Ce n'est pas en raison d'un désintérêt des amateurs ou d'un manque de soutien de la Ville que les Expos ont quitté Montréal en 2004, selon un rapport publié par le Conference Board du Canada.

Mais l'un des principaux facteurs qui a contribué au départ des Expos il y a sept ans -une inégalité économique entre les différentes équipes- fait qu'il est improbable qu'on assiste de sitôt au retour du Baseball majeur à Montréal.

«Montréal a une longue et fière tradition de baseball, a déclaré Mario Lefebvre, co-auteur avec Glen Hodgson de L'avenir du Baseball majeur au Canada. C'était la ville où Jackie Robinson a brisé la barrière du racisme dans le baseball professionnel.

«C'était la première ville en dehors des États-Unis à obtenir une équipe des ligues majeures en 1969 et la première concession canadienne à faire les séries éliminatoires en 1981.

«Mais le Baseball majeur a brisé le coeur des amateurs montréalais en 1994, lorsque la saison a été annulée alors que les Expos avaient le meilleur dossier (de la Nationale). Le baseball a peu fait pour changer son modèle d'affaires pour permettre à davantage d'équipes d'être compétitives. Sans un plus grand équilibre, la casquette tricolore des Expos restera une pièce de collection.»

Le rapport souligne que les Blue Jays de Toronto ne sont pas en danger en dépit du fait qu'ils évoluent dans la même section que deux des équipes les plus riches, les Red Sox de Boston et les Yankees de New York. Un marché solide, un propriétaire stable lié à la radiodiffusion et un stade attractif font des Blue Jays une concession viable.

La grande disparité de revenus entre les équipes et la faiblesse du dollar canadien sont considérés comme les principales raisons qui ont conduit à la vente des Expos au Baseball majeur et leur délocalisation à Washington.

Le rapport précise que Montréal a tout ce qu'il faut pour soutenir une équipe, surtout avec un dollar beaucoup plus fort ces dernières années. Ces facteur sont:

-Une concession a besoin d'une population d'au moins 2,5 millions pour soutenir une équipe et la région métropolitaine de Montréal en compte 3,8 millions.

-Alors que Montréal se classe au huitième rang parmi les centres urbains au Canada pour le revenu disponible, ses habitants ont «un appétit pour le divertissement», et assez d'argent pour assister aux matchs.

-Une présence suffisante de compagnies avec 98 sièges sociaux parmi les 800 plus grandes entreprises canadiennes.

Toutefois, le rapport ajoute que des quatre sports majeurs en Amérique du Nord, le baseball est celui où il y a le moins de parité.

«L'absence d'un plafond salarial et des différences énormes dans les revenus (y compris la fréquentation, la vente des droits de radiodiffusion, de marchandises et autres revenus) font en sorte qu'il est très difficile de gagner sur une base régulière, sauf pour les équipes riches.»

Une nouvelle équipe à Montréal ne serait pas parmi les plus riches, ce qui pourrait faire hésiter des compagnies à investir dans l'aventure. L'équipe aurait aussi probablement besoin d'un nouveau stade en raison des «nombreux problèmes du Stade olympique comme installation pour le baseball.»

Les auteurs ont précisé que les perceptions selon lesquelles les amateurs de baseball ne voulaient plus de l'équipe sont fausses.

«La génération actuelle des amateurs de sports peuvent penser de Montréal n'est pas une ville de baseball, mais Montréal a été pendant un moment une vraie ville de baseball.»