C'était une première rencontre, et les passionnés de baseball autour de la table ne se sont pas levés en ayant choisi un terrain en particulier.

Mais au terme d'une première réunion au Mount Stephen Club, lundi, l'homme d'affaires Mark Routtenberg, le commissaire de la Ligue Can-Am Miles Wolff, l'ex-lanceur Éric Gagné, de même que Marc Griffin et des représentants de Baseball-Québec ont maintenant une meilleure idée des étapes à franchir pour ramener le baseball à Montréal.

«Je suis impliqué à 100% dans ce projet-là, a confié Éric Gagné. De toute façon, je ne fais rien d'autre, je fais juste jouer au golf en Arizona et m'occuper de mes quatre enfants!»

Le comité doit mettre sur pied un plan d'affaires et se réunir de nouveau au cours des six prochaines semaines.

«Dans le prochain mois, j'ai une liste de tâches à remplir, de téléphones à faire et de contacts que je dois rejoindre, a expliqué l'ex-vedette des Dodgers de Los Angeles. On va essayer d'impliquer le plus de monde possible.

«Mais je n'irai pas voir Russell Martin, par exemple, sans avoir quelque chose de concret à lui présenter, a précisé Gagné. Il faut qu'on ait un site et qu'on ait l'appui des gouvernements.»

Les vertus du baseball indépendant

La fédération Baseball-Québec est favorable au projet car elle perçoit la construction d'un nouveau stade comme le futur quartier général de son organisme.

Pour Miles Wolff, c'était l'occasion de vanter les mérites du baseball indépendant plutôt que du baseball affilié.

Ça tombe bien: il a un bon porte-parole en Éric Gagné!

«Dans ma tête, Québec c'était les ligues mineures, mais ce n'est pas cela du tout, a raconté l'artilleur originaire de Mascouche. Les Capitales ont créé un sentiment d'appartenance. C'est pour cette raison que je crois au baseball indépendant: on peut s'identifier à ces joueurs-là.

«Dans le baseball indépendant, que ce soit la Can-Am ou une éventuelle Ligue canadienne, les joueurs resteraient plusieurs années et ce serait des joueurs de la région.

«Les gens ne veulent pas que ce soit des portes tournantes et que les joueurs s'en aillent dès qu'ils deviennent bons. On l'a trop vu à Montréal.

«À Québec, les gars qui jouent sont là pour l'amour du baseball, et les gens y sont accrochés.»

Le rôle de Routtenberg

Alex Agostino, directeur technique à Baseball-Québec et dépisteur pour les Phillies de Philadelphie, compare l'arrivée de Gagné et de Mark Routtenberg à celle de frappeurs de puissance.

«Ils peuvent cogner à pas mal plus de portes que nous», a noté Agostino.

Routtenberg, un ancien actionnaire minoritaire des Expos aujourd'hui à la tête des vêtements Bench, est perçu au sein de ce groupe comme étant un «facilitateur» dans le milieu corporatif.

Lui-même ne saurait dire quel sera l'étendue de son apport financier, mais il sera assurément chargé de sonder l'intérêt de la communauté des affaires.

«C'est lors du retour d'anciens joueurs des Expos à Montréal, il y a quelques semaines, que je me suis ouvert les yeux, a confié M. Routtenberg. Il y a eu un gros témoignage d'amour entre les joueurs et le public. Je réalise que suffisamment de temps s'est écoulé depuis la déception d'avoir perdu les Expos.

« Des gars comme Rondell White et Cliff Floyd m'ont demandé à ce que je les tienne au courant s'il y avait des développements. Qui sait s'ils ne s'impliqueront pas à un certain moment, ne serait-ce qu'en venant enseigner?

«Une chose m'apparaît certaine, c'est qu'il y a un intérêt renouvelé pour le baseball à Montréal. C'est un beau sport, mais il faut maintenant trouver un bon emplacement pour que les jeunes puissent le pratiquer.»

Un QG pour Baseball-Québec

Le groupe de travail se donne 12 mois pour obtenir des résultats concrets. Mais pour y arriver, il devra non seulement obtenir une réponse favorable des milieux privés, mais aussi des divers paliers de gouvernements.

«On a besoin de capitaux, admet Gilles Taillon, directeur général de Baseball-Québec. On regarde tous les développements de sites multisports qui se sont construits, ils se sont tous réalisés grâce à des partenariats public-privé.»

Le gouvernement ne saurait financer la construction d'un stade de baseball destiné uniquement à une équipe indépendante de la Ligue Can-Am. Or, la vocation de sport amateur qu'apporte Baseball-Québec rend le projet plus porteur au niveau public.

«Ce futur stade n'abriterait pas seulement nos bureaux, mais aussi le lieu de tous nos programmes centralisés, explique M. Taillon. On y jouerait au baseball 12 mois par année et nous aurions la possibilité d'attirer des compétitions nationales et internationales.»

Plus de 25 000 jeunes joueurs pratiquent le baseball, entre autres par le biais des programmes de sports-études en baseball, qui ont explosé au cours des dernières années.

Et il y a bien sûr le volet compétitif. Outre l'équipe d'élite midget (les Ailes du Québec), le nouveau QG pourrait très bien accueillir l'Académie de Baseball du Canada qui, sans être menacée de quitter Montréal, bénéficierait volontiers d'installations moins vétustes que celles avec lesquelles elle doit se débrouiller au Centre Claude-Robillard.

Reste à trouver un emplacement pour ce futur stade. C'est la prochaine étape... et peut-être la plus difficile à réaliser.