Le président des Blue Jays, Paul Beeston, a été soufflé par la réponse des Montréalais, qui ont été 46 121 à franchir les tourniquets du Stade olympique pour le premier de deux matchs préparatoires que la formation torontoise livre aux Mets de New York à Montréal.

«Le moins que je puisse dire, c'est que c'est une très plaisante surprise, a dit Beeston à La Presse Canadienne, pendant un match finalement gagné 5-4 par les siens. Nous aurions été heureux d'avoir 25 000 personnes par match, très heureux de 35 000, mais là, je suis soufflé!»

«Quand on m'a parlé de ces matchs, je me suis dit que ce serait bien d'avoir 25 000 spectateurs pour chacun d'eux, a pour sa part indiqué le directeur général Alex Anthopoulos avant la rencontre. Mais plus de 40 000 (vendredi) et près de 50 000 (samedi), c'est au-delà de nos espérances.»

Beeston espère bien pouvoir répéter l'expérience dès l'an prochain.

«Il faudra que le Baseball majeur nous donne de nouveau son autorisation, mais comment voulez-vous ne pas avoir envie de revenir?»

Pour le président des Jays, il ne fait aucun doute: la réponse des Montréalais et des Québécois est un message clair au Baseball majeur.

«On ne peut plus clair. Et les Jays sont dans le coin de Montréal: il n'y a rien de mieux qui pourrait arriver aux Jays et au baseball au Canada que le baseball revienne à Montréal. Ce soir, je suis fier des Jays, je suis fier d'être Canadien et je suis fier pour cette ville.»

Tous ces gens n'ont pas mis de temps à mettre de l'ambiance. À plus de 90 minutes du premier lancer, avant même que les spectateurs ne puissent pénétrer dans l'enceinte du Stade olympique, l'ambiance était survoltée dans la Rotonde. Sous les cris de «On veut du baseball» et «Let's Go Expos!» scandés par la foule, les gens piaffaient d'impatience de gagner leur siège, le tout dans le calme et une bonne humeur contagieuse.

Plusieurs sont arrivés très tôt pour se replonger dans l'ambiance du baseball professionnel. C'est le cas de Stéphane Charbonneau, qui est venu assister au match en compagnie de son père et de son fils.

«C'est la première fois que nous assisterons à un match de baseball ensemble, les trois générations, au Stade, a-t-il raconté. C'était important pour moi d'être ici, car on souhaite tous le retour des Expos. On veut ravoir du baseball à Montréal. J'ai dirigé et je joue encore. Je veux que ça revienne.»

La très grande majorité des gens rencontrés rêvent au retour des Expos et c'est la principale raison qu'ils ont évoquée pour expliquer leur présence à la rencontre: démontrer au baseball majeur que les partisans sont là.

«Il fallait que les gens achètent des billets en grand nombre pour montrer au baseball majeur que Montréal peut faire vivre une équipe, a dit Chris Baird. Je crois que c'est mission accomplie. En tout cas, pour moi c'était important d'être ici», a ajouté celui qui comptait encourager les Blue Jays pour ces deux matchs.

Chez les employés aussi, on a pu voir de larges sourires. Les mêmes qu'il y a 10 ans pour la plupart, tous étaient contents de se retrouver, mais aussi de retrouver «leur monde». Idem sur la galerie de presse: les anciens journalistes «du beat» se sont ressassés plein de bons souvenirs et ont profité de la visite des Jays et des Mets pour aller saluer les confrères des autres villes.

Une fois le match amorcé, même s'il y a eu peu d'action au cours des premières manches, l'ambiance n'a pas dérougi. Les partisans ont bruyamment accueilli les Jays et se sont définitivement rangés derrière eux: on a clairement senti leur déception quand Chris Young a ouvert la marque avec un solide double de deux points dans l'allée de gauche en quatrième. Jose Bautista s'est toutefois chargé de remettre «le fun dans l'stade», comme le disait le vieux slogan, dès la demi-manche suivante, avec un retentissant circuit dans la gauche.

«Nous n'avons pas été surpris de cet appui, a dit Brett Lawrie. Après tout, nous sommes l'équipe du Canada.»

Le Stade olympique a toujours été impressionnant quand il est occupé par plusieurs spectateurs et il n'a pas fait mentir sa réputation vendredi. Une chose est certaine: les Jays ne s'attendaient pas à jouer devant une foule si nombreuse.

«C'est une bonne transition entre le camp d'entraînement et la saison pour nous, a indiqué Jose Bautista. C'est le genre de foule devant laquelle nous jouerons à Toronto. C'était très impressionnant quand tout le monde s'est mis à frapper sur les sièges.»

Mais en plus de la joie, il y avait aussi un peu de nostalgie dans l'air: c'est comme si le temps s'était arrêté, un soir de septembre 2004, et qu'on l'avait remis en marche vendredi. Plusieurs souhaitent que cette soirée ne soit qu'un avant-goût, même sur la galerie de presse.

Un drame est cependant venu entacher les derniers moments de cette soirée, alors qu'un homme de 40 ans a fait une chute d'une dizaine de mètres.

Selon Danny Richer, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), l'incident est survenu vers la fin de la rencontre, vers 22 h 20. L'homme est alors tombé des gradins à l'arrière du champ centre pour atterrir entre la clôture délimitant le terrain et les gradins.

La victime a été transportée vers un centre hospitalier dans un état critique, où on craignait pour sa vie, tard vendredi soir.

Le SPVM a ouvert une enquête et selon les premiers témoins rencontrés sur place, l'homme serait tombé de lui-même.

Denis Coderre réaffirme son appui au projet

Invité à effectuer le lancer protocolaire avant la rencontre, le maire de Montréal Denis Coderre a réaffirmé son appui au projet de Warren Cromartie et de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain de ramener le baseball des Ligues majeures à Montréal.

«46 000 personnes pour un match de Ligue des pamplemousses - ça compte pas là! -, on envoie le message clair que Montréal est une ville de baseball, aime le baseball. C'était plus qu'un happening», a déclaré M. Coderre.

Le maire de Montréal compte être un joueur-clé dans ce dossier et déjà, il multiplie les rencontres en ce sens.

«J'ai eu une première discussion avec M. (John) McHale fils (vice-président senior du Baseball majeur): son père a été le premier président des Expos, donc, Montréal, c'est dans son ADN», a-t-il imagé, tout en précisant qu'il n'y avait pas eu de promesses de la part de McHale et qu'il n'en était pas à l'étape des négociations.

M. Coderre a rappelé que ce projet ne pourra pas se concrétiser sans la participation des gens d'affaires, qu'il souhaite aider, s'ils embarquent.

«On a une étude de faisabilité. Maintenant, il faut attendre que le secteur privé embarque. Moi, j'ai dit que je pouvais être un facilitateur dans ce dossier, celui qui peut faire en sorte d'aligner les planètes. Si vous avez besoin de cette locomotive, s'il faut que le maire de Montréal s'en occupe, je serai là pour y aller à fond de train.

«Je pense qu'il faut y aller de façon responsable, lucide, sobrement, mais ce qu'on envoie comme message, avec la réponse du public - et demain il y aura plus de monde - c'est important.»

Vendredi soir, ce qu'il a vu lui laisse croire que Montréal peut s'avérer un marché important.

«Il y a beaucoup de jeunes dans les estrades. On voit que l'image des Expos est très présente. Il y a des gens de tous les âges ici et les gens d'affaires de Montréal regardent ça avec beaucoup d'intérêt. Ils sont tous ici ce soir et ils le seront tous demain.»

Pour le maire, il ne fait aucun doute que Montréal est sur la bonne voie.

«Mais on va garder les attentes basses pour arriver avec une conclusion positive. J'ai très confiance que nous puissions arriver à une conclusion positive dans ce dossier.»

Photo La Presse Canadienne