Né en avril 1954 en Californie, mort hier en Floride à l'âge de 57 ans, l'Américain Gary Carter aura fait de Montréal sa ville d'adoption pendant plus de 10 ans. L'histoire du «Kid» est bien sûr celle d'un receveur de grand talent. Mais pour ses amis et collègues joints hier, elle est surtout celle de la rencontre entre un grand homme et les Montréalais.

«Il avait un amour presque inconditionnel pour Montréal. Montréal, c'était sa ville, même s'il avait gagné la Série mondiale avec les Mets, même s'il a joué avec les Dodgers et les Giants, a avancé Claude Brochu, ancien copropriétaire des Expos. Montréal, c'était sa ville et l'amour qu'il avait pour elle, les fans des Expos le lui rendaient bien.»

Gary Carter a porté l'uniforme des Expos de 1974 à 1984, puis pour un dernier tour de piste en 1992. Pour Claude Brochu, il ne fait aucun doute que Carter a été l'une des personnalités sportives ayant le plus marqué la métropole.

«Je l'ai connu en tant que partisan, dans les années 80, lorsque j'allais voir le camp des Expos. Puis, je l'ai connu plus tard en tant que propriétaire et finalement en tant qu'ami pendant plusieurs années. C'était un grand homme, souriant, avec toujours le bon mot.»

L'histoire des Expos a été marquée, selon Brochu, par trois joueurs: la première période par Rusty Staub, la seconde par Gary Carter et la troisième par Pedro Martinez. Des trois, selon M. Brochu, aucun n'aura fait vibrer Montréal comme Carter.

«C'était un joueur de baseball absolument extraordinaire et, à Montréal, on a été chanceux de l'avoir avec nous pendant 10 ans. Il était exceptionnel. Il est allé vers les fans. Il était toujours prêt à signer un autographe. C'est assurément un jour triste pour tous ceux qui l'ont connu.»

Extrêmement populaire à Montréal, tant auprès des partisans que des médias, Carter a même fait de l'ombre à certains de ses coéquipiers. Et à une époque où les joueurs avaient de plus en plus tendance à prendre leur distance des amateurs, lui allait plutôt vers eux.

«À l'époque, un courant négatif circulait, rappelle l'ancien journaliste du Journal de Montréal et de Rue Frontenac Serge Touchette. Il y a beaucoup de vedettes qui signaient moins d'autographes. Gary Carter n'a jamais été comme ça et il l'a été jusqu'à la fin de sa carrière.»

Selon le député libéral fédéral Denis Coderre, Montréal doit rendre hommage au joueur. «Il fut un grand ambassadeur de Montréal. Un parc à son nom serait une bonne idée, a-t-il suggéré sur le réseau social Twitter. Une autre solution serait de nommer un endroit très en vue aux installations olympiques et d'appeler cela "place Gary Carter".»

Avec les Mets

Mais les Montréalais ne sont pas les seuls à souligner la mort de Carter. Le joueur a eu un impact majeur à New York, où il a remporté la Série mondiale avec les Mets en 1986. Lors du sixième match contre les Red Sox de Boston, Carter a initié une remontée des siens en 10e manche. «Gary représente l'esprit de résilience de notre ville, a écrit hier le maire de New York, Michael Bloomberg. Un esprit que le Kid a fait sien jusqu'à la fin. C'est pour ça qu'on ne l'oubliera jamais.»

Un modèle pour Marc Griffin

L'ancien espoir des Dodgers et des Expos, Marc Griffin, raconte quant à lui comment l'ancien numéro 8 a été un modèle. «Quand j'avais environ 8 ans, on m'a demandé à quelle position je voulais jouer. Sans hésitation, je voulais être le receveur et en prime, je voulais le numéro 8, explique-t-il sur son blogue sur le site de RDS. Dès cet âge, j'observais tous les gestes de Gary et j'appliquais du mieux que je pouvais ce que je voyais.»

Le natif de Sainte-Foy a ensuite côtoyé son idole dans la formation des Dodgers, puis chez les Expos. Loin de changer sa perception de Carter, la rencontre l'a plutôt confirmée. «Il a toujours été un gentleman, un vrai. On dira ce qu'on voudra de Gary Carter, pour moi, il est l'un des plus grands athlètes à avoir porté l'uniforme d'une équipe montréalaise, note Griffin. Un maître à sa position, un frappeur puissant et opportun, toujours souriant, un peu baveux, un brin arrogant, toujours disponible pour les médias et surtout, un vrai bon gars!»

- Avec La Presse Canadienne