Des gens d'affaires montréalais voulant ramener le baseball majeur à Montréal ont rencontré les Rays de Tampa Bay à deux reprises au printemps dernier, a appris La Presse.

Une première rencontre a eu lieu à New York avec le propriétaire principal des Rays, Stuart Sternberg, selon nos informations. Une deuxième rencontre a aussi eu lieu au printemps dernier avec la haute direction des Rays pour présenter l'étude commandée par la chambre de commerce du Montréal métropolitain sur la viabilité du retour du baseball majeur à Montréal. Des gens d'affaires montréalais ont aussi eu des contacts avec une dizaine d'équipes du baseball majeur, avec comme objectif d'expliquer le sérieux de leur démarche et de leur étude.

Selon nos informations, les Rays ont été clairs au cours de leurs échanges avec les représentants montréalais: ils veulent tout faire pour assurer l'avenir de l'équipe à long terme dans la région de Tampa Bay. À ce sujet, deux dossiers seront cruciaux au cours des deux prochaines années: les négociations d'un prochain contrat avec la télé locale (le contrat actuel se termine après la saison 2016) et la construction d'un nouveau stade, préférablement près du centre-ville de Tampa Bay. Les Rays n'ont pas l'intention de regarder sérieusement une autre option sans avoir tout tenté dans ces deux dossiers.

Le mois dernier, le chroniqueur du New York Daily News Bill Madden avait écrit que le copropriétaire des Rays Stuart Sternberg avait eu des discussions avec des financiers à Wall Street sur la possibilité de déménager l'équipe à Montréal. Par voie de communiqué, les Rays avaient alors nié discuter pour déménager l'équipe à Montréal. «Nous sommes déterminés à ce que le baseball fonctionne dans la région de Tampa (...). À aucun moment nous n'avons parlé à Montréal - ou à n'importe quelle autre ville - au sujet d'un déménagement», ont indiqué les Rays, qui n'ont pas rappelé La Presse hier. En 2014, les Rays ont pris le dernier rang du baseball majeur au chapitre des assistances à leurs

81 matchs locaux (17 857 spectateurs par match). Le magazine Forbes désigne les Rays comme l'équipe la moins riche du baseball majeur (valeur de 485 millions US en mars 2014).

Facile de trouver 200 millions pour des actionnaires minoritaires

Selon ce que La Presse a appris, le groupe d'une dizaine de gens d'affaires montréalais, chapeauté par la chambre de commerce du Montréal métropolitain, n'aurait aucune difficulté à court terme à trouver des investisseurs qui injecteraient jusqu'à environ 200 millions pour devenir actionnaires minoritaires d'une équipe (ex.: 33% des parts d'une équipe évaluée à 600 millions). Selon cette formule privilégiée par le groupe, un propriétaire actuel déménagerait son équipe et en resterait l'actionnaire majoritaire. Des gens d'affaires montréalais détiendraient alors une part importante, mais minoritaire dans l'équipe. Ce scénario est lié à la construction d'un stade au centre-ville qui serait financé majoritairement par des fonds publics (l'étude de Ernst & Young évoquait 66% de fonds publics et 33% de fonds des propriétaires de l'équipe).

La dizaine de gens d'affaires montréalais intéressés par le retour des Expos privilégie le scénario où un nombre restreint d'entre eux (entre deux et quatre investisseurs) se mettraient en commun pour environ 200 millions (ex.: trois investisseurs à 75 millions chacun, pour un total de 225 millions). Ils veulent d'emblée écarter une structure d'actionnariat trop complexe comme celle de l'ancienne société en commandite des Expos. Certains membres du groupe sont ouverts à l'idée de créer un deuxième groupe d'actionnaires locaux qui détiendrait seulement une petite part dans l'actionnariat de l'équipe. Ce serait toutefois le premier groupe d'actionnaires locaux qui investirait la quasi-totalité de la somme requise et qui jouerait le rôle de l'actionnaire minoritaire local.

Dans le scénario d'une expansion ou de rachat complet d'une équipe, le groupe de gens d'affaires montréalais est moins optimiste de pouvoir réunir les fonds nécessaires (entre 500 et 650 millions, selon les différentes estimations), du moins pour l'instant.

Les études mises à jour en mars prochain

Au cours des prochains mois, le groupe chapeauté par la chambre de commerce du Montréal métropolitain mettra à jour les études de la firme comptable Ernst & Young sur la viabilité du retour d'une équipe du baseball majeur à Montréal. L'objectif est de mettre à jour les études à temps pour les deux matchs présaison que viendront disputer les Blue Jays de Toronto au Stade olympique de Montréal à la fin de mars. L'annonce des deux matchs Toronto-Cincinnati sera confirmée aujourd'hui au cours d'une conférence de presse au Centre Bell.

En décembre dernier, les études de Ernst & Young concluaient que le projet évalué à 1,025 milliard (525 millions pour l'achat d'une équipe, 500 millions pour un stade au centre-ville) était rentable à condition que les fonds publics financent les deux tiers de la construction du stade (335 millions sur 500). Les données sur lesquelles l'étude se base datent toutefois de plus de un an. Certaines choses ont changé depuis, notamment la valeur des droits de télé locaux, qui continuent d'être renégociés à la hausse dans plusieurs villes du baseball majeur.