Il fut une étoile filante dans le paysage sportif montréalais, mais les amateurs de baseball se souviennent tous de Pascual Perez, cet excentrique lanceur de la fin des années 1980 doté d'un sens du spectacle inné.

L'ancien lanceur a été a été retrouvé mort, jeudi matin, à son domicile de Haina, en République dominicaine.

Selon ce que rapporte les médias dominicains, des malfaiteurs se sont introduits chez l'ex-lanceur, qui était âgé de 55 ans, et l'ont poignardé au cou. Ils étaient venus avec l'intention de lui dérober l'argent de sa pension du baseball majeur qu'il avait touché la veille.

Une triste fin pour Perez qui, pendant presque trois saisons, a fait les délices des partisans des Expos avec son style inimitable.

Avec le regard engouffré sous sa casquette, c'est sa chevelure scintillante ainsi que sa taille élancée qui parlaient pour lui. Perez s'amenait au monticule et retournait à l'abri au pas de course. Il pouvait déjouer les frappeurs avec sa balle rapide ou avec sa fameuse balle arc-en-ciel, d'une lenteur extrême, qui désynchronisait les frappeurs.

Il avait en outre la curieuse manie d'épier le coureur au premier but, non pas en lui jetant un discret coup d'oeil, mais en regardant entre ses jambes.

On l'a aussi vu en quelques occasions pointer vers l'adversaire un revolver fictif avec ses doigts.

Perdu en se rendant au stade

Si son passage à Montréal n'est pas passé inaperçu, les gens d'Atlanta se souviennent également de lui. Après avoir amorcé sa carrière avec les Pirates de Pittsburgh, Perez avait raté le rendez-vous après son transfert chez les Braves. En effet, il est devenu célèbre pour avoir raté son premier départ avec les Braves après s'être égaré en voulant trouver le Fulton County Stadium.

Les Braves lui ont par la suite confectionné une veste qui, au lieu de mentionner son nom, portait la mention «I-285» en référence à l'autoroute sur laquelle Perez s'était perdu... et était tombé en panne.

Une entrée de matière qui reflète bien le parcours chaotique de Perez dont la carrière a été une cascade de blessures, d'arrestations et de problèmes de drogue. Les Braves croyaient bien avoir mis la main sur un joueur vedette jusqu'à ce que Perez a été emprisonné en République dominicaine, à l'hiver 1983, pour possession de cocaïne.

Son passage avec les Braves s'est terminé en queue de poisson en 1985. Après avoir échappé pendant une année complète aux écrans-radars du baseball majeur, les Expos ont fini par le retracer en 1987.

À l'époque, les Expos avaient entrepris d'embaucher des joueurs talentueux mais risqués en raison de leur comportement - une stratégie qui a merveilleusement bien fonctionné dans le cas de Dennis Martinez.

Perez a terminé la campagne 1987 avec les Expos, affichant un dossier de 7-0 qui a fait de lui une vedette instantanée à Montréal.

Perez a d'ailleurs vécu ses meilleurs moments dans les majeures avec les Expos, compilant un dossier de 28-21 et une moyenne de points mérités de 2,80 en un peu plus de deux saisons. Sa dernière campagne avec les Z'Amours a toutefois été marqué d'une cure de désintoxication.

Photo: PC

Pascual Perez avec les Expos en 1989.

Un air de famille

Lorsque les Yankees de New York ont eu l'audace de lui offrir un contrat de trois ans pour 5,7 millions, le gérant des Expos Buck Rodgers a alors prévenu les Yankees que Perez était «une bombe à retardement qu'il fallait surveiller de près».

Le passage de Perez dans le Bronx fut un échec qui s'est soldé par un autre contrôle antidopage positif, une suspension d'un an et une autre mystérieuse disparition en République dominicaine. Les Yankees n'ont plus jamais eu de nouvelles de lui et sa carrière dans les majeures a pris fin de la sorte.

En plus de ses 11 saisons dans les majeures, Perez a lancé 12 ans dans les ligues d'hiver dominicaines.

Perez vient d'une famille de lanceurs puisque deux de ses frères, Melido et Carlos, ont également fait carrière dans les majeures. Carlos Perez a d'ailleurs endossé l'uniforme des Expos à la fin des années 90 et à la lecture du livre Game Over, la biographie d'Éric Gagné, on comprend que l'excentricité était dans les gênes de la famille. Carlos Perez, raconte Gagné, se promenait tout le temps avec un revolver et plus d'un million de dollars dans les poches...

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Photo: ap

Pascual Perez dans l'uniforme des Yankees de New York en 1991.