Les émotions étaient toujours à fleur de peau et la douleur de la défaite dans le septième match de la Série mondiale toujours vive quand Billy Butler s'est amené devant son casier pour s'adresser aux médias d'une voix convaincante.

Elle sera de retour cette bande de jeunots. Leur retour en séries après une absence de 29 ans n'était que le début. Leur défaite de 3-2 subie mercredi, est loin d'être une finalité. Cette équipe qui a balayé les séries éliminatoires avant de trébucher face aux Giants de San Francisco vivra d'autres jours heureux.

«Nous avons tellement de jeunes joueurs talentueux, a fait remarquer Butler. On a vu des jeunes amener leur jeu à un autre niveau pendant les séries et c'est très excitant d'être témoin de cela et ça augure bien pour l'avenir de cette organisation. Le futur ne pourrait être plus radieux. Le noyau de l'équipe est jeune et je crois qu'ils vont bâtir autour de lui. J'espère juste faire partie de ce processus.»

Il n'aura jamais si bien dit: Butler pourrait bien ne pas faire partie de l'avenir du club.

Les Royals doivent décider d'ici lundi si ils se prévaudront de leur - dispendieuse - clause d'option pour la prochainse saison, mais la plupart des observateurs s'attendent à ce qu'ils ne le fassent pas. Si c'est le cas, Butler profitera de l'autonomie pour la première fois de sa carrière et les Royals devront se trouver un nouveau frappeur désigné.

«Même s'ils décident de ne pas s'en prévaloir, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas discuter, a ajouté Butler. Si ce n'est pas ici, ce sera ailleurs. C'est comme ça que ça fonctionne. Nous sommes un petit marché. Les affaires sont les affaires, mais j'ai l'impression que c'est un peu plus que cela ici.»

Le poste de frappeur désigné n'est pas le seul point d'interrogation chez les Royals en vue de la prochaine campagne.

Leur as partant James Shields, qui a aidé à transformer cette équipe depuis son arrivée, est maintenant joueur autonome. Les Royals lui feront sûrement une offre qualificative, mais comme plusieurs clubs de gros marchés se cherchent des lanceurs, le prix pourrait grimper rapidement. Ce qui veut dire que les Royals pourraient aussi devoir se trouver un autre partant.

«Au cours des prochains jours, je vais retrourner à la maison et profiter de l'halloween avec mes enfants, a dit Shields. Je penserai à toute ça un peu plus tard, mais je ne suis pas trop inquiété par mon statut de joueur autonome présentement. C'est certain que je vais y penser. Nous verrons ce qui se passera.»

Le voltigeur de droite Nori Aoki profitera aussi de l'autonomie, mais il est possible que les Royals puissent le réembaucher. Les releveurs Scott Downs, Jason Frasor et Luke Hochevar pourraient jouer sous d'autres cieux et les vétérans voltigeurs Raul Ibanez et Josh Willingham ne devraient pas être de retour.

«Nous allons devoir prendre de difficiles décisions, a admis le directeur génnéral, Dayton Moore. Nous allons de nouveau tenter d'ajouter des joueurs qui cadrent bien à notre formation, mais on devra aussi regarder pour ajouter des partants. On va tenter de faire comme on a fait par le passé.»

Ce qui signifie d'investir sur des partants qui offrent de la substance plus que du style, sur de rapides joueurs de position qui peuvent bien jouer défensivement et offrir de la polyvalence au sein du rôle offensif. Mais l'équipe compte aussi sur de solides pierres d'assise.

Le voltigeur de centre Lorenzo Cain a éclos au cours des dernières séries, dont il a été une des vedettes incontestées. Le premier-but Eric Hosmer a finalement réalisé son vaste potentiel et le receveur Salvador Perez a prouvé qu'il est l'un des meilleurs de la profession. Ajoutez à cela un enclos brillant, mené par Kelvin Herrera, Wade Davis et Greg Holland, ainsi qu'une rotation comptant sur le jeune de 23 ans Yordano Ventura et les Royals devraient être plutôt solides la saison prochaine.

«Dayton et ses gens ont mis la base en place, a expliqué le propriétaire, David Glass. Ce qu'on doit faire maintenant, c'est de la maintenir en place et de bâtir notre avenir en s'y appuyant.»

Pour cela, l'équipe devra miser sur ses espoirs qui attendent leur tour dans le réseau de clubs-écoles.

Le gaucher Brandon Finnegan a donné de très bonnes manches en relève en séries, mais on s'attend à ce qu'il retourne dans son rôle de partant. Les lanceurs comme Sean Manea et Kyle Zimmer offrent beaucoup de potentiel, mais les blessures et des circonstances atténuantes ont ralenti quelques espoirs. Ils auront tous l'occasion de démontrer leur savoir-faire au camp d'entraînement.

Pour l'instant cependant, les Royals amorceront une saison morte plutôt spéciale. Pour la première fois en près de 30 ans, on ne leur demandera pas quand ils retourneront enfin en séries. La question sera maintenant: «Qu'allez-vous faire pour répéter vos succès?».

«C'est une tâche difficile. Même les équipes qui gagnent ne retournent pas toujours en séries, a déclaré le partant Jeremy Guthrie. Nous allons travailler très fort pour être de retour. Nous croyons beaucoup en nous-mêmes. Et nous avons beaucoup de talent pour nous permettre d'y retourner. Chacun d'entre nous va travailler pour retourner en série et avoir une chance de remporter la Série mondiale.»