il va grandement nous manquer.»

Lawrence Peter Berra, fils de Pietro et Pauline Berra, des immigrants italiens, est né à St. Louis, le 12 mai 1925. Il a grandi dans le quartier italien de la ville, The Hill, en compagnie de trois frères et une soeur. C'est là qu'on lui a donné son surnom, après une soirée entre copains au cinéma. Dans ce film, l'un des personnages s'appelait Yogi. «Les gars m'ont toujours appelé comme ça depuis.»

Il a dû abandonner l'école en huitième année afin d'aider à subvenir aux besoins de la famille. Il a travaillé dans un dépôt de charbon, comme chauffeur de camions et dans une fabrique de chaussures. Mais il a toujours continué à jouer au baseball au niveau amateur.

Jeune, Berra était tout sauf un athlète. Grassouillet et lent, les Cardinals l'ont rejeté après un essai en 1943, mais un dépisteur des Yankees a perçu son potentiel. Sa première saison professionnelles à Norfolk, en Virginie, a été interrompue par la Deuxième Guerre mondiale.

Berra a servi sur une canonnière, notamment lors du Jour-J, en 1944. Il a atteint les majeures tard dans la saison 1946 - le 22 septembre, 69 ans jour pour jour avant son décès - et a frappé un circuit dès sa première présence au bâton. Il ne quittera les Yankees qu'après la saison 1963, côtoyant notamment les Joe DiMaggio, Mickey Mantle et Whitey Ford.

Il s'est révélé au monde du baseball en 1948, alors qu'il a maintenu une moyenne de ,315 avec 14 circuits et 98 points produits cette saison-là.

Berra a ensuite participé à 15 matchs des étoiles consécutifs et a été joueur par excellence de l'Américaine en 1951, 1954 et 1955. Il n'a jamais commis d'erreur dans un match des étoiles ou en Série mondiale. Il détient d'ailleurs les marques pour le plus grand nombre de matchs joués (75) et les coups sûrs (71) en Série mondiale. Il a été le receveur du seul match parfait de l'histoire de la Série mondiale, celui de Don Larsen, en 1956.

Il a toujours été un favori des amateurs, particulièrement des jeunes. Le personnage de Yogi Bear a d'ailleurs été nommé en son honneur.

Au cours de son illustre carrière, il a réussi 358 coups de circuit et produit 1430 points en saison régulière. Après sa carrière de joueur, Yogi Berra a été instructeur et gérant pour les Yankees, les Mets de New York et les Astros de Houston. Il a pris sa retraite du baseball en 1989.

En 1972, il a été intronisé au Temple de la renommée du baseball. Cette année là, le dossard numéro 8 qu'il portait a été retiré par les Yankees. Il figure parmi les quelques légendes des Yankees honorées par des plaques leur étant dédiées au Monument Park, au Yankee Stadium.

Yogi Berra était veuf depuis mars 2014 après 65 ans de mariage avec son épouse Carmen. Le couple a eu trois fils; l'un d'eux, Dale, a joué pour trois équipes du Baseball majeur, tandis que Tim a joué une saison pour les Colts de Baltimore. Lawrence fils est le troisième.

Sa femme lui a un jour demandé où il souhaiterait être enterré: St. Louis, New York, ou Montclair, au New Jersey, où il a résidé avec sa famille.

«Je ne sais pas, lui a-t-il répondu. Pourquoi tu ne me ferais pas une surprise?»

Les Yankees porteront son no 8 sur leur manche afin de l'honorer dans le dernier match de leur série contre les Blue Jays de Toronto, mercredi soir.

Photo archives AP

Yogi Berra avec les Yankees de New York en 1962.