Quand Joe West enfile son uniforme d'arbitre, plus précisément celui de chef d'équipe, on jurerait qu'il se métamorphose en roi qui règne sur son royaume.

Pas un gérant, pas un instructeur, encore moins un joueur n'obtiendra gain de cause dans une argumentation avec notre homme, aussi justifiée ou constructive soit-elle.

West est le patron. Point final.

Et ceux qui entendent contester son autorité frapperont inévitablement un mur: «Cowboy Joe» prend son rôle au sérieux. Beaucoup trop, apparemment.

Un coup d'oeil au répertoire des arbitres du baseball majeur permet de constater que bien peu d'officiels possèdent l'expérience de West. Aucun, en réalité.

Ses débuts sur la grande scène du baseball datent de 1976, il compte plus de 4000 matchs derrière la cravate et de multiples apparitions au match des Étoiles, dans les séries de championnat et en Série mondiale.

Un curriculum vitae bien rempli. Mais la propension de West à constamment intégrer son «personnage» au spectacle en exaspère plusieurs. Un exemple?

Vendredi soir dernier, pendant le premier d'une série de quatre affrontements entre les Twins du Minnesota et les Red Sox de Boston au Fenway Park, West s'est assuré d'imposer sa présence... encore.

Quand le lanceur Tim Wakefield s'est compromis dans une feinte illégale en deuxième manche, le gérant bostonien Terry Francona a bondi hors de l'abri, en quête d'explications.

Au baseball, on ne peut contester la décision d'un officiel sur une feinte illégale. L'arbitre au marbre, Angel Hernandez, s'est donc chargé d'expulser Francona illico. Mais ce dernier voulait en savoir davantage, question de clarifier une situation floue.

West, arrivé de nulle part (du troisième but en fait), s'est alors transformé en justicier sans peur et sans reproche, s'interposant sans raison valable entre Francona et Hernandez pour empêcher le gérant d'approcher son interlocuteur. De l'huile sur le feu, carrément.

Pendant l'altercation, West se donnait des airs de joueur de football (ou de basketball) qui bloque un adversaire, comme si son collègue Hernandez était sans défense.

«Comme nous le savons tous, Joe West se mêle toujours des affaires des autres», a lâché un Francona frustré après la rencontre. Ces commentaires, plutôt anodins, en disent toutefois long sur la mauvaise réputation de l'homme de 58 ans dans les vestiaires du baseball majeur.

Dans un sondage réalisé auprès d'une centaine de joueurs après la Série mondiale de 2010, West s'est classé «bon» deuxième parmi les pires arbitres des grandes ligues, derrière CB Bucknor.

Denis Casavant, descripteur des matchs de baseball au Réseau des sports: «Je n'ai jamais apprécié son arrogance et comment il est souvent l'instigateur lorsqu'il y a une décision controversée. Il n'a jamais fait une erreur!»

Larry Bowa, ancien joueur, instructeur et gérant devenu analyste au MLB Network, a récemment imploré le nouveau vice-président des opérations baseball des ligues majeures, Joe Torre.

«Joe (Torre), si tu m'écoutes, tu dois faire quelque chose. Cet officiel est maintenant hors de contrôle!»

West emploie son propre relationniste, il chante du country, vend même des albums et s'affaire au design de pièces d'équipement destinées aux arbitres de baseball.

D'où cette soif de publicité?

Un message aux amateurs: la prochaine fois que vous regarderez un match du baseball majeur supervisé par West, les chances sont bonnes pour que le vétéran arbitre se fasse remarquer d'une manière ou d'une autre.

Dans la négative, on parlera d'une exception qui confirme la règle.

Des nouvelles du Temple québécois

Tout indique que le Temple de la renommée du baseball québécois quittera bientôt le monde exclusivement virtuel pour se doter d'un véritable emplacement «physique».

Baseball Québec, qui chapeaute le projet, devrait confirmer en conférence de presse au cours des prochaines semaines que le Temple s'installera dans l'enceinte du stade municipal de Québec.

L'ouverture officielle aurait lieu le 9 juillet.

Les visiteurs pourront notamment admirer les plaques des personnalités intronisées au Temple, des photos et, dans une phase ultérieure du projet, une collection d'objets.