Le juge Reggie Walton a déclaré nul le procès pour parjure de l'ex-lanceur du baseball majeur Roger Clemens en raison de preuves qu'il avait jugées irrecevables présentées au jury par les procureurs.

Walton a indiqué que Clemens ne pouvait pas être assuré d'un procès juste et équitable après que les procureurs eurent présenté ces preuves au deuxième jour du procès.

Le juge a prévu une audience pour le 2 septembre prochain afin de déterminer s'il doit y avoir nouveau procès ou non. Il s'est ensuite excusé auprès des jurés de leur avoir fait perdre leur temps et d'avoir gaspillé des fonds publics avant de devoir annuler le procès.

«Il y a des règles à observer afin que les deux parties aient droit à un procès équitable», a indiqué Walton au jury, spécifiant que ces règles sont très importantes quand la liberté d'une personne est en jeu.

Il a ajouté que puisque les procureurs avaient contrevenu à ses directives, il serait très difficile pour «M. Clemens d'obtenir un procès équitable avec le jury en place».

Les procureurs avaient suggéré de contourner le problème par une directive du juge à l'endroit du jury de ne pas tenir compte de ces éléments de preuve, mais Walton semblait sceptique, disant qu'il ne «savait pas comment dire à quelqu'un de ne pas entendre la cloche qui vient de sonner».

Rusty Hardin, l'un des avocats de Clemens, a donné une tape dans le dos à son client quand le juge a rendu sa décision. Clemens ne s'est pas adressé aux médias à sa sortie du tribunal, avant de passer un coup de fil dans un coin retiré du couloir.

Clemens et ses avocats sont toujours soumis à une interdiction de commenter émise par le tribunal et ont refusé de le faire en quittant. Clemens a donné l'accolade à quelques commis, a serré la main de quelques agents de sécurité en plus de signer des autographes pour des partisans.

«Je ne dirai rien», a dit Clemens, qui semblait offusqué du nombre de journalistes sur place. Son équipe et lui se sont engouffrés dans un restaurant adjacent pour échapper à la horde.

Walton a interrompu une présentation vidéo du témoignage de Clemens devant le Congrès américain, en 2008, que la poursuite présentait en preuve. Clemens est accusé d'avoir menti au Congrès lors de son témoignange, quand il a affirmé ne jamais avoir utilisé des produits dopants durant sa carrière de 24 saisons.

L'une des principales preuves contre Clemens est le témoignage de son ex-coéquipier et ami très proche Andy Pettitte, qui dit que Clemens lui a révélé en 1999 ou 2000 qu'il a utilisé des hormones de croissance humaines. Clemens a dit que Pettitte l'a mal entendu. Pettitte affirme également qu'il a discuté avec sa femme, Laura, de sa discussion avec Clemens le même jour où celle-ci a eu lieu.

Les procureurs désiraient appeler Laura Pettitte à la barre pour appuyer les dires de son époux, mais le juge Walton s'est dit réticent à permettre ce témoignage, puisque Mme Pettitte n'a pas parlé directement à Clemens.

Walton était fâché que dans la vidéo présentée par les procureurs, un des membres du Congrès, Elijah Cummings, fasse référence à la conversation de Pettitte avec sa femme.

«Je pense qu'un étudiant de première année de droit saurait que vous ne pouvez pas donner plus de crédibilité à un témoin en présentant une preuve inadmissible», a dit le juge.

Il a ajouté qu'il s'agissait de la deuxième fois que les procureurs allaient à l'encontre de ses directives. La première est survenue pendant les déclarations d'ouverture de mercredi, quand le procureur adjoint Steven Durham a déclaré que Pettitte et deux autres coéquipiers de Clemens chez les Yankees, Chuck Knoblauch et Mike Stanton, avaient utilisé des hormones de croissance.

Walton a déclaré pendant les audiences préliminaires que de tels témoignages pourraient inciter le jury à trouver Clemens coupable par association. L'avocat de Clemens s'est objecté quand Durham a fait ce commentaire et le juge Walton a dit aux jurés de ne pas tenir compte des commentaires de Durham concernant les autres joueurs.

Il n'y a pas eu d'objection de la part des avocats de Clemens à la suite de la référence à Laura Pettitte, mais le juge a ordonné de stopper la présentaiton vidéo, a convoqué les avocats et s'est entretenu avec eux en privée pendant plusieurs minutes.

Hardin a alors fait remarquer que pendant ce temps, l'image, bien que fixée, demeurait visible aux jurés et qu'il s'y trouvait alors une transcription en bas d'écran de ce que s'y disait.

Cummings citait alors la déclaration sous serment de Laura Pettitte devant le comité. «Moi, Laura Pettitte, déclare solonnellement qu'en 199 ou 200, Andy m'a dit avoir eu une conversation avec Roger Clemens durant laquelle Roger a admis avoir utilisé des hormones de croissance humaines», pouvait-on lire à l'écran.

Le juge a éventuellement demandé aux jurés de quitter la salle pendant qu'il discutait avec les avocats.

«Les procureurs auraient dû être plus prudents», a dit Walton en haussant le ton et en faisant remarquer que cette cause avait déjà coûté très cher aux contribuables. Il a alors quitté la salle en précisant qu'il allait consulter un collègue sur la voie à suivre, qui s'est avérée de déclarer nul le procès.