Le déménagement des Expos à Washington en 2004 a été vivement ressenti à Montréal. Mais à Québec, l'impact sur le baseball amateur a été atténué, notamment, par la présence des Capitales, une équipe indépendante de la Ligue Can-Am, qui évolue au Stade municipal depuis 1999.

L'an dernier dans la région de Québec, il y a eu une augmentation de 400 inscriptions et près de 1000 jeunes ont pris part aux écoles de baseball, ce qui démontre que le baseball se maintient en bonne santé dans la Vieille Capitale.

«A Québec, il n'y a pas eu l'impact que nous avons connu dans la grande région métropolitaine, note Gilles Taillon, le directeur administratif de Baseball Québec. C'est peut-être attribuable à l'éloignement et peut-être aussi parce que les clubs juniors prenaient beaucoup de place dans les journaux à Québec.

«L'implication sociale des Capitales avec le baseball amateur, ajoute-t-il, a aussi empêché l'hémorragie à Québec. Le fait que des francophones jouent avec les Capitales permet aux jeunes de s'identifier plus facilement aux joueurs.

«De plus, les équipes qui évoluent dans le baseball indépendant doivent être plus près de leur communauté pour avoir de la clientèle.»

Il y a quatre ans, les Capitales, dont le gérant est Michel Laplante, un ancien lanceur des ligues majeures, ont aussi consolidé leur marché en confiant la description de leurs matchs à Jacques Doucet, qui a été la voix des Expos pendant plus de 30 ans.

Il est clair que la présence d'une équipe professionnelle à Montréal aiderait à populariser le baseball auprès des jeunes. Mais curieusement, par ailleurs, il y a peu de joueurs issus des communautés culturelles à Montréal alors qu'il s'agit pourtant d'un sport populaire en Amérique latine.

«Un de nos défis, précise Taillon, est de réaliser un vidéo en espagnol. Il faut aussi avoir des rencontres dans le milieu hispanique pour ouvrir des portes. C'est un défi de société.»

Dans la peau des enfants

Baseball Québec a déjà démontré qu'il ne craint pas d'innover. Après tout, iI connaît du succès avec ses nouveaux programmes Baseball en action et Rallye Cap visant à initier les plus jeunes à la pratique du baseball, et il s'est aussi démocratisé davantage en faisant une place aux filles sur les losanges.

«Notre sport est appelé à changer, dit Robert Brousseau, le directeur des opérations baseball à Baseball Québec. On se fait battre par d'autres sports parce qu'il est trop compliqué. Il faut adapter notre sport, faire en sorte que tout le monde bouge sur le terrain.

«En fait, il faut se mettre dans la peau des enfants, se demander ce qu'on peut changer pour faire plaisir aux enfants», signale-t-il, notant, par exemple, que l'élimination du retrait sur trois prises et même du lanceur chez les atomes sont des pistes intéressantes.

Le recours au lance-balles pourrait aussi mettre plus de vie sur le terrain. Souvent, les lanceurs n'ont pas un bon contrôle et trop de buts sur balles peuvent avoir l'effet d'un bon somnifère sur les joueurs en défensive.

«C'est un long processus d'amener les gens à faire des changements», admet toutefois Brousseau, selon lequel l'analyse du membership démontre qu'il y a présentement une augmentation indéniable auprès des plus jeunes ainsi que dans les «catégories les plus hautes».

Là où il faut redoubler d'efforts, c'est «entre les deux - les atomes, les moustiques, les pee-wee.»

Qu'à cela ne tienne, Baseball Québec a également accéléré la progression du programme Sports-Etudes et continué d'assurer, malgré la perte de la contribution monétaire des Expos, le financement de l'Académie de baseball du Canada - un programme de développement de l'élite grâce auquel 35 joueurs et trois entraîneurs prennent part à une quarantaine de matchs contre des équipes professionnelles et collégiales.

D'ailleurs, la ligue de baseball élite se porte très bien et il ne fait aucun doute que les succès des joueurs québécois dans les rangs professionnels ont un effet d'entraînement bénéfique.

L'an passé, il y avait 19 joueurs québécois dans les rangs professionnels - huit lanceurs et 11 joueurs de position. Mais ils ont tous grandi au moment où le baseball avait beaucoup de visibilité dans les médias du Québec en raison de la présence des Expos.

«C'est devenu difficile d'avoir de la couverture médiatique depuis le départ des Expos, avoue Brousseau. A l'époque, le baseball était beaucoup plus présent dans les médias. Peu de matchs de baseball sont présentés à la télévision. On n'est pas sur la «mappe» alors que la communication est importante.

«Il faut maintenant générer des choses à l'interne et avec les associations de baseball locales.»