Il n'y a pas que parmi les amateurs de baseball que l'éventuel retour des Expos crée de l'engouement. L'intérêt est bien réel au sein de la communauté des affaires montréalaise.

Quelques semaines après la visite du maire Denis Coderre au commissaire du Baseball majeur à New York et sa demande de présenter des matchs de la saison régulière à Montréal, Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, croit même que l'intérêt est encore plus prononcé parmi les gens d'affaires.

«Présentement, il n'y a plus personne parmi les gens d'affaires qui ne soit pas au courant de ce dossier, a-t-il révélé dans un entretien accordé à La Presse Canadienne. Ce dossier progresse. Tout le monde a vu l'engouement du maire. Et quand le maire annonce son intention d'attirer des matchs réguliers du baseball majeur, ça ne peut qu'attiser l'intérêt de la communauté des affaires et des gens en général.»

«Nous avons été agréablement surpris. Nous avons parlé à quelques gens d'affaires qui se sont montrés très intéressés à faire partie du projet. Des gens importants, mais je ne peux pas en dire plus pour l'instant, a pour sa part ajouté Warren Cromartie, qui dirige Projet Baseball Montréal et qui est l'instigateur de ce grand projet.

«Nous sommes affairés à monter notre structure financière. Nous allons nous rencontrer bientôt et continuer à faire ce que nous faisons déjà: travailler discrètement, ajoute-t-il. L'identité de ces gens d'affaires demeurera secrète tant qu'ils ne décideront pas qu'ils veulent que leur implication soit dévoilée.»

Une autre source bien au fait du dossier a d'ailleurs indiqué que des gens d'affaires «avec des moyens très importants» ont démontré «un grand intérêt», mais qu'il est pour l'instant trop tôt dans ce dossier pour confirmer l'importance de leur implication.

«Je sais qu'il y a des gens intéressés à investir des sommes importantes, a renchéri Leblanc. Le défi demeure la facture totale et la structure que prendra tout ça. Ça prend un porteur de ballon. Si on prend l'exemple du Canadien, personne ne doute que Geoff Molson est le leader de l'organisation, mais qu'il y a d'autres investisseurs derrière Molson-Coors.»

«Nous n'avons pas de modèle pour l'instant. Nous parlons et écoutons ceux avec qui nous devons le faire, a de son côté indiqué Cromartie. Présentement, nous avons un bon groupe, nous arriverons à cette phase à un moment donné. Mais pour l'instant, nous n'y sommes pas. Une chose dont nous serons très fiers dans ce dossier, c'est que nous aurons un groupe de propriétaires forts. Nous n'aurons pas plusieurs chefs; nous aurons un groupe aussi solide que lorsque Charles Bronfman était le propriétaire.»

Une rencontre «pas anodine»

Pour Leblanc, toutes les étapes franchies jusqu'ici se sont avérées positives. Un point tournant aura été cette rencontre entre MM. Coderre et Rob Manfred, commissaire du Baseball majeur.

«Entre le moment où nous avons entamé nos travaux et aujourd'hui est arrivé un nouveau maire qui est non seulement un amateur de baseball, mais qui prend le leadership. (...) Les gens cherchaient à savoir ce qui s'était dit entre Coderre et Manfred. Moi, j'ai attiré l'attention sur l'importance de la rencontre elle-même: le maire d'une ville qui va à New York pour discuter de baseball avec le commissaire, ce n'est pas anodin. Ça n'arrive pas systématiquement et c'est positif.

«D'ailleurs, jusqu'ici, à chacune des étapes, des sceptiques sont confondus. Objectivement, chacune de ces étapes nous permettent de dire que le dossier progresse.»

«Il y a un bel engouement envers ce projet, a enchaîné Cromartie. À Montréal, mais aussi dans le reste du Canada et au sud de la frontière. Quand vous avez un projet comme cela, il faut le laisser grandir, laisser travailler les gens en coulisses et que ceux de l'extérieur continuent de l'appuyer. Ce sera bon pour cette ville, économiquement et socialement.

«Rob Manfred est l'homme qu'il faut pour Montréal et je suis enchanté par ses nombreux commentaires positifs au sujet de la ville. Ça aide d'avoir des alliés là où vous en avez besoin. Le baseball veut s'internationaliser et Montréal faisait partie de la solution auparavant. Montréal se trouve dans une bonne position actuellement.

«La route sera encore longue, mais il ne fait pas de doute que nous sommes à l'avant-plan présentement. Il y a quelques clubs en difficultés - et tout le monde sait qui ils sont. Ce qu'il reste à faire à mon groupe et moi, c'est de trouver quel site serait le plus approprié pour un stade, les plans pour ce stade et mettre tous nos actifs ensemble.»

Sternberg approché?

Les Rays de Tampa Bay font partie - bien malgré eux - des discussions ayant trait au retour du baseball à Montréal.

L'équipe du sud de la Floride est bonne dernière aux guichets depuis 2011 (elle était avant-dernière en 2010) et elle ne semble pas être en mesure d'attirer davantage cette saison, même si elle occupait lundi matin le premier rang dans l'Est de l'Américaine: seulement 14 326 personnes se rendent en moyenne au Tropicana Field (taux d'occupation de 42,6 pour cent), comparativement aux 17 857 (52,4 pour cent) qui l'ont fait l'an dernier.

Son propriétaire, Stuart Sternberg, a d'ailleurs déclaré au Tampa Bay Times la semaine dernière que la baisse d'achalandage est bien supérieure à ce qu'il s'attendait à la suite des départs d'Andrew Friedman et de Joe Maddon. Quant au projet de stade, il a dit qu'il n'y avait rien de nouveau et qu'il ne s'attend pas à de nouveaux développements bientôt, tout en prévenant que «le temps file».

A-t-il été contacté par le groupe de Cromartie?

«Est-ce que nous avons approché Sternberg? Je ne peux pas répondre à cela présentement, a admis Cromartie. Mais je regarde qui sont les trois équipes qui attirent le moins (les White Sox de Chicago, les Indians de Cleveland et les Rays). Tout ce que nous pouvons faire, c'est de nous tenir prêts. Quand quelque chose arrivera, nous devons être prêts.»