«Aimez le baseball, et le baseball vous le rendra bien.» Cette phrase, Andre Dawson l'a prononcée pendant son discours d'intronisation au Temple de la renommée, dimanche à Cooperstown, dans l'État de New York.

Et cinq fois plutôt qu'une.

C'est un message rempli d'optimisme qu'a choisi de lancer Dawson, 56 ans, pendant qu'il profitait de l'extraordinaire tribune que lui offrait la scène du Clark Sports Center, bondée de légendes.

Comme l'exige la tradition, des membres du Temple, bien installés sur la scène - ils étaient 47 dimanche -, ont entendu le plaidoyer de Dawson, passage obligé pour la «recrue» avant de devenir définitivement un immortel du baseball.

«Enfant, tout ce que je voulais, c'était imiter Hank Aaron et Willie Mays, et aujourd'hui, je peux leur serrer la pince en tant que membre de la confrérie. C'est un honneur indescriptible», a d'abord indiqué Dawson.

La philosophie du «Hawk»? Tout demeure possible pour quiconque, pourvu que l'on adopte une attitude positive et des comportements responsables.

Dawson s'est notamment adressé aux jeunes en évoquant son expérience personnelle.

«Vers l'âge de 8 ans, comme plusieurs de mes copains, j'utilisais un vieux manche de balai comme bâton, et des roches en guise de balles, mais je savais que j'étais né pour jouer au baseball.

«L'espoir existe. Mais vous ne pouvez accomplir de grandes choses en négligeant vos études ou en manquant de respect envers les professeurs, les entraîneurs, les parents.»

Des milliers de mordus de baseball avaient convergé vers Cooperstown pour entendre le héros du jour, Dawson, mais aussi le journaliste Bill Madden, le descripteur Jon Miller, le gérant Dorrel «Whitey» Herzog et l'arbitre Doug Harvey, affaibli par la maladie.

«Je suis surpris qu'on laisse ce gérant et cet arbitre s'asseoir si près l'un de l'autre !» a blagué Dawson en félicitant ses deux comparses.

Les supporteurs des Cardinals de St. Louis venus célébrer la consécration de Herzog s'étaient déplacés en grand nombre, comme ceux des Cubs de Chicago, équipe qui a redonné au principal intéressé le goût du baseball.

Ces derniers ont d'ailleurs reçu les plus belles fleurs de la part de Dawson, qui parlait visiblement avec son coeur. «Avant d'arriver à Chicago, je n'avais jamais connu le sentiment d'être aimé par une ville tout entière.

«En 1987, je croyais abandonner le baseball ou m'expatrier au Japon. Mais je savais qu'il existait sûrement un endroit où je pourrais retrouver le plaisir de jouer. Cet endroit, c'était le Wrigley Field.

«Les partisans des Cubs ont représenté le vent sous les ailes du Hawk», a-t-il poétiquement imagé, en pleine possession de ses moyens.

C'est cependant quand est venu le temps de remercier sa mère Amanda Brown, morte depuis quatre ans, que l'émotion s'est emparée du solide gaillard.

«Elle rêvait de ce moment, a confié Dawson. Elle m'avait promis que ce jour arriverait. Et ma mère respectait toujours ses promesses.»

«Let's go Expos!»

Des mots sur l'organisation des Expos, les joueurs et leurs partisans ?

«Je remercie les gens des Expos de m'avoir accordé une première chance. Vous m'avez donné les 10 premières saisons de ma carrière dans le baseball majeur, et l'occasion d'apprivoiser une nouvelle culture.

«Je vous remercie également, partisans des Expos, pour votre gentillesse et votre admiration», a dit Dawson.

Il a souligné le travail acharné du personnel médical qui a soigné ses nombreuses et récurrentes blessures aux genoux, dont l'entraîneur physique Ron McLean et le docteur Larry Cardinal, des Expos.

Dawson n'a évidemment pas manqué de saluer ses anciens coéquipiers Gary Carter, intronisé au Temple en 2003 et confortablement assis derrière lui, ainsi qu'Ellis Valentine, Warren Cromartie et Tim Raines.

Cromartie (coiffé de la casquette tricolore des Expos) et Raines, présents pour la cérémonie, occupaient une place de choix au parterre, et quand leur visage est apparu sur l'écran géant qui bordait la scène, quelques dizaines de disciples de l'équipe montréalaise ont scandé «Let's go Expos !» en choeur.

Quelques flèches

Dawson avait également un sac de flèches destinées aux «tricheurs» de l'ère des stéroïdes, ce qui lui a valu les applaudissements nourris de l'audience.

«Je déteste qu'on s'en prenne au baseball. C'est toujours un magnifique sport, malgré les erreurs commises par certains individus.

«Des personnes ont choisi d'emprunter la mauvaise voie, et leurs gestes ont eu des répercussions néfastes sur le baseball. Mais d'autres peuvent toutefois décider de laisser un héritage différent.»

Dawson, qui a porté l'uniforme des Expos de Montréal, des Cubs de Chicago, des Red Sox de Boston et des Marlins de la Floride de 1976 à 1996, est le 203e joueur intronisé au Temple de la renommée du baseball.

Il partage avec Barry Bonds et Willie Mays le privilège d'avoir réussi au moins 400 circuits (438) et 300 buts volés (314) dans les grandes ligues.

On pourra dorénavant prononcer le nom de Dawson dans la même phrase que ceux de Bench, Aaron, Gibson, Jackson, Seaver et compagnie.

«Je n'oublierai jamais cette journée et les gens qui l'ont rendue possible, a conclu Dawson. Je n'oublierai jamais que si vous aimez ce sport, il vous le rendra bien...»

Pour lire le texte intégral du discours d'Andre Dawson : baseballhall.org

Photo: AP