En temps normal, un match opposant les River Cats de Sacramento aux Isotopes d'Albuquerque, dans la Ligue de la Côte du Pacifique, n'attirerait pas davantage qu'une attention médiatique locale.

Mais les faits saillants de la troisième d'une série de quatre rencontres entre les deux équipes - du moins ceux concernant un joueur en particulier - trouveront assurément une petite place dans le bulletin d'information SportsCenter du réseau ESPN ce week-end.

Pourquoi?

Parce que les Athletics d'Oakland ont annoncé qu'un certain Manny Ramirez reprendra le collier, samedi, lorsque les River Cats, leur filiale au niveau AAA, rendront visite aux Isotopes. Et parce que Ramirez, quoi qu'il fasse d'intéressant ou de stupide, ne laisse personne indifférent.

Ramirez a annoncé sa «retraite», en avril 2011, après avoir échoué un deuxième test antidopage, offense qui lui aurait normalement valu une suspension de 100 matchs. Il venait de disputer cinq rencontres sans trop de succès avec sa nouvelle équipe, les Rays de Tampa Bay.

Comme Ramirez s'est volontairement absenté pendant la quasi totalité de la saison 2011, les autorités du baseball majeur ont statué qu'il devrait néanmoins purger une suspension de 50 parties s'il voulait faire un retour dans les ligues majeures en 2012.

Selon la convention collective en vigueur, un joueur peut évoluer pendant 10 matchs dans les ligues mineures pour compléter sa préparation avant la fin d'une suspension. D'où le prochain séjour de Ramirez au niveau AAA.

Les supporteurs des Isotopes, qui figurent parmi les plus enthousiastes du baseball mineur, connaissent bien Ramirez. Ce dernier a porté l'uniforme de leur équipe favorite le temps de deux rencontres, en 2009... à la fin d'une suspension de 50 matchs!

Pour l'occasion, les Isotopes, filiale AAA des Dodgers de Los Angeles, ont établi des records d'assistance. «Les gens m'aiment partout où je vais», avait alors lancé le jovial Ramirez.

Les River Cats, eux, profiteront évidemment du bref passage de Ramirez dans leur entourage pour proposer aux amateurs de baseball de Sacramento des forfaits. Et ça fonctionnera probablement bien.

Restrictions budgétaires obligent, les Athletics, habitués d'appeler en renfort des vétérans qui ne commandent plus des salaires exorbitants, ont embauché Ramirez le 20 février en lui offrant un contrat des ligues mineures qui rapportera 500 000$.

En admettant qu'aucun match des Athletics ne soit reporté en raison de la pluie au cours des trois prochaines semaines, Ramirez pourra sauter dans la mêlée le 30 mai contre les Twins du Minnesota au Target Field. Le jour de son 40e anniversaire de naissance.

On le sait: les Athletics manquent cruellement de vigueur en attaque et ils accueilleront volontiers de l'aide sous toutes ses formes, surtout si l'absence du voltigeur cubain Yoenis Cespedes, blessé à la main gauche, devait se prolonger.

Le problème: Ramirez, bientôt un nouveau quarantenaire pratiquement absent des terrains au cours des deux dernières années, peut-il encore combler les carences offensives d'une formation du baseball majeur? Les Athletics paieront un demi-million pour le savoir.

En 18 présences au marbre pendant le dernier camp d'entraînement, le frappeur aux cheveux tressés s'est contenté de trois coups sûrs (,167). Deux balles ont toutefois franchi la clôture du champ extérieur, signe qu'il lui reste un brin de puissance.

Notre homme croit dur comme fer en ses moyens. «Dieu ne m'a pas envoyé à Oakland pour que j'échoue, a déclaré Ramirez au San Francisco Chronicle plus tôt cette semaine. J'aurai une excellente saison. Je serai génial. J'ai vraiment hâte.» Il semble sérieux, le monsieur.

Ramirez occupe le 14e rang dans l'histoire du baseball majeur avec 555 circuits, huit de moins que Reggie Jackson. Il totalise 1831 points produits (18e) en plus d'avoir maintenu une moyenne de ,312 en 19 saisons avec les Indians de Cleveland, les Red Sox de Boston, les Dodgers, les White Sox de Chicago et les Rays.

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