Paul Beeston ne s'en est jamais caché. Il est favorable au retour du baseball majeur à Montréal, qu'il souhaite, à la fois personnellement et pour les Blue Jays de Toronto.

Le président de la formation torontoise a d'ailleurs applaudi la démarche du maire de Montréal, Denis Coderre, qui s'est rendu à New York pour y rencontrer le commissaire Rob Manfred, le 28 mai dernier.

«C'est formidable! s'est-il exclamé lors d'un entretien accordé à La Presse Canadienne. Que le maire Coderre prenne le temps de se rendre à New York, c'est merveilleux. Je sais que Rob a grandement apprécié cette rencontre, qu'il a prise très au sérieux d'ailleurs.»

Quelle est maintenant la prochaine étape pour Montréal?

«Ce n'est pas à moi de le dire. Je crois que ce serait au Projet Coup de circuit de répondre. Je pense qu'ils font ça dans l'ordre. Ils ne mettent pas de pression et ne font rien pour rendre cette expérience négative aux yeux du baseball.

«Ce qu'ils font par contre, c'est de rendre ça intéressant. Ils disent: "Voyons ce qu'on peut faire ensemble" et ils s'assurent d'être les premiers en lice si quoi que ce soit - délocalisation ou expansion - devait se produire. Quand on regarde froidement les marchés où il n'y a pas de baseball présentement, il n'y a pas mieux que Montréal.»

Et il croit que Montréal est sans nul doute plus près de retrouver le baseball professionnel qu'elle ne l'était il y a deux ans.

«Absolument. Je pense que les matchs contre les Mets puis ceux contre les Reds ont réaffirmé l'intérêt de Montréal envers le baseball.»

Comme tous ceux qui souhaitent le retour du baseball à Montréal, il est excité par la perspective que des matchs de la saison régulière soient disputés au Stade olympique dans un avenir rapproché.

«Nous l'avons déjà fait auparavant - au Japon, en Australie, à Porto Rico -, alors ça ne serait pas la première fois. (...) Si on peut attirer 96 000 personnes pour des matchs de la Ligue des pamplemousses, je ne pense pas que ce serait bien difficile d'attirer autant de monde pour des matchs de la saison régulière.»

Les Jays seraient-ils intéressés?

«Nous ne serions pas fermés à l'idée. Nous gardons l'esprit ouvert. Ce serait bon pour le baseball et bon pour les Blue Jays.»

Une ville de baseball

Comme le maire Coderre l'a fait après sa rencontre avec le commissaire, Beeston rappelle la grande histoire du baseball à Montréal.

«Vers la fin des années 1970 et au début des années 1980, il n'y avait tout simplement pas un meilleur endroit pour assister à un match, souligne-t-il. Les partisans connaissaient le baseball et ils étaient enthousiastes.

«Ça remonte à la Ligue internationale et aux grands joueurs issus des Royaux. Ensuite, il faut regarder l'histoire des Expos, qui comptent maintenant deux représentants au Temple de la renommée en Andre Dawson et Gary Carter. Souhaitons que Tim Raines y accède bientôt. Et souhaitons que le retour du baseball soit inévitable. Je ne sais pas, mais je pense que l'effort conjoint déployé par tout le monde nous rapproche de cet objectif.»

Celui qui quittera son poste à la fin de la présente campagne se rappelle avec justesse que le baseball majeur a tendance à revisiter les marchés qu'il avait précédemment abandonnés.

«J'y reviens toujours: il y avait une équipe à Washington et nous y sommes retournés. Il y avait une équipe au Texas et nous y sommes retournés. Il y avait une équipe à Seattle et nous y sommes revenus, même chose à Milwaukee. Ce ne serait pas la première fois que nous retournerions dans un marché et de faire en sorte que ça fonctionne.»

Mais chaque chose en son temps.

«Je ne crois pas que Rob Manfred fera cela pendant sa première année - voire même les deux premières années - en poste, mais il va apprendre tout ce qu'il peut et, par la suite, mettre ce savoir en application.

«Quelle ville majeure en Amérique du Nord ne possédant pas de club actuellement est mieux placée que Montréal, qui a déjà eu une équipe et qui l'a appuyée? Il n'y en a tout simplement pas. C'est un marché naturel pour le baseball majeur.»

Et il constate que le ton a changé au baseball majeur depuis que Manfred a remplacé Bud Selig.

«Rob n'est pas contraint par l'ère Bud Selig: il a un nouveau canevas sur lequel bâtir son propre règne. Il veut faire les choses à sa façon et c'est quelqu'un qui a beaucoup voyagé et il croit que c'est en partageant le baseball avec le reste du monde que le sport grandira.»

Pourrait-il mener le projet montréalais une fois son séjour avec les Jays terminé?

«Je ne crois pas que ce soit pour moi, répond-il. Je pense que ça doit être quelqu'un de plus jeune qui soit à la tête d'un tel projet, afin qu'il puisse le mener à terme. (...) Je ne crois pas qu'ils aient besoin d'un gars comme moi, à 70 ans, pour diriger ce projet. Ce serait aussi préférable que ce soit quelqu'un de Montréal, ou de La Belle Province (dit-il en français) qui mène ce projet au lieu de quelqu'un de Toronto, bien honnêtement. Mais ils pourront toujours compter sur moi.»

Le Bassin Peel privilégié

Plusieurs sources consultées par La Presse Canadienne ont par ailleurs indiqué que le site du Bassin Peel est celui qui serait actuellement privilégié par l'administration Coderre pour la construction d'un nouveau stade.

C'est le site qui aurait figuré sur les plans que le maire Denis Coderre a présenté au commissaire Rob Manfred lors de sa rencontre.

La firme d'architectes Provencher + Roy, qui avait conçu les plans pour le stade Labatt, que proposaient de construire les Expos de Montréal tout près du Centre Bell, a été consultée par le Projet Coup de circuit, mais n'a pas fourni de plans pour la rencontre entre MM. Coderre et Manfred.

Si elle a été appelée à se prononcer sur les cinq sites retenus par Projet Baseball Montréal, la firme ne souhaite pas dire lequel elle a jugé «plus apte» à la construction d'un stade de 35 000 à 40 000 sièges et du quartier attenant. «Certains sites sont par contre beaucoup trop petits», s'est mouillé un de ses dirigeants.