Les doyens parmi les amateurs de baseball s'en souviennent: Carl Yastrzemski est le dernier joueur qu'on a coiffé de la fameuse «triple couronne» offensive. C'était en 1967, l'année de l'amour, l'année de l'Expo et celle du «rêve impossible» des Red Sox de Boston...

On parle de triple couronne quand un joueur remporte le championnat des frappeurs en plus de dominer ses pairs dans deux autres colonnes statistiques: les circuits et les points produits.

À l'issue de la saison 1967, Yastrzemski affichait une moyenne de ,326 avec 44 longues balles et 121 points produits, des sommets dans la Ligue américaine. Il aurait fallu un circuit de plus d'Harmon Killebrew (44), des Twins du Minnesota, pour tout gâcher.

Treize joueurs différents ont réussi la triple couronne, version offensive, dans l'histoire du baseball majeur, selon Baseball Almanac.

Fait intéressant: Ty Cobb a raflé la triple couronne avec neuf circuits au compteur. Les temps ont bien changé...

Cobb, Rogers Hornsby, Lou Gehrig, Ted Williams et Mickey Mantle ont non seulement dominé les frappeurs de leur ligue, mais aussi tous les autres joueurs du baseball majeur. La totale, quoi.

Quarante-cinq ans après Yastrzemski, Miguel Cabrera pourrait inscrire son nom dans le grand livre du baseball. Le dangereux cogneur des Tigers de Detroit figure parmi les meneurs de la Ligue américaine pour la moyenne (,333), les circuits (41) et les points produits (130).

Seuls Josh Hamilton, des Rangers du Texas - 42 circuits et 123 points produits - ainsi que la recrue Mike Trout, des Angels de Los Angeles - moyenne de ,327 - menacent sérieusement l'accession de Cabrera au trône.

(Un autre Cabrera, Melky celui-là, suspendu pour dopage, se sauvera vraisemblablement avec le championnat des frappeurs dans la Ligue nationale. Parions que les autorités du baseball majeur préféreraient éviter ce cauchemar de relations publiques... autre débat.)

Miguel Cabrera, donc, vise non seulement la triple couronne dans la Ligue américaine, mais ce rare exploit pourrait s'accompagner d'un autre honneur prestigieux.

Justin Verlander, coéquipier de Cabrera chez les Tigers: «S'il rafle la triple couronne sans qu'on lui décerne par ailleurs le titre de joueur par excellence de la Ligue américaine, ce sera ridicule. Regardez ce qu'il accomplit pour notre équipe quand ça compte vraiment.»

Le meilleur frappeur des ligues majeures actuellement? Cabrera, oui.

Au fil des saisons, des joueurs comme Willie McCovey, Jim Rice, Mike Schmidt, Larry Walker, Barry Bonds et Albert Pujols ont flirté avec la triple couronne, sans résultat.

Il existe le même genre de récompense, virtuelle, pour les lanceurs qui montrent la meilleure moyenne de points mérités tout en ayant accumulé le plus de victoires et de retraits sur des prises.

Verlander et Clayton Kershaw, les deux lauréats du trophée Cy Young en 2011, font partie, depuis la saison dernière, des détenteurs de cette triple couronne. Walter Johnson, Groover Cleveland Alexander et Sandy Koufax ont concrétisé la chose trois fois chacun.

Ils ont réussi la triple couronne

«Tip» O'Neill (1887)

Hugh Duffy (1894)

Napoleon Lajoie (1901)

Ty Cobb (1909)

Rogers Hornsby (1922 et 1925)

Jimmie Foxx (1933)

Chuck Klein (1933)

Lou Gehrig (1934)

Joe Medwick (1937)

Ted Williams (1942 et 1947)

Mickey Mantle (1956)

Frank Robinson (1966)

Carl Yastrzemski (1967)

La vague orange du baseball

Affirmer que les Orioles de Baltimore gagneraient le championnat de la division Est de la Ligue américaine, le printemps dernier, c'était comme prédire une bonne bordée de neige en juillet : les chances que la chose survienne étaient plutôt minces.

«Ne gagez pas votre chemise sur les Orioles», suggérait d'ailleurs un article dans La Presse, le 10 mai. Adam Jones et ses coéquipiers connaissaient alors un excellent début de saison, mais la chute semblait inévitable.

Pourtant, la vague orange continue de déferler sur la planète baseball, moins de deux semaines avant la fin du calendrier régulier.

Les Oiseaux maintiennent la cadence avec les Yankees de New York dans une improbable course qui laisse même les Rays de Tampa Bay, une équipe bien rodée, quelques longueurs derrière.

Les Orioles ont notamment concrétisé, dimanche dernier, leur première saison gagnante depuis 1997 en vertu d'une victoire arrachée aux Athletics d'Oakland, les autres «imposteurs» dans la Ligue américaine en 2012.

Buck Showalter aura donc gagné son pari : redorer le blason d'une organisation qui en arrachait depuis trop longtemps. Ça sent le titre de gérant de l'année... encore.