«Je pense que nous pouvons gagner le championnat de la Ligue nationale.»

Cette prédiction audacieuse, lancée en mars dernier pendant le camp d'entraînement printanier, avait certes de quoi faire sursauter les amateurs de baseball. Mais le gérant des Nationals de Washington, Davey Johnson, croyait chaque mot qu'il venait de prononcer. Dur comme fer.

Les joueurs des Nationals, selon Johnson, devraient seulement matérialiser leur immense talent sur le terrain, sans performances disproportionnées, pour que l'équipe de la capitale américaine cause des dommages importants. Le début de saison donne raison au vieux routier.

Les Nationals ont gagné 14 de leurs 18 premiers matchs, menés par la meilleure rotation de partants des ligues majeures - Stephen Strasburg, Gio Gonzalez, Edwin Jackson, Jordan Zimmermann, Ross Detwiler - et sa moyenne de points mérités collective de 1,72. Les frappeurs adverses paraissent pour le moins impuissants devant Strasburg et sa bande (,182 avant le match d'hier).

«Nos récents succès prouvent que nous sommes véritablement une bonne équipe, a déclaré le vétéran joueur de premier but Adam LaRoche. La victoire déteint sur tout le monde.»

Les Nationals n'ont jamais connu de saison gagnante depuis le déménagement des Expos de Montréal dans le district de Columbia en 2004. Ils ont atteint le seuil de respectabilité en 2005 (81-81) avant de replonger profondément dans les bas-fonds du classement pendant cinq ans.

Les 80 gains signés en 2011 ont ramené les représentants de Washington au centre du portrait. Mais il semblait évident que leur ascension ne faisait que commencer.

Davantage qu'un rôle de figurant

L'acquisition de Gonzalez par l'entremise d'une transaction avec les Athletics d'Oakland et l'embauche de Jackson sur le marché des joueurs autonomes, pendant l'hiver, ont confirmé la volonté des Nationals d'occuper bien davantage qu'un rôle de figurant dans la division Est.

Là et maintenant.

La tenue quasi impeccable des lanceurs constitue un atout d'autant plus important pour les Nationals cette année puisque l'équipe a multiplié les victoires acquises par un seul point (6) et que l'attaque, assez ordinaire, se contente souvent du strict minimum.

Le coup de bâton de Michael Morse, auteur de 31 circuits, 95 points produits et d'une moyenne offensive de ,303 la saison dernière, manque évidemment aux Nationals. Le voltigeur de 30 ans, blessé au dos, pourrait sauter sur le terrain vers la fin du mois de mai. Peut-être.

Le miracle des coups sûrs opportuns

Malgré leur fiche impressionnante, les Nationals en arrachent généralement quand vient le temps de marquer des points (68 en 18 matchs), mais ils montrent un dossier de 8-2 lorsqu'ils croisent le marbre trois fois ou moins dans une rencontre. Le coup sûr opportun, en provenance d'un joueur régulier ou d'un réserviste, fait des miracles pour les anciens Expos. Jusqu'ici en tout cas.

Composer sans l'apport offensif de Morse passe toujours. Ce que les dirigeants des Nationals craignent par-dessus tout pendant cette heureuse séquence, toutefois, c'est qu'un médecin leur annonce que la blessure au joueur de troisième but Ryan Zimmerman (épaule droite) soit plus sérieuse que prévu... «J'ai un mauvais pressentiment», a dit Johnson, mardi.

Le gérant ne veut surtout pas entendre «absence prolongée» et «Ryan Zimmerman» dans la même phrase. «Je me débrouille déjà sans mon quatrième frappeur [Morse], alors j'aimerais éviter de devoir travailler, par surcroît, sans mon troisième frappeur [Zimmerman].»

La question qu'on posera alors: combien de temps les lanceurs des Nationals, aussi efficaces soient-ils, pourront-ils tenir le coup dans de telles circonstances?

> Réagissez sur le blogue de David Courchesne

Photo: Reuters

Stephen Strasburg