Alors que s'achève le premier quart de la saison dans le baseball majeur, le temps est venu de dresser un premier bilan. Des surprises, des déceptions, le début de 2009 a été fertile en émotions dans les deux ligues.

Avant le début de la saison, les Blue Jays de Toronto suscitaient à peu près autant d'intérêt dans la division Est de la Ligue américaine qu'un champ de luzerne. Il y avait les Red Sox de Boston et leurs récents triomphes en Série mondiale, les prometteurs Rays de Tampa Bay, les Yankees de New York et leur carnet de chèques, mais les Blue Jays? Bâillement, bof, passons.

 

Cito Gaston et son club nous avaient pourtant servi un avertissement en compilant discrètement une fiche de 51-37 après le congédiement de John Gibbons la saison dernière. Les Blue Jays ont maintenant un dossier de 78-54 depuis que Gaston est revenu à leur tête. Gaston avait terminé son premier séjour à Toronto (1989 à 1997) avec une fiche de 683-636 et deux championnats de la Série mondiale, en 1992 et 1993.

Les Jays ont cependant connu leurs premiers véritables ennuis de la saison cette semaine, balayés par les Red Sox au Fenway Park. Ils connaissent tout de même un début de saison qui excède les attentes. Avant leur match d'hier soir à Atlanta, les Jays avaient la meilleure fiche (27-17) et le meilleur dossier aux points ("50) de l'Américaine. Gaston est le grand responsable de ce succès, mais il y a d'autres acteurs d'importance.

Grâce en grande partie au brio de Roy Halladay, les Jays possédaient la deuxième moyenne de points mérités de la ligue (3,94) avant les matchs d'hier. Le rendement des jeunes partants Ricky Romero, Brett Cecil et Robert Ray leur a permis d'être assez performants au monticule dans l'ensemble, en dépit du départ d'A.J. Burnett et des blessures qu'ont subies Shawn Marcum et de Jesse Litsch.

Et c'est encore mieux au bâton. Propulsés par deux joueurs peu connus du grand public - Aaron Hill et Adam Lind -, les Jays montrent la meilleure attaque de l'Américaine avec 239 points. Les statistiques de Hill parlent d'elles-mêmes: ,351, 11 circuits, 35 points produits, alors que Lind connaît sa meilleure saison avec une moyenne de ,303, sept circuits et 35 points produits, des statistiques plus qu'acceptables pour un joueur qui n'a jamais disputé 90 matchs au cours d'une même saison dans les majeures.

Imaginez où seraient les Jays si Vernon Wells jouait à la hauteur du salaire qu'il touche? Le voltigeur a signé un contrat de 126 millions pour sept ans en décembre 2006, qui lui permettait de devenir l'un des joueurs les mieux payés du baseball. Malheureusement pour le directeur général J.P. Ricciardi et son équipe, Wells n'offre pas le rendement d'un joueur avec un salaire annuel de 18 millions: ,268, cinq circuits et 21 points produits.

Les Blue Jays resteront-ils dans le coup dans la puissante division Est?

Les Red Sox ne se retrouvaient plus qu'à un demi-match d'eux, hier ; les Rays avaient gagné six de leurs neuf derniers matchs, et les Yankees, leurs neuf derniers - ce qui est assez inquiétant pour le reste des ligues majeures lorsqu'on sait qu'ils ne commencent habituellement qu'à peser sur l'accélérateur vers la mi-juillet. Alors rien n'est moins sûr pour nos amis torontois. Mais leurs chances d'être engagés dans la course aux séries jusqu'à la toute fin semblent supérieures à celles des 15 dernières années.

Les Royals et les Rangers aussi

D'autres équipes étonnent dans la Ligue américaine. C'est le cas des Royals de Kansas City (21-20) et des Rangers du Texas (23-17), respectivement deuxièmes de la division Centrale et premiers de la division Ouest.

Les Royals offrent enfin un peu d'espoir à des partisans qui n'ont eu qu'une seule saison victorieuse à se mettre sous la dent depuis 1995. Cela étant dit, la compétition pourrait être aussi féroce dans la division Centrale que dans l'Est, même si elle est moins forte. Après une année de misère, les Tigers de Detroit semblent avoir retrouvé leur rythme, les Twins du Minnesota demeurent une menace en raison du duo Justin Morneau-Joe Mauer, et toujours aussi actif, le DG Ken Williams cherche des solutions à Chicago afin de relancer ses White Sox.

Au Texas, les Rangers semblent enfin avoir trouvé un peu d'équilibre. Assemblés autour de frappeurs de puissance depuis toujours, les lanceurs et l'attaque des Rangers se retrouvent tous les deux au milieu du peloton de l'Américaine.

Les chances des Rangers de se maintenir au sommet de la division seront nettement meilleures si Josh Hamilton retrouve la santé. Après son improbable retour de 2008, Hamilton a déjà subi trois blessures cette saison et montre des statistiques modestes: ,239, cinq circuits et 19 points produits. Heureusement pour les Rangers, Ian Kinsler, Michael Young, Nelson Cruz, Hank Blalock et Chris Davis ont tous au moins sept circuits à leur actif.

Les Rangers cherchent à détrôner les Angels de Los Angeles, qui ont remporté le championnat de l'Ouest à quatre reprises au cours des cinq dernières saisons. Les Angels ont vécu une tragédie dès l'amorce de la saison lorsque le jeune lanceur Nick Adenhart a perdu la vie dans un accident de la route, quelques heures après avoir connu le meilleur départ de sa brève carrière dans le baseball majeur.

La formation de Mike Scioscia a également été éprouvée par les blessures, mais les partants John Lackey et Ervin Santana sont de retour et Vladimir Guerrero devrait l'être d'ici environ une semaine.