Chaque année dans le baseball majeur, des équipes profitent du premier quart de la saison pour faire mentir les observateurs qui leur prédisaient avec certitude un parcours cahoteux.

Par exemple, rares sont les experts qui voyaient les Indians de Cleveland connaître autant de succès dans la division Centrale de la Ligue américaine. Y en avait-il seulement? Menteurs... Les hommes de Manny Acta, ancien instructeur au troisième coussin chez les Expos, refusent obstinément de lâcher le morceau. Pour le moment, du moins.

Les surprenants Indians affichaient, avant les matchs d'hier, un dossier de 26 victoires contre 14 revers, confortablement installés au sommet de la division, 5 matchs devant les Tigers de Detroit.

La Tribu s'est même permis un festival offensif démesuré, lundi dernier, contre les Royals de Kansas City. Le résultat final: 19-1. «Tout fonctionnait», a simplement constaté Acta après la performance singulière des siens.

À l'opposé, d'autres formations mangent étonnamment leur pain noir. En grosses portions. Les White Sox de Chicago, du bouillant gérant Ozzie Guillen, n'impressionnent personne avec leurs échecs répétés, surtout devant les partisans du U.S. Cellular Field.

«Il faut donner un meilleur spectacle aux supporteurs des White Sox. Nous leur devons bien ça», a reconnu Guillen, conscient que les 7 gains en 19 matchs (avant les rencontres d'hier) sur leur propre terrain représentent une aberration.

Mais les déboires d'une autre équipe alimentent encore davantage les discussions des gérants d'estrade: ceux des Twins du Minnesota (15-27).

Les protégés de Ron Gardenhire se situent au dernier rang des ligues majeures pour les points marqués (127), les circuits (20), la moyenne de puissance (,312) et le taux de présence sur les sentiers (,290). Seuls les Nationals de Washington ont moins de coups sûrs (310 contre 313) et une moyenne offensive plus médiocre (,225) que celle des pauvres Twins (,226). Pas nécessairement dans les habitudes des gars du Minnesota.

Évidemment, les absences prolongées du receveur Joe Mauer, du joueur de deuxième but Tsuyoshi Nishioka et du voltigeur Delmon Young n'ont en rien aidé la cause des Twins.

Et le joueur de premier but canadien Justin Morneau, victime d'une commotion cérébrale en juillet dernier, retrouve à peine ses repères.

Au monticule, ce n'est guère plus reluisant.

Malgré leur victoire de 11-1 hier contre Oakland, les Twins montrent la deuxième parmi les plus mauvaises moyennes de points mérités (4,84) du baseball majeur.

Les Jumeaux ont même entretenu une séquence de neuf défaites consécutives, hémorragie qu'ils ont enfin stoppé mardi soir avec une victoire contre les Mariners de Seattle.

On raconte d'ailleurs que les esprits se sont récemment échauffés dans le vestiaire des Twins, six fois champions de la division Centrale au cours des neuf dernières saisons.

Le gérant Ron Gardenhire: «Les gars sont frustrés, ce qui est une bonne chose parce que ça signifie qu'ils prennent la situation au sérieux, qu'ils constatent l'urgence de la situation.»

Certes, le calendrier indique toujours que les trois quarts de la saison régulière restent au programme, mais le terme «urgence» paraît approprié dans les circonstances.

Et comme si ça n'allait pas assez mal dans l'entourage des Twins, les gens de l'organisation ainsi que les partisans de l'équipe pleurent la mort d'Harmon Killebrew, membre du Temple de la renommée qui vient de perdre son combat contre le cancer de l'oesophage.

Rien pour remonter le moral. À moins que la photo de Killebrew déposée mardi sous le marbre du Target Field se transforme en porte-bonheur pour les Twins qui, mine de rien, viennent de gagner trois fois de suite...

«Les gens ont souvent enterré rapidement les Twins dans le passé, a dit le directeur général Bill Smith. Mais nous n'avons pas encore abandonné.»