A quelle position évoluait Coco Laboy? Qui a succédé à Gene Mauch? Gerry Pirtle était-il un lanceur droitier ou gaucher?

La réponse à ces questions se trouve dans le premier tome d'un livre de référence désormais indispensable pour les amateurs de baseball, Il était une fois les Expos, un ouvrage de 648 pages que vient de publier le commentateur Jacques Doucet en collaboration avec le scénariste Marc Robitaille aux Editions Hurtubise.

Doucet, un témoin privilégié de l'histoire des Expos, et Robitaille, un passionné de baseball, ont effectué un véritable travail de moine pour réaliser ce premier tome, qui couvre les années 1969 à 1984.

«C'est l'histoire des Expos à travers ce que j'ai vécu et les recherches de Marc», dit Doucet, qui a suivi les Expos pendant toute son histoire et a fait la description des matchs à la radio sur une base quotidienne de 1972 à 2004.

«J'ai aussi fait des entrevues - avec Jim Fanning, Steve Rogers, Roger D. Landry, entre autres - pour vérifier si ma perception était la bonne et n'avait pas été faussée.»

Il aura fallu trois ans de travail pour que Doucet, la voix des Expos, devienne la mémoire des Expos en publiant ce premier tome. Le deuxième tome couvrira les années 1985 à 2004. On envisage aussi la publication d'un troisième tome dans lequel il racontera, notamment, des anecdotes.

Ce projet ambitieux s'est amorcé en 2006 après que l'éditeur littéraire André Gagnon, un amateur de baseball, eut insisté auprès de Doucet, lui disant: «S'il y a une personne qui peut écrire l'histoire des Expos, c'est vous.»

En fait, Doucet ne croyait pas qu'il avait la plume pour écrire un livre sur l'histoire des Expos.

«Dès le dernier match, je ne sais pas combien de personnes m'ont dit: «Tu vas écrire un livre'. Je leur disais non. Je ne suis pas un écrivain. Je suis capable d'écrire un article, un commentaire, un éditorial, mais un livre, ce n'est pas mon domaine.»

Ce premier tome sur les Expos, soutient Doucet, permet de combler un vide. A l'exception du sympathique Youppi, la mascotte de l'équipe, et d'une bannière au Centre Bell, il y a peu de traces du passage des Expos à Montréal.

«Les Expos ont été présents ici pendant 36 ans. Il est impensable qu'ils puissent sombrer dans l'oubli.»

Maintenant âgé de 69 ans, Doucet vient de compléter sa quatrième saison à la description des matchs des Capitales de Québec. Il était journaliste à La Presse en 1969 quand il a fait ses premiers pas derrière le micro. Au début, il remplaçait l'analyste Jean-Pierre Roy, une fois par semaine, à la description des matchs de «Nos Amours» aux côtés de Jean-Paul Sarault.

Une insulte

A l'issue du dernier match de l'histoire des Expos, Doucet n'est pas descendu dans le vestiaire, à New York. Il n'avait pas apprécié la décision du gérant Frank Robinson, qui avait donné congé à ses meilleurs joueurs alors qu'il s'agissait du dernier match de la concession avant le transfert à Washington.

«C'est une des rares fois où j'ai critiqué un gérant, explique-t-il. J'avais dit en ondes que la façon dont il avait dirigé son équipe était une insulte à l'intelligence.»

Doucet rappelle que le match parfait de Dennis Martinez, contre les Dodgers à Los Angeles en 1992, a été le plus haut fait d'armes dans l'histoire des Expos.

«Ce fut un privilège de décrire ce match-là ainsi que le match parfait de David Cone - contre les Expos au Yankee Stadium en 1999. Il y a aussi eu le match parfait de Pedro Martinez qui n'a pas été reconnu - contre les Padres, à San Diego. Il avait donné un coup sûr en 10e manche.»

Les meilleurs

Qui a été le meilleur joueur de l'histoire des Expos?

«Le gars qui a été avec les Expos assez longtemps, c'est Gary Carter, estime Doucet. Si on avait pu garder Vladimir Guerrero pendant 10-15 ans, il aurait été mon choix.»

Le meilleur lanceur?

«Steve Rogers a été le meilleur lanceur produit par les Expos. Pedro Martinez a mérité un Cy Young avec les Expos (en 1997). Dennis Martinez a remporté 100 victoires et réalisé un match parfait.

«On a été choyé d'avoir eu une pléiade de grands joueurs. Lors du match des étoiles présenté à Montréal en 1982, par exemple, il y avait six membres des Expos dans l'équipe de la Ligue nationale. Rogers, Carter, Andre Dawson, Tim Raines, Al Oliver et le gérant Jim Fanning.»

Le meilleur gérant?

«C'est très difficile. Possiblement Dick Williams (il avait un caractère exécrable) avec Felipe Alou et Gene Mauch comme adjoints. Si on devait donner un cours pour enseigner comment gérer un match, Mauch serait le professeur.»

Mauch a été le premier gérant des Expos et Williams a pris la barre de l'équipe en 1977.

«Je ne me souviens pas que Williams se soit fait damer le pion par le gérant adverse. Williams et Mauch géraient pour gagner à tout prix. Mais Felipe Alou était un bon professeur en plus de bien gérer son équipe. Ca ne le dérangeait pas d'enseigner à des joueurs de AA.»